La place Stanislas s’est une nouvelle fois transformée en un jardin éphémère extraordinaire. Cette 17e édition porte le thème de « Terre ou Désert ? ».
Vendredi 11 septembre. Une foule se presse pour découvrir la 17e édition du jardin éphémère. Il est l’heure de l’inauguration et tout est au cordeau. Les 138 pots en terre cuite ont été disposés, les 688 m2 de gazon ont été déroulés et les quelque 130 spots trônent fièrement sur la place.
En prenant de la hauteur, on aperçoit un jardin en forme d’œil. « Stanislas, au centre, est la pupille. Il pointe du doigt la France mais aussi le monde et veille à faire passer un message : il faut protéger notre planète » explique Pierre Didierjean, directeur des Parcs et Jardins de la ville de Nancy. Mais au-delà d’un œil, on y voit aussi une boussole : « Il y a plusieurs interprétations, l’œil, la terre, et cette boussole qui nous aide, nous navigateurs, à se repérer. »
« Terre ou Désert ? » : voici la question centrale de ce nouveau jardin éphémère. L’homme va-t-il protéger sa terre nourricière en protégeant sa fertilité ou, dans le pire des cas, accélérer l’appauvrissement des sols jusqu’à faire grandir la désertification ? « C’est l’une des conséquences du réchauffement climatique dont on ne parle pas souvent » intervient Stéphane Harter, bras droit de Pierre Didierjean. « La désertification se développe énormément en Asie. C’est le même phénomène en Europe avec l’appauvrissement des terres agricoles. »
17 000 végétaux repiqués
1er septembre. Le montage du jardin éphémère a commencé. Ce chantier colossal rassemble une cinquantaine de personnes la première semaine, jusqu’à 120 dans les derniers jours. « Il y a bien sûr les jardiniers des parcs et jardins de la ville mais aussi les jeunes des chantiers d’insertion, des étudiants de l’école de Roville-aux-Chênes, des stagiaires… Nous avons aussi été aidés par des jeunes de l’institut des sourds de Jarville » souligne Pierre Didierjean. En tout, 17 000 végétaux ont été repiqués dans les serres : « Pendant le confinement, personne n’a baissé les bras. Mes équipes ont été d’une dévotion totale, je les en remercie. »
Les matériaux et végétaux utilisés sont issus de la récupération des années précédentes. Ils seront ré-exploités par la suite, soit dans les massifs fleuris ou dans les parcs de Nancy, soit conservés aux serres municipales, soit valorisés en engrais verts. Concernant les structures décoratives, elles seront réutilisées pour d’autres événements ou déplacées dans les jardins : « Les oyas que vous voyez ici, ces pots en argile qui diffusent l’eau très lentement, seront transférés au jardin Alexandre Godron. » Au jardin éphémère, rien ne se perd, tout se transforme.
50e anniversaire du « Jour de la Terre »
9 septembre. J-2 avant l’ouverture. Les 16 scènes végétales sont remarquables. Ici, on observe une « forêt jardin » où tout se mange : thym, piment, ciboulette, figuier, raisin… Là, le cercle chromatique passe des tons froids aux tons chauds, des plantes du sud aux plantes du nord. Au centre, la rose des vents est composée de carex bronze et d’heuchère caramel. « Le pavillon d’accueil, cette structure en métal de 6 mètres de haut a été construite par les étudiants de l’UIMM Lorraine. En tout, sur ce jardin éphémère, nous avons 28 partenaires, sans qui, rien ne serait possible. »
« Terre ou Désert ? » célèbre en fait le 50e anniversaire du « Jour de la Terre ». Cet événement, très développé en Amérique du Nord, est peu connu en Europe. Qu’importe, il se fête chaque année le 22 avril. Et pour l’occasion, l’association « Jour de la Terre » et la ville de Nancy ont demandé la création d’une Clématite de Nancy aux pépinières Travers (voir encadré). Autre nouveauté : deux expositions se glisseront à l’intérieur du jardin. D’une part, les photographies du photoreporter d’origine malaisienne Ian Teh, sur l’avancement du désert en Chine et de l’autre, le travail du Meusien Samuel Mussolin, artiste numérique : « À partir d’un matériau naturel, il en fait un travail ésotérique. Car c’est aussi ça le rôle du jardin éphémère : éveiller les consciences mais également les enchanter. »
Jusqu’au 1er novembre, un programme de visites guidées et de conférence (en lien avec les partenaires) est proposé au public. Les visiteurs pourront prendre de la hauteur, sur le balcon de l’Hôtel de ville, le 27 septembre, les 4, 11, 18 et 25 octobre et 1er novembre, de 14h à 18h. Pauline Overney
Jardin éphémère place Stanislas jusqu’au 1er novembre – Visite libre tous les jours de 8h à 22h – Renseignements et programmation : 03 83 36 59 04 ou nancy.fr
3 questions à Arnaud Travers
Gérant des pépinières Travers et obtenteur de la « Clématite Nancy, Jour de la Terre »
Comment avez-vous réagi à la demande la ville de Nancy pour créer cette nouvelle fleur ?
Il faut savoir que pour créer une nouvelle plante, il faut minimum 10 ans. Entre le moment où l’on hybride les fleurs entre elles, que l’on obtient des graines, qu’on les sème, qu’on obtient des centaines de plantes, qu’on les observe, qu’on les sélectionne… ça prend du temps ! Quand l’association « Jour de la Terre » et la ville de Nancy sont venues me voir en me disant : « Dans deux ans, nous voulons une obtention à notre image »… j’ai un peu stressé ! (rires). Mais j’étais vraiment honoré. Je me devais de faire ce qu’il fallait pour réussir.
Qu’avez-vous mis en œuvre pour réussir le pari en deux ans ?
Heureusement, nous avons toujours des plantes en cours d’étude et j’avais une variété en tête pour la ville de Nancy. Car l’objectif était de trouver une « plante urbaine ». La Clématite Nancy est plus compacte, elle ne pousse qu’à 1m80. La floraison est toujours à hauteur des yeux. Elle est adaptée aux petits jardins, aux petits environnements, à l’ambiance urbaine. Et sa couleur rouge framboise brillant… Ça donne une touche de gaieté dans la ville !
Que pensez-vous de ce nouveau jardin éphémère ?
Je connais le jardin éphémère depuis des années. Mais je suis vraiment le travail de Pierre Didierjean et de ses équipes depuis deux ans. Pour moi, c’est un truc de fou ! C’est une préparation d’une année. Aujourd’hui, nous sommes à l’inauguration mais l’équipe est déjà en train de travailler pour l’année prochaine. Une multitude de plantes sont repiquées dans les serres de la ville, c’est un très beau résultat et un superbe travail. Chapeau les artistes !
Propos recueillis par Pauline Overney
Pour acheter la Clématite de Nancy, rendez-vous chez Décor Jardin à Champenoux ou sur internet : jourdelaterre.org – clematite.net. Les pépinières Travers s’engagent à reverser un euro à l’association « Jour de la Terre » lors de chaque vente.