Dessinateur autodidacte et amateur, Sandro Salvino a le crayon plein de panache, comme le personnage qu’il croque dans ses propres planches. Au sein de l’association Phylactères, il a trouvé d’autres « bédéistes » invétérés avec lesquels partager sa passion.
Pendant longtemps remisé dans le carton dédié aux héros de la littérature classique, sentant un tantinet la naphtaline, Cyrano a repris du service grâce à l’illustrateur lorrain Sandro Salvino dans une série de planches baptisée « À la fin de l’envoi ». Cet autodidacte était pourtant plus destiné à donner naissance à un nouveau justicier dans la lignée des personnages de comics américains. « Je crayonne depuis que je suis tout petit. J’ai commencé en décalquant Tintin, Astérix mais surtout je dévorais les magazines de super-héros. Des artistes comme Jack Kirby, père des X-Men, Captain America ou des 4 Fantastiques, m’impressionnaient particulièrement. Avant je privilégiais le dessin et l’action, aujourd’hui je me laisse plus emporter par un scénario bien ficelé », assure-t-il.
Éloge du temps
Le plaisir de griffonner, ce Messin l’a toujours eu mais difficile de conjuguer activité professionnelle, vie familiale et temps de création. Sandro Salvino a donc pris son temps pour peaufiner son style. « Je ne me suis remis à dessiner régulièrement que depuis deux ou trois ans. Ma technique a évolué. Quand je revois les premiers croquis de Cyrano, je vois la différence. Maintenant, je travaille directement avec un logiciel de dessin, au stylet et j’essaie d’avoir toujours le même trait ». Depuis 2009, il a rejoint la troupe des joyeux bédéphiles de Phylactères et, de là, a multiplié les collaborations et projets. « C’est un collectif d’auteurs, de graphistes, de coloristes tous amateurs mais qui ont l’envie de se retrouver autour d’une même passion. Beaucoup de créateurs restent dans leur coin. Nous au contraire, nous essayons de créer une synergie et des rencontres entre auteurs sans dessinateurs et inversement », précise-t-il.
Une histoire de famille
Et il faut bien l’avouer, pour lui, la BD a toujours été une affaire de famille et continue à l’être à travers cette réunion de talents hétéroclites. Chez les Salvino, demandez aussi le frère Michel et vous aurez une idée de l’ampleur de la contamination « bédé ». D’ailleurs, c’est grâce à ce dernier que Sandro est devenu un dessinateur récurent des publications de l’association, « Non ? Si ! » ou « V.H.B. ». « Chaque revue a un rédacteur en chef différent et mon frère était celui de l’une d’elles. Il restait une page libre et il m’a proposé de faire une planche. Elle a plu à deux scénaristes avec qui je travaille aujourd’hui sur la série “À la fin de l’envoi” ». Et qui donc sont ces deux auteurs mystérieux ? Les deux frangins Kevin et Cédric Henry, et oui !
Phylactères surfe sur les planches
De café BD en festivals du 9e Art, Phylactères s’est fait connaître doucement par la force du bouche à oreille. Créée en 2003, l’association nancéienne réunit aujourd’hui une cinquantaine de bédéistes acharnés. Une fois par an minimum, dessinateurs, scénaristes et coloristes concoctent bénévolement plusieurs planches à paraître dans la revue maison « Non ? Si ! ». « Notre philosophie est de valoriser la bande-dessinée et ses acteurs en région mais aussi de les professionnaliser en leur permettant de pratiquer, de s’améliorer et d’être publiés », note Sandro Salvino, l’un de ses membres. Certains talents de Phylactères voient aussi leur travail distingué comme celui de David Bulle sur son carnet de croquis réalisé sur le tournage du téléfilm « Ceux de 14 », une adaptation du recueil de Maurice Genevoix. L’association met en lumière des univers très éclectiques grâce à différentes publications : « V.H.B », une série imaginée par Lokorst et la Phi Unit, sort les monstres et autres héros de science fiction du placard ou « Bande de rats » par Bri, dans la lignée de « Maurice et Patapon » de Charb et d’autres sorties corrosives à la Choron. La bulle est bouclée.
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