A 55 km de Metz et 35 de Nancy, au cœur du Saulnois, Marsal recèle un patrimoine très riche et varié : collégiale remarquable, fortifications de Vauban, mare salée et Musée Départemental du Sel…. Une bonne idée sortie pour un après-midi !
Le village de Marsal, qui compte 260 habitants, offre un cadre des plus agréables, en pleine nature, surtout si vous allez vous y promener au printemps, lorsque les arbres fruitiers sont en fleurs.
Les fortifications de Vauban
Marsal a conservé son allure d’île forteresse. Bien sûr, avec le temps et les guerres, une partie des fortifications a disparu, mais l’impression que l’on éprouve face à Marsal est certainement la même que par le passé. On entre et on sort du village par d’imposante porte, des poternes ou d’étroits passages. Les bastions, les talus, les fossés, les glacis, les escarpes et contrescarpes dessinent encore parfaitement le paysage. Impressionnant.
En 1877, lors de l’Annexion, les Allemands avaient prévu de perforer les fortifications et de construire une grande gare. Ils se sont contentés de reconstruire le magasin à poudre et de rectifier le cours de la Seille voisine (qui, par le passé, servait à ennoyer les fossés), sauvant au passage ce patrimoine militaire.
Ne manquez pas les belles casernes – il en reste trois – près de la Porte de France. Elles ont été édifiées en 1666 pour accueillir troupes, chevaux et vivres. La poudre, à cause de sa dangerosité, était conservée à part.
Le sel
On ne peut pas comprendre Marsal sans parler du sel. L’allure d’« île » que nous évoquions dans le paragraphe précédent est bien sûr due aux fortifications mais pas seulement. A l’origine, le site est un marais entouré par deux bras de la Seille.
Par sa formation géologique, le sous-sol est très riche en sel. Son exploitation est très ancienne. Elle remonte à plus de 1 500 ans avant Jésus-Christ. La technique employée consistait à capter les saumures par le biais de puits puis à les chauffer pour faire évaporer l’eau. Le sel, cristallisé, était alors conditionné et vendu bien au-delà de la région. C’était un bien très précieux (pour l’alimentation, pour conserver les viandes, etc.) d’autant plus que les mers étaient éloignées.
Les saumures, jusqu’à l’époque gauloise, étaient chauffés dans des récipients d’argile superposés (« le briquetage »). Ces récipients étaient cassés une fois la chauffe achevée, pour récupérer le sel. Ces déchets argileux sont considérables et représentent des volumes immenses. A partir des Romains, on utilisa des poêles en plomb.
Marsal est construite sur presque 10 m de briquetage ! C’est une « île » artificielle parfois instable, d’où l’affaissement de certains bâtiments, telle la collégiale.
Le Musée du Sel vous raconte cette incroyable aventure qui a profondément modifié toute la physionomie de la vallée de la Seille. Il vous présente de beaux éléments du patrimoine civil, militaire et religieux de Marsal. Il est installé dans la très belle Porte de France.
Les mares salées
Le sous-sol de Marsal, malgré une exploitation accrue au cours des siècles passés, reste riche en sel. Les mares présentes dans les anciens fossés sont salées ! D’où le nom donné par les Romains à la commune : Marosallum. D’où aussi une faune et une flore halophiles, tout à fait inhabituels en Lorraine. Des panneaux et un parcours permettent de découvrir ce patrimoine naturel.
L’ensemble est protégé. Rappelons que Marsal fait partie du Parc Naturel Régional de Lorraine.
La collégiale Saint-Léger
L’édifice a été profondément remanié au cours des siècles. Les parties les plus anciennes datent du XIIe s.
C’est au début du XIIIe s., en 1222, que l’église devient collégiale par volonté de l’abbesse Clémence de Neumunster. Cette distinction se traduit surtout par l’installation d’un chapitre constitué de sept chanoines. Elle s’accompagne aussi de nombreux embellissements : on agrandit le chœur, on ajoute une chapelle et une sacristie, les ouvertures sont repercées.
La collégiale, notamment le massif occidental, a souffert des briquetages en sous-sol, rendant les fondations instables.
L’intérieur de l’édifice est tout aussi intéressant que l’extérieur : stalles de la fin du XVIIe s provenant de l’abbaye de Salival (une partie a également été réemployée à l’église des Cordeliers à Nancy), monument funéraire d’un comte de Salm (également transféré depuis Salival), intéressant reliquaire en calcaire sculpté du XIVe s. Tout ce mobilier a fait l’objet de classements en 1972.
Voilà un petit aperçu des richesses de Marsal, et encore, nous ne vous avons pas parlé de l’arsenal, de la place d’Armes, de l’ancien hospice, de l’ermitage… Si nous n’avons pas le talent de La Fontaine qui chanta Marsal lors de la prise en 1633 par Louis XIV, nous vous encourageons à y aller !