Le Pôle Bijou Baccarat fait l’Eloge de la lenteur

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Parcelle © Claire Barberot

A travers Eloge de la lenteur, exposition autour du bijou et de l’artisanat d’art « qui ne brusque pas la durée », le Pôle Bijou Baccarat fait la proposition, audacieuse, de prendre le temps. A voir jusqu’au 22 juin !

Face à notre course effrénée contre le temps, à notre chasse permanente au temps libre, au culte de la vitesse et à l’accélération du monde, le mouvement Slow prend le parti de ralentir… Et qui mieux que les acteurs des Métiers d’Arts connaissent l’importance du temps, nécessaire à l’apprentissage des gestes, à dessiner une identité de créateur et à assurer les diverses étapes de la fabrication ? Dans Eloge de la lenteur, 14 créatrices livrent leur point de vue sur le sujet.

Témoigner

Collier ©Nadine Sizaire

Certaines ont décidé de témoigner du temps qui passe… Anne-Catherine Mortiaux, assumant d’accepter et de sublimer la maladie dégénérative dont elle souffre et qui impacte ses mains à travers Art’rose, série de bagues à l’anneau déformé. Nadine Sizaire, en faisant de sa collection de pendentifs une ode à la transmission. Nina Faivre en interrogeant, avec « Amnesia », la mémoire et la disparition de celle-ci.

Créatrice textile, Claire Barberot a travaillé dans la mode avant de se consacrer à ses dessins, plissage, broderie et couture main… Le geste est, ici, méditatif. Les bagues et objets performatifs de Nora Delanoë fonctionnent quant à eux comme des ancres mémorielles pour interroger notre rapport au temps. 

Hommage au vivant

Rhinocéros ©Nora Delanoë

Autre thème de prédilection : le vivant. Ainsi Lucie Boscato glane des végétaux déjà secs, qu’elle plonge dans de la porcelaine liquide et cuit pour les fossiliser. En hommage à la tortue et au processus d’hybridation du vivant, Maïa Amiel crée des objets au support souple en mailles montées au crochet rembourré puis habillé d’une carapace de perles métal et verre brodée. Des minéraux et gemmes qui arrivent dans son atelier façonnés par une lente transformation géologique, Jessie Bensimon fait des bagues « Fabuleuses »… Dans les drôles d’objets de Florence Bottazzi inspirés de l’animal, du végétal ou du minéral il faut voir des flacons à parfum, des écrins destinés à accueillir la mémoire, l’imaginaire. A travers ses trompe-l’œil en fragments de minéraux, Aude Bramoullé témoigne, elle, d’une immense humilité face à la matière, à sa contemplation et à sa manipulation.

Le temps comme outil de création

Le temps, Clara Delaunay l’utilise à bon escient : elle plonge des fils de mohair tissés sur du laiton dans une eau saturée en alun de potassium… Heure après heure, les cristaux naissent et la structure devient parure. Pour sa collection de bijoux brodés Ikaah, Marion Parfait s’est inspirée de peintures de sable Navajo, œuvres éphémères réalisées lors de cérémonies sacrées pour ramener équilibre et harmonie entre les êtres, avant d’être détruites. Ségolène Cavelot dédie ses amulettes aux cycles de la lune. Quant à Sarrah Kacem, sa Collection de la sirène est faite de bijoux mais surtout de dispositifs évoquant la parure comme arme de séduction, à manier avec lenteur et précaution.

L’éloge de la lenteur, prendre son temps ©La Tour des anges
Jusqu’au 22 juin au Pôle Bijou Baccarat, du mardi au dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30 (Fermeture exceptionnelle le dimanche 1er mai) • Accès libre • Polebijou.com 
 Photos © Nadine Sizaire, La Tour des Anges, Claire Barberot, DR