« Le théâtre nous rappelle que l’on est vivant »

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Premier défenseur d’un spectacle novateur et fédérateur, le Théâtre de la Manufacture CDN lève le rideau, en ce début d’été, sur une programmation inclusive et exigeante… Rencontre avec Julia Vidit, directrice passionnée.

La période actuelle a-t-elle modifié votre regard sur le théâtre ?
Elle m’a confortée dans l’idée qu’il faut absolument avoir des lieux de rassemblement humain, de rencontre, rencontre que les œuvres d’art vivantes permettent de façon extraordinaire en suscitant une émotion collective. Quant au théâtre, il nous rappelle que l’on est vivant et nous permet, en nous mettant face à une représentation du monde, d’appréhender, de décrypter ce monde. La période est inédite, curieuse, difficile, angoissante… Il faut des espaces pour comprendre tout ça, prendre du recul, voire s’en amuser.

La saison à venir atteste d’une ouverture franche au jeune public… Comment l’abordez-vous ?
Avec beaucoup d’appétit ! Parmi les créations accessibles dès 7 ans, l’extraordinaire « Pister les créatures fabuleuses »… « Pinocchio (live) », performance incroyable d’un groupe d’adultes et d’enfants retrouvant leur liberté… « Bouger les lignes », pièce qui interroge notre rapport à la carte, à la géolocalisation… « La nuit où le jour s’est levé » ou le récit génial, mis en scène par Olivier Letellier, d’une femme s’interrogeant sur son désir d’enfant… et puis « Dark Circus », l’histoire d’un cirque surprenant. Ces spectacles ont en commun de tendre la main au public et d’aborder des thèmes nécessaires.

Vous misez également sur l’écriture contemporaine…
Oui. Les artistes s’emparent de leurs échanges avec la population pour en faire un spectacle ! C’est le cas d’Elise Chatauret, qui évoque la notion d’héritage dans « Ce qui demeure », et celle de paternité dans « Pères » ; de Charlotte Lagrange qui interroge les rapports de domination dans « Les petits pouvoirs »… ou encore de « Carte noire nommée désir » et ses huit femmes questionnant l’imaginaire lié au corps afro-féminin.
Nous accueillerons, chaque semestre, une compagnie étrangère. Cette saison, c’est Tatiana Frolova, venue de Sibérie, qui travaillera sur la notion du « Bonheur »… quand les Flamands Miet Warlop proposeront un spectacle drôle et décalé. Mais les grands classiques, auxquels je tiens beaucoup, ne sont pas oubliés !

De plus en plus, la Manufacture sort de ses murs…
Nous développons effectivement l’itinérance théâtrale, avec des créations menées sur les territoires et dans les collèges présentées, en septembre, dans le cadre de « Micropolis ».
« Quartiers Libres » est un projet au long cours mené avec l’auteur Guillaume Cayet, qui ira dans les quartiers rencontrer les travailleurs. Ces échanges aboutiront, en 2024, à une fresque qui abordera, entre autres, le travail comme élément de division, y compris géographique…
Avec la compagnie Babel, une création exigeante réunissant professionnels et amateurs, « Fracas », sera jouée à trois reprises en juin 2022, occasions pour les participants et leur famille de se familiariser avec le CDN pour, je l’espère, y revenir…
Enfin, le CDN permettra à ses artistes associés de se produire dans le cadre de séries ! S’imprégner des lieux, des ambiances, des rencontres qu’ils feront ici ne pourra que donner de l’épaisseur à leurs créations… tout en laissant le temps au bouche-à-oreille de s’installer.


Infos : www.theatre-manufacture.fr

Publireportage -  photos © JeanneDreyer, Christophe Raynaud de Lage, Sophie Madigand, Paulina Pisarek, DR