La plume sur le bout des doigts

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Un personnage discret se cache derrière les paillettes du music-hall et des défilés de mode : le plumassier. Au bien nommé château des Lumières, l’exposition « La plume entre mode et scène » met ce travailleur de l’ombre sous les feux des projecteurs. A voir jusqu’au 30 mars.

Pierre Cardin ou Emmanuel Ungaro, le Moulin Rouge ou le Lido, les grands noms de la haute-couture et du music-hall se sont réunis à Lunéville pour célébrer la plume. En accessoire ou en robe, sur un chapeau ou pour un éventail, les attributs perdus des faisans, autruches et drôles d’oiseaux finissent leur vie en beauté. Mais avant de devenir la parure d’une étoile de la scène, la plume a fait un long voyage. Quittant le dos de son hôte, elle se retrouve au royaume du plumassier. Là elle est triée avec soin, lavée, puis doit subir une coloration : rose bonbon, noir vénéneux, un brin d’envoûtement pour lui donner de l’éclat. Gare au maillon faible, ces ornements subiront les attaques de la lumière et de la chaleur. Ils doivent donc être invulnérables et sont testés en conséquence. C’est seulement après qu’ils vont se transformer en « truc en plume ». Les professionnels de ce royaume bigarré rencontrent aussi la barrière de la préservation de la faune. Depuis 1973 et la convention de Washington, certaines espèces sont protégées et les parures du héron, du paradis rouge et de l’aigrette ne peuvent plus être utilisées. D’autres oiseaux, comme l’oie ou le faisan, fournissent des plumes aux aspects variés. À titre d’exemple, la nageoire d’oie est une plume légère et souple. Son usage est donc complémentaire à celui de la palette d’oie, plus rigide et plus grande.

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Quel panache !

Sur les quatre entreprises plumassières encore présentes en France, deux sont mises à l’honneur : la maison Février et celle de Bruno Legeron. La première a été créée en 1929 par Monsieur et Madame Février et a été reprise par le Moulin Rouge en 2009. Elle a (des)habillé Mistinguette, Zizi Jeanmaire, Line Renaud ou plus récemment Dita Von Teese. L’établissement Legeron est encore plus vénérable. Établi depuis 1880, ce dernier a collaboré avec de grands couturiers comme Christian Dior ou Courrèges. La spécialité Legeron : la fabrication de fleurs artificielles dans des matières d’exception. L’un comme l’autre ont la responsabilité de sauvegarder un savoir-faire datant de l’Antiquité, importé en France au XVIème siècle. La plumasserie connaît son apogée à la fin de XIXème siècle. À partir des années 1960, le panache tombe de la tête de ces dames en même temps que leurs chapeaux. Le nombre d’ateliers de plumassiers passe de plus de trois cents en 1900 à une cinquantaine en 1960. Aujourd’hui entre mode et scène, le cœur de la plume balance. Dans les défilés, elle se joue des traditions. Elle est détournée façon cygne blanc, comme cette robe de Maurizio Galante présentée à l’exposition, ou extravagante et sensuelle chez Thierry Mugler.  Dans le music-hall, cette petite chose légère laisse entrevoir la nudité, joue de façon mutine avec le corps, intrique et fait rêver. Que d’effets pour une toute petite plume.

« La plume, entre mode et scène »
Jusqu’au 30 mars au château de Lunéville
Renseignements sur le site du Conservatoire des Broderies de Lunéville : www.broderie-luneville.com
Sites des maisons Février et Legeron : www.maisonfevrier.fr
www.legeron.com