Le pouvoir des fleurs

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Hortensias, anémones ou lilas, des milliers de fleurs ont été hybridées en Lorraine entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. Ce patrimoine perdu, un groupe d’horticulteurs tente de le redévelopper tout en encourageant l’économie locale. Créé cette année, le « Patrimoine horticole lorraine » transforme vos jardins en conservatoires vivants.

Depuis 2006, « la Lorraine notre signature » s’applique à relancer la consommation de produits 100 % « made in Lorraine ». De la fabrication à la transformation, les soixante-cinq producteurs de ce label doivent répondre à un cahier des charges précis. Cette année, le réseau a été rejoint par un groupement d’horticulteurs qui cueillent le patrimoine lorrain à la racine. Réunis sous le nom « Patrimoine horticole lorrain » (PHL), ces pépiniéristes et conservatoires horticoles locaux proposent non seulement de consommer, mais aussi de planter lorrain.

Victor Lemoine, le génie créateur

À l’origine, le conservatoire et jardin botanique du Montet et l’École d’Horticulture et de Paysage de Roville-aux-Chênes sèment l’idée d’une revalorisation de variétés anciennes régionales, suivis par d’autres partenaires : le conservatoire et jardin botanique du Montet, la société centrale d’horticulture de Nancy, l’Association Régionale d’Expérimentation Horticole Grand Est (AREXHOR) et sept pépiniéristes locaux. En Lorraine, de 1823 à 1911, l’horticulture a eu son génie en Victor Lemoine. Ce pépiniériste nancéien, compagnon de route d’Émile Gallé, a créé plusieurs centaines d’hybridations de fleurs nouvelles comme le lilas « Belle de Nancy » ou la pivoine « Sang lorrain ». « Nous nous sommes tous regroupés derrière lui pour former notre réseau. Aujourd’hui en Lorraine, il reste seulement 1% des végétaux imaginés par lui ; beaucoup de ses créations sont parties à l’étranger, au Canada ou au Japon », déplore Philippe Pauchard, pépiniériste à Roville-devant-Bayon. L’objectif des horticulteurs du PHL est de retrouver des plants mères de ces cultivars enfuis dans la nature et d’en faire ensuite profiter les jardiniers professionnels ou amateurs.

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Qualité garantie

Afin de garantir la qualité de ces plantes ornementales, les partenaires du réseau sont contrôlés régulièrement par une commission d’agrément. Le jardin botanique du Montet ou l’école de Roville-aux-Chênes certifient leur authenticité et vérifient que le cahier des charges est honoré. Respecter la taille du plant, utiliser des substrats respectueux de l’environnement et un minimum de désherbant, la démarche mêle à la conservation du patrimoine un soupçon de développement durable. Pour le moment, une cinquantaine d’espèces est cultivée et vendue sous la marque « Patrimoine horticole lorrain ». Parmi celles-ci, environ quarante sont labellisées « le Lorraine notre signature ». « Nous avons tous une expérience professionnelle solide. Pour certains l’horticulture est un héritage, transmis de génération en génération. Nos produits sont d’une qualité supérieure à ceux qui poussent sous serre en Hollande. En plus, nous les vendons moins chers que certaines jardineries », remarque Philippe Pauchard. Avec le retour de fleurs anciennes dans les jardins, le « Patrimoine horticole lorrain » surfe sur une vague prometteuse. D’autres challenges sont à relever. Les horticulteurs du groupe ont encore pour mission de dénicher d’autres cultivars de pivoines ou de bégonias inventés par Victor Lemoine.

Plus d’informations sur : www.patrimoine-horticole-lorrain.fr