Une fin d’année au théâtre

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La Manufacture termine l’année 2017 en beauté avec deux classiques du théâtre : Richard III de William Shakespeare et Les Bacchantes d’après Euripide.

Richard III Loyauté Me Lie

Shakespeare / Jean Lambert-Wild

Du 12 au 14 décembre

Le pyjama est l’emblème de son personnage. Jean Lambert-Wild l’enfile comme un costume de base et devient ce rêveur qui rêve son théâtre, onirique et poétique. Il plonge dans ce Richard III de Shakespeare comme on plonge dans le sommeil, profondément, pour en débusquer les paysages enfouis, les correspondances inédites, l’étrangeté des cohérences, les stridences terribles. Richard, duc de Gloucester, est prêt à tout pour devenir roi à la place de son frère, le roi Edouard IV. Machiavélique et monstrueux, infanticide, il y parvient dans le crime par aucun scrupule. Dans un esprit forain, un castelet vert et rouge encadre la tragédie du « vilain » magnifique, celui qu’on aime haïr, qui tue et qui séduit. Pour le roi boiteux, le cynisme est un art et le double discours une habitude. La soif du pouvoir justifie tout et sa volonté destructrice aboutit finalement à sa propre destruction. Comme un ange aux multiples métamorphoses, l’actrice Élodie Bordas est l’unique partenaire du roi maudit et maléfique. Les autres sont des spectres qui hantent le sommeil du roi, fascinants, grotesques ou inquiétants. Raffinement exquis, bricolage sophistiqué, archaïsme et technologie de pointe, tout concours à l’enchantement dans ce spectacle singulier qui nous conduit à l’essence d’une œuvre. Surprenant et juste.

Les Bacchantes

D’après Euripide / Sara Llorca

du 18 au 21 décembre

Le dieu Dionysos (Bacchus dans la mythologie romaine), déguisé en homme aux cheveux longs, enlève, drogue et mystifie les femmes de la cité car le roi Penthée n’honore pas son culte comme il le devrait. S’ensuivent orgie, délires et violence déchaînée. Effroi et stupeur au réveil. Que s’est-il passé ? Pourquoi un tel chaos ? Sara Llorca parle des Bacchantes, créée en 405 avant J. C., dans un rapport de « lointaine proximité », et en compagnie de sa bande, aborde le mystère de ce texte ancien qui ne manque pas d’échos. Une foi qui rend aveugle et qui déchaîne la violence, une folle illusion qui rend criminel, le fanatisme et les pouvoirs de la terreur, la religion comme conformisme social, rien dans ces thèmes qui nous soit étranger. Dans la tradition de la tragédie grecque, la scène est un « lieu du débat, de la parole et de la pensée ». Anne Alvaro, actrice à la voix incomparable, est du voyage et joue le dieu terrible. Le tout nous embarque loin. Au passé. Au présent. Et en nous-même.

Sara Llorca, artiste associée de la Manufacture cette saison proposera, dans le cadre de sa carte blanche, un concert New Groove/Transe avec Martin Wangermée et Benoît Lugué le jeudi 21 décembre, à l’issue de sa représentation.

Renseignements et réservations : 03 83 37 42 42 ou theatre-manufacture.fr

Photos © Tristan Jeanne-Valès, Adrien Berthet, DR