Photographe par nature

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Originaire de Damelevières, Teddy Bracard découvre la passion de la photographie animalière avec son père, dès son plus jeune âge, en parcourant la nature lorraine.

Teddy Bracard a ce projet en tête depuis presque dix ans. En octobre dernier, il concrétise enfin son rêve : sortir un livre regroupant ses plus belles photographies naturalistes. Au fil des 160 pages, on y découvre 118 clichés d’une « Lorraine par nature » et quelques anecdotes racontées par Teddy lui-même. Comme cette rencontre avec un chat forestier et ses petits, une espèce rare et discrète, qu’il a suivi pendant 10 jours. « Ce livre était un challenge. Beaucoup de stress aussi, mais du bon stress. Maintenant que je l’ai entre les mains, c’est une fierté. » Le jeune photographe a choisi de l’autoéditer, pour avoir plus de libertés. Choix des photos, des formats, de la couverture… Teddy peaufine les moindres détails avec rigueur : « Les photos en marque-page sont ma touche personnelle. La photo de la grue fasciée qu’il y a en couverture, je l’ai prise à Vigneulles. Elle n’était pas la plus appréciée dans mon entourage mais pour moi, c’est une photo coup de cœur à laquelle je tiens beaucoup » explique-t-il. À son image, il choisit la simplicité : une petite photographie sur un fond noir habillé du titre « Lorraine par nature ».

Déterminé, Teddy Bracard toque à toutes les portes pour présenter son projet et trouver des partenaires financiers. Mais « à 23 ans, c’est dur de se faire entendre et d’être crédible ». Pourtant, sa commune de Damelevières croit en son projet et lui commande 300 livres. « J’ai également eu 700 pré-commandes. C’est énorme ! Et depuis sa sortie le 20 octobre dernier, 500 exemplaires ont été vendus, je ne m’attendais pas à cet impact. » Une réussite donc pour cet ouvrage non distribué en librairie car Teddy met un point d’honneur à rencontrer ses lecteurs pour échanger et raconter son histoire.

Patience et persévérance

Le jeune photographe a la vingtaine. Mais il a déjà tout d’un grand. Par sa technique qu’il a travaillée en autodidacte depuis ses 12 ans, lorsque son père achète le premier reflex. Par son sens de l’esthétisme qui retranscrit une forte émotion. Par son humilité et sa sensibilité, aussi. « Je dois tout à mon père. Il m’a fait découvrir la nature et cette passion. Aujourd’hui, c’est l’interaction avec les animaux qui me fait vibrer. J’ai eu les larmes aux yeux lorsque je me suis retrouvé en face d’une meute de neuf loups. »

Alors que les jeunes de son âge rentrent de soirée au petit matin, lui se lève à 5 heures pour aller à l’affût. « La patience et la persévérance sont les deux qualités du photographe. On construit des affûts avec des matériaux de récupération et on attend. Je prends soin à me mettre face au vent pour que les animaux ne me repèrent pas. Et là, il faut observer et déclencher l’appareil photo au bon moment. » De la persévérance, il en faut, lorsque l’on sait que « sur 100 photos, il y en a une d’exceptionnelle, en moyenne ». Parfois, le photographe reprend bredouille de sa journée. Frustrant mais jamais décourageant. S’il faut travailler un mois sur une même-espèce, il le fera. Son style : travailler un flou de premier plan et un flou d’arrière-plan, en se mettant à la hauteur des animaux. « Une bonne photo est celle qui réunit le décor, l’attitude et la lumière. Mais surtout qui retranscrit l’émotion que j’ai pu ressentir sur le moment. »

« Je veux que cela reste un plaisir »

Bien qu’une passion dévorante, Teddy a décidé de ne pas faire de la photographie son métier : « Je veux que cela reste un plaisir. Je viens d’obtenir ma licence en gestion et développement des espaces forestiers. J’aimerais devenir gardien de réserve naturelle. » En attendant, le photographe travaille sur ses projets, notamment un deuxième ouvrage sur les grands prédateurs d’Europe : le lynx, le loup et l’ours. Ce dernier lui a d’ailleurs valu une belle frayeur : « Je l’ai photographié pendant une demi-heure. D’un coup, il se lève et fonce vers moi. Je n’ai pas bougé. Il criait, je criais aussi, pour montrer que j’étais fort. Il s’avançait, je reculais, sans lui tourner le dos, jusqu’à atteindre le mirador de chasse. J’ai grimpé, j’ai fermé la porte et il est resté jusqu’à ce que je m’endorme. Cette fois-ci, j’ai vraiment eu peur, l’idée de mourir m’a traversé l’esprit. »

Mais l’adrénaline est plus forte que tout. La passion, aussi. Lui qui a comme mentors Vincent Munier et Fabrice Cahez (qui a préfacé son ouvrage), deux photographes de renom, commence petit à petit à se faire une place dans le monde de la photo animalière. Avec, comme leitmotiv : « Le bonheur est fait pour être partagé ». Mission accomplie lorsque l’on referme « La Lorraine par nature ».

Retrouvez le livre de Teddy Bracard sur teddybracard.com

Photos © Teddy Bracard, DR