Tribute to Lhasa

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Alexandra Prat © JYM jym-factory.com
Alexandra Prat © JYM jym-factory.com

Si vous pensez être hanté par le fantôme de la chanteuse Lhasa De Sela, ne paniquez pas… Vous avez simplement dû assister à un concert du groupe lorrain Arita. Depuis un an, ce dernier fait le tour des scènes régionales à commencer par le défunt Totem, en passant par une première partie de « Plaza Francia »1 au Nancy Jazz Pulsation 2014. Arita a même conquis les publics parisiens, belges et suisses. Un album live, enregistré à l’Autre Canal le 9 avril dernier, vient immortaliser cette année pleine d’émotions.

« La route est noire, à perte de vue. Je fais trois pas, la route n’est plus »2. Depuis 2009, la route que Lhasa De Sela avait tracée dans sa chanson a disparu en même temps que l’artiste, emportée par un cancer du sein. Sa voix chaude, légèrement brisée ; ses textes intimistes et universels ; sa musique, teintée de blues, de folk et de jazz… La chanteuse a laissé une marque profonde dans le paysage musical. Le chemin s’est dissipé mais une autre voie se dessine et prolonge son travail. En hommage à Lhasa, le groupe Arita promène ses chansons de scène en scène depuis un an. L’aventure a démarré grâce à Alexandra Prat, la voix de ce quatuor lorrain. « Je l’ai d’abord fait découvrir aux trois autres. Grégoire, le batteur, connaissait déjà un peu, étrangement par l’intermédiaire d’un groupe métal », se remémore-t-elle.

Arita en live - Crédits Barouf Mezzoto

Chacun sa route

Pour autant, il n’était pas question que l’hommage tourne au « copié-collé ». Avec un son pop mêlé de rock (et inversement), Arita s’est promené sur les rives musicales de Lhasa mais a gardé son identité. « Tous les quatre, on aime beaucoup des artistes comme PJ Harvey ou The Chills. Par notre formation, on est aussi attiré par le jazz. Ça ouvre à d’autres styles » se concertent Alexandra et Bernard Brand, à la fois bassiste, percussionniste et claviériste. Pourtant, se mettre dans les bottes de la chanteuse décédée n’était pas évident. « Au début, on avait très peur de la réaction de ses fans. Et puis dès les premiers concerts, ils ont constaté qu’on ne lui volait rien. Au moment de monter le projet, on a appris que trois de ses sœurs vivent en France. Elles font des spectacles de rue et sont très accessibles.  On les appelées, ainsi que son éditeur au Québec et son label à Paris [N. d. A. : Tôt ou Tard]. Tous l’ont très bien reçu. En ayant aussi eu des contacts avec des artistes proches de Lhasa, comme Arthur H, on a été frappés de voir combien ils l’aimaient, combien elle a touché les gens », continuent-ils.

Crédits JYM  jym-factory.com

Émotions partagées

Le 9 avril dernier, le projet d’hommage voit sa consécration avec un live enregistré à l’Autre Canal. Mais quelles chansons retenir parmi le riche répertoire de l’interprète? Pour le choix de la playlist, les musiciens d’Arita ont laissé parler leurs oreilles et leur cœur : « On a réécouté les trois albums, « La Llorona », « The Living Road » et « Lhasa ». On est resté sur nos premières sensations à l’écoute et sur les émotions ressenties. Pour certaines, on s’est imaginé ce qu’on pouvait en faire : transformer par exemple des morceaux plus lents pour les mettre à notre sauce ». En parallèle, le groupe continue ses projets personnels et a déjà commencé à composer quelques chansons qu’il joue déjà sur scène. En attendant la sortie du CD live, Arita continue à emprunter la route de Lhasa De Sela. « La route chante, quand je m’en vais. Je fais trois pas, la route se tait »3. 

1 Collaboration de Catherine Ringer avec « Gotan Project ». 2 et 3 Extrait de la chanson la « Marée Haute » écrite par Lhasa De Sela et issue de l’album « The Living Road » (Label Tôt ou Tard, 2003).

Arita en live - Crédits Barouf Mezzoto (2)