Pour l’amour du 8e art !

580

À Metz, le collectif Bout d’Essais organise la première édition de son festival Photographie Mon Amour. Du 19 avril au 19 mai, professionnels et amateurs sont invités à se rencontrer.

Le célèbre Raymond Depardon disait : « Il faut aimer la solitude pour être photographe. » Sandrine Creusot, l’une des fondatrices de Bout d’Essais le rejoint. « Mais c’est justement parce que c’est un métier solitaire que nous avons créé ce festival. Pour provoquer des rencontres dans un événement ouvert à tous. » Car le but, pour le collectif, est de montrer que tout le monde peut faire de la photo. Il y a d’un côté les professionnels, des jeunes talents aux photographes aguerris, mais aussi les amateurs qui, timidement, dévoilent quelques-uns de leurs clichés sur un site internet ou Instagram. Alors, adeptes ou juste curieux, artistes en devenir ou déjà reconnus : tous sont conviés à s’approprier ce médium artistique pendant ces quelques semaines réservées au 8e art. La particularité de Photographie Mon Amour réside dans sa programmation. Dense et éclectique, chacun y trouvera son compte entre expositions, workshops, conférences et autres ateliers. Une brocante d’appareils photos (seconde main et de collection) devrait même séduire les visiteurs en quête d’un nouveau compagnon de route.

« Musicophotographie »

Il y a la Biennale de l’Image à Nancy, Rendez-vous image à Strasbourg, le Festival International de la Photographie Animalière et de Nature à Montier-en-Der. Aujourd’hui, Photographie Mon Amour a pour ambition de laisser son empreinte à Metz en devenant, aussi, une biennale reconnue. Délibérément, les organisateurs n’imposent pas de thème particulier. Chacun laisse libre cours à son imagination. « Éclectisme » en sera donc sûrement le maître-mot. Parmi l’un des temps fort du festival – dont le point d’orgue se déroulera à Bliiida le week-end des 4 et 5 mai – « Musicophotographie » donne une belle visibilité aux jeunes talents : « Nous voulions donner la chance à ces graines d’artistes de présenter leurs photos à un large public ainsi qu’à un jury composé de professionnels reconnus » explique Sandrine Creusot. Lors de ce diapo-concerts, 81 séries de 66 photographes ayant répondu à un appel à candidatures seront diffusées. « Les séries contiennent entre 3 et 15 clichés sur un thème libre. » La soirée sera mise en musique par trois artistes électro : Zéro Degré, S.H.I.Z.U.K.A. et Mr Bios. Deux prix seront décernés, un par le jury d’artistes, l’autre par le public et les deux photographes (ou collectifs) recevront chacun un bon d’achat de 250 euros en matériel photographique et impressions.

 

Workshops & conférences

« Les workshops sont autant d’occasions pour les amateurs et les professionnels d’acquérir de nouvelles compétences. Ils s’adressent vraiment aux personnes qui désirent en savoir plus » souligne Sandrine Creusot. En vue, une programmation à l’image du festival : riche et variée. Les photographes pourront rencontrer Thanh NGuyen, Som Pictures, Sylvain Payelle, Anthony Passant, Le Turk ou encore Arno Paula atour des thèmes « construction de décors », « photographie de rue », « production d’un livre photo », « photographie de modèle en studio » ou « retouche et photomontage », « portrait presse », pour ne citer que ceux-ci. 

Par ailleurs, un joli programme de conférences est également au menu de Photographie Mon Amour sur des thématiques telles que « argentique vs numérique », « où sont les femmes photographes ? », « photojournalisme : de la préparation à la vente de reportages », « la place de la photographie dans l’art »… Ces deux journées conférencières seront animées par le journaliste de formation Thomas Flagel. Le nombre de places étant limité, les organisateurs conseillent vivement de réserver sa place ! 

Le Turk en résidence artistique 

Mais bien avant ce week-end événement des 4 et 5 mai, Photographie Mon Amour a, en fait, débuté dès le mois de février. Pour l’occasion, le collectif Bout d’Essais a fait appel au photographe-bricoleur Le Turk pour une résidence artistique. « Nous adorons son univers. Il construit lui-même ses décors avec des matériaux de récupération comme du carton ou du polystyrène et ça donne un résultat incroyable ! » Son style est un mélange de burlesque et de steampunk. Pour l’occasion, il réalise une gigantesque fresque de neuf mètres de long, découpée en trois photos distinctes. Il balaie ainsi plusieurs époques, de l’âge païen à la nouvelle ère, tout en s’inspirant de la ville de Metz : « Depuis mes premières déambulations dans ses rues, j’ai cette idée folle en tête : réaliser, ici, une œuvre monumentale dédiée à la ville. Quelque chose à la fois simple et complexe : une déclaration d’amour, onirique et charnelle, en même temps qu’une frise à la fois conceptuelle et chronologique » détaille le photographe. « L’idée m’incite naturellement à faire participer et faire figurer les messines et messins à la construction de ces photographies. Que ce soit pour les figurants, les costumes et les savoir-faire indispensables à leur construction. » Le vernissage de son œuvre « Metz » réalisée aura lieu à la basilique Saint-Vincent  à Metz le vendredi 3 mai à 18h, en sa présence.

 

Exposition de quatre photographes

Cette même basilique Saint-Vincent accueillera dès le 19 avril une exposition de quatre photographes aux univers très différents. Il y aura bien sûr le Turk « dans une rétrospective de ses 10 ans de carrière », mais aussi Camille Gharbi qui, avec Preuve d’amour, questionne la violence domestique et la réponse que nous lui faisons, à travers son expression la plus extrême : l’homicide conjugal.
De son côté, Bruno Ansellem présentera ses photos reportages chez les Rohingyas qui témoignent de sa volonté de « donner à voir » les souffrances humaines et les combats qui en découlent. Enfin, Hélène Virion emmènera les visiteurs à la découverte de ses ciels poétiques. À fleur d’eau comme en plein ciel, elle se joue du réel, de ses reflets et de ses mirages pour constituer des mondes célestes flirtant avec des non-lieux.
« Avec Photographie Mon Amour, nous voulons vraiment montrer aux gens que c’est un art universel. Nous voulons inciter les visiteurs à s’essayer à la photographie et je pense, que nous allons leur faire découvrir plein de choses autour de la technique, de l’histoire de la photo… avec, aussi, beaucoup de surprises » conclue Sandrine Creusot. Au public maintenant de capturer un fragment du temps présent.

 

 

 

Expositions à la basilique Saint-Vincent du 19 avril au 19 mai, Place Saint-Vincent à Metz
Evénement à Bliiida les 4 et 5 mai, 7 Avenue de Blida à Metz
Tarifs : gratuit sauf événements particuliers comme les workshops
Renseignements : monamour.photo

 

• Photos ©Raoul GILIBERT, Bruno AMSELLEM, Le Turk, Hélène VIRION,
Camille GHARBI, DR