L’intimité sublimée

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Mobiliser ses capacités de résilience et les partager pour permettre à chacun de trouver des solutions pour rebondir et avancer, c’est ce cadeau à la fois symbolique et artistique qu’offre Laetitia Bridet avec son « Mur des adaptations ».

Si certains utilisent les murs de la ville ou les biens publics pour s’exprimer de manière sauvage (graffitis, tags vandales), d’autres créent des espaces de poésie et de travail commun dans un objectif de construction. C’est le cas de Laetitia Bridet. Travailleur social de métier, elle est aussi plasticienne d’œuvres en terre cuite avec une jolie technicité et un esthétisme unique.

Dans son travail, elle repense la place de l’Homme et cherche à créer des modes d’interaction entre son art et le public. Considérant que les enjeux sociétaux et environnementaux nécessitent une prise de conscience rapide, elle souhaite y participer par un nouveau projet artistique inhabituel. Pour cela, elle fait appel à chacun grâce au « Mur des adaptations » : « Je crois dans les capacités de l’être humain à rebondir et à s’adapter. Les attentats au Bataclan ont accentué cela. Ce projet évolutif vise à mettre en valeur un principe de résilience de chaque individu et d’en faire partage au public au fil des présentations ».

Se sentir mieux

Comment ? Tout d’abord grâce un objet étonnant servant de support, prenant la forme d’un gigantesque paravent ou puzzle mural de 7 m de long et 2m de haut, fabriqué de près de 1200 planches de palettes colorées à la main avec des matériaux de récupération. Ce mur extraordinaire constitué de plusieurs modules autonomes n’est pas sans évoquer des jeux de l’enfance.

Ensuite, sur cette page de bois, l’artiste propose aux acteurs d’un jour, de passage sur les lieux d’exposition ou par courrier et mail, de graver leurs réponses à la phrase introductive : « que faites-vous pour vous sentir mieux dans les moments difficiles ? »

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Devenant ainsi un recueil de témoignages anonymes et un livre géant, ce mur démontre comment l’être humain, de la petite fille de 6 ans au grand-père de 80 ans, développe des trésors d’ingéniosité pour faire face à des difficultés et ceci sans forcément en avoir conscience.

Ce projet inédit est participatif dans un souci d’écoconstruction mais il est aussi évolutif. Ainsi, Laetitia a-t-elle récolté à ce jour 520 phrases ou récits intimes, inscrits au fur et à mesure, en totalité ou partiellement, sous différentes formes (gravure, impression, calligraphie) sur les tranches du mur.

Chocolat, yoga, arbres

Des réponses aux maux reviennent souvent : « Certains se livrent peu en indiquant manger du chocolat, d’autres s’accrochent à la cellule familiale, aux doudous, aux photos souvenirs. Le sport intense est parfois cité mais aussi le yoga ou la sophrologie quand le rapprochement à la nature, aux arbres et au jardinage pour un environnement moins stressant est très fréquent ». Très peu s’adonneraient à l’ivresse, la surconsommation ou l’excès de travail. Ces données venant de l’intime n’oublient pas le passage par l’art, la musique et la création et elles sont toutes volontaires dans l’offrande d’une partie de solution salvatrice.

Passé par « Sculptures en ville » puis au Château de Commercy avant d’être présenté à « Balthaz’Art » à Lunéville les 25 et 26 novembre prochains puis à la MJC Pichon en avril 2017, ce projet a pu voir le jour grâce à différents partenariats.

Vous pouvez adresser vos phrases via [email protected] ou le site laetitia-bridet.fr