L’Histoire dans l’art

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L’artiste alsacien Pierre Gangloff est à l’honneur à l’Abbaye des Prémontrés de Pont-à-Mousson dans une exposition intitulée « (Re)naissances » jusqu’au 15 avril.

Il dessine depuis toujours, ou presque. « C’est vrai que j’ai commencé très tôt » reconnaît Pierre Gangloff. « Mais d’abord, il faut avoir une affinité avec l’art et s’y intéresser, le reste vient naturellement. » Orienté par ses parents vers une formation de dessinateur technique, l’artiste alsacien comprend très vite que ce n’est pas pour lui : « Je leur en suis quand même reconnaissant car ça m’a appris à affiner le trait, à être plus précis, à travailler le détail » explique-t-il. La passion qui anime Pierre Gangloff, c’est l’art. Et particulièrement les grands noms de la peinture comme Michel-Ange ou De Vinci mais aussi Rubens ou Bosch. « Je n’ai aucun diplôme en arts plastiques. Je me suis formé au contact des peintres, en visitant les expositions et les musées. » Pierre Gangloff se nourrit également de l’Histoire. Dans son œuvre, les figures mythologiques côtoient les personnages bibliques. Il maîtrise aussi bien le fusain, l’encre, le pastel ou encore la peinture. En 1984, Pierre Gangloff s’initie à la gravure lors d’un atelier d’art à Strasbourg. L’occasion pour lui de travailler différents supports tels que le bois, l’acier, le cuivre et le zinc, ce qui développe son goût pour les arts graphiques sous toutes ses formes.

Véritables objets d’art

« Le titre « (Re)naissances » est un hommage aux grands peintres italiens de cette période. C’est aussi le phénix que l’on retrouve dans la salle du Chauffoir de l’Abbaye qui m’a inspiré » détaille l’artiste. Ce phénix se retrouve d’ailleurs sur son oeuvre Phénix, Mort et Résurrection, une gravure et encre sur acier, installée juste à côté. Plus loin, l’œuvre fétiche de Pierre Gangloff : L’enlèvement des Sabines de Jacques-Louis David, est interprété à sa manière sur une gravure sur cuivre. « La gravure est une technique ancestrale du 15e siècle, c’est l’ancêtre de l’imprimerie » précise-t-il. « Ici, nous retrouvons la gravure brute, elle n’a pas été imprimée. » Pierre Gangloff aime inciser et creuser des matériaux résistants engendrant de la complexité. Il réalise de grands triptyques sur bois dont Le Jardin des Délices et des triptyques portatifs sur métal. Jouant avec les formes, il détourne ainsi des matrices gravées en de véritables objets d’art.

Cette exposition faisant part du passé est véritablement inscrite dans le présent. « Héraclès ici, se tordant lors de ses épreuves, fait écho à notre propre histoire. Il nous représente nous, face à nos épreuves, à nos tourments. Je reprends une vision du passé pour en faire quelque chose d’actuel » explique-t-il. Dans la salle Rosenkrantz, Pierre Gangloff expose des estampes, comme Bacchus et Ariane : « Je les retravaille, souvent à l’aquarelle. Ça devient donc une pièce unique ! » Il y dépeint également les guerres qui ont rythmé les différentes époques de l’Histoire dont une variation autour de La bataille de Nancy d’Eugène Delacroix. Toujours, Pierre Gangloff détourne les techniques de la gravure ou de la peinture et propose une œuvre moderne chargée d’émotions.

Une cinquantaine de tableaux sont à découvrir dans l’écrin magnifique de l’Abbaye des Prémontrés : « Je suis très reconnaissant de pouvoir exposer dans ce lieu magnifique, chargé d’histoire » souligne l’artiste. Loin de vouloir plaire à tout le monde, il préfère interpeller le visiteur, le poussant à se poser des questions. Passionné et inspiré, Pierre Gangloff poursuit sa démarche artistique sans jamais faillir. « Mais le jour où je n’aurai plus rien à dire, j’arrêterai. »

Abbaye des Prémontrés • 9 Rue Saint-Martin à Pont-à-Mousson • Salle du Chauffoir et salle Rosenkrantz • Tous les jours de 10h à 18h – Tarifs : 5 €, 3€ • Renseignements : 03 83 81 10 32 ou abbaye-premontres.com

Photos © Abbaye des Prémontrés, DR