La vie en jaune et noir

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Le rucher de Montaigu, à Laneuveville, est un petit paradis pour les abeilles. Ici les ouvrières et leur reine travaillent d’arrache-pied, profitant de la douceur prolongée d’un hiver extraordinaire. Pourtant de multiples dangers les menacent.

Quand l’abeille va tout va. Pour ce petit insecte ailé, qui a survécu à la grande élimination des dinosaures il y a 65 millions d’années, les choses deviennent quand même de plus en plus difficiles et l’homme n’est pas étranger à son malheur. Dans notre région, Abeille Lorraine se démène pour perpétuer et préserver l’espèce. Niché dans un coin du domaine de Montaigu, à quelques pas du château, le rucher de l’association s’est trouvé un joli coin de verdure. Les 10 000 locataires vont et viennent, zonzonnent en sortant de leur ruche et effleurent dans un vol délicat Roland Weibel, membre de ce syndicat d’apiculteurs et président du CETAGN (Centre d’Études Techniques Apicoles du Grand Nancy).

Un hiver particulier

« Finalement l’ « apis mellifera » s’adapte. Tout est organisé pour la survie de l’espèce et les conditions climatiques récentes  lui ont été profitables. Cette année, le développement des ruches a été plus précoce : il y a plus d’abeilles qu’il y a quinze jours. Le temps a permis à la reine de pondre sans interruption », constate-t-il. Pour autant cette douceur hivernale n’a pas que de bons côtés. Les ouvrières continuent à sortir mais sans ramener de nectar, qu’elles sont censées stocker avant d’hiverner. Aussi, les apiculteurs n’ont pas récolté de miel dans le but de leur laisser suffisamment de réserves. « Ici, nous faisons essentiellement de la reproduction de Buckfasts®. Créées par le frère Adam dans le premier quart du 20e siècle, elles ont un tempérament plus doux, sont de bonnes butineuses, résistent mieux aux maladies et tiennent leurs ruches propres. Nous obtenons tout au plus 10 à 15 kg de miel par an ». À ces attentions s’en ajoute une autre : des provision de sucre candi, sous forme de pâte molle, pour remonter l’énergie des demoiselles  en cas de coup de barre.

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Garde aux prédateurs !

Le réchauffement climatique est bien un moindre mal pour ces insectes. « Un des grands dangers pour nos ruchers est le varroa. Des ruches non traitées ou sans surveillance se transforment vite en véritables réservoirs pour cet acarien. Il pond dans la même alvéole que l’œuf de la reine puis se développe très rapidement. Il menace à la fois la récolte mais aussi la vie de la colonie. Certaines ont été entièrement décimées en 2006, 2007 » déplore Roland Weibel. Pour remédier à ce parasite, des chercheurs sont allé chercher les gènes d’une abeille hygiénique, la primorski, qui en nettoyant les cellules de la ruche et en s’épouillant a su limiter son apparition. Reste la question non réglée des pesticides, notamment les « néonicotinoïdes » armes fatales aux pauvres ouvrières.  « En ville, l’impact est plus grave. Certains jardiniers amateurs ont tendance à mettre la dose. Heureusement, ça évolue un peu. » Malgré tout, Roland Weibel reste optimiste quant à l’avenir de ses protégées : « l’abeille nous survivra, j’en suis certain ».