Pendant des siècles la Lorraine a fourni en bois, papier, textile ou acier le reste du territoire français et au-delà des frontières. Aujourd’hui les techniques industrielles sont mises en valeur par l’activité touristique. Petit tour de ces lieux, éteins ou en activité, qui se visitent.
Selon le palmarès de l’Adeve (agence de développement de la visite d’entreprise), sur les dix sites de tourisme industriel les plus fréquentés en 2012, trois sont Lorrains : la Confiserie des Hautes Vosges à Plainfaing, le plan incliné de Saint-Louis/Arzviller et la Confiserie Bressaude à la Bresse. Chaque département se distingue dans des activités variées : du textile au papier pour les Vosges, du cristal à la faïencerie pour la Meurthe-et-Moselle, de l’extraction de charbon à la sidérurgie pour la Moselle et des confiseries à la fonte pour la Meuse. Malgré la crise économique, la région continue à vivre en partie grâce à ces industries à travers le tourisme.
De charbon en acier : un patrimoine vivant
Sous bien des aspects, la Lorraine a été une vraie mine d’or pour l’industrie française. Dans les années 1970, la région a pourtant déchanté. Les dernières mines de fer et charbon en activité ont fermé progressivement. Les hauts fourneaux de la vallée de la Fensch se sont éteints les uns après les autres, laissant quelques résistants fragiles et esseulés. Le dernier a soufflé ses derniers feux en 2011 à Hayange. Au fil des décennies, ce qui était la force de la Lorraine est devenu peu à peu sa faiblesse. Aujourd’hui ces symboles d’une vitalité économique perdue renaissent sous le regard du public.
Deux après la fermeture du site de la Houve, la « Mine-Musée » a ouvert ses portes en 2006 à la Petite Rosselle. Depuis ce conservatoire des techniques d’extraction houillères s’est transformé en parc, englobant la mine, les structures de surface jusqu’à la cité ouvrière voisine. Au-delà de l’activité économique, c’est bien la vie des « gueules noires », employées par la compagnie de la famille Wendel, qui y est retracée. Le succès est au rendez-vous : en 2012, 30 558 personnes sont rentrées dans la peau d’un houilleur.
Le patrimoine industriel de la Lorraine hante tout spécialement la Moselle. À 83 km de la Petite-Rosselle, le Haut-Fourneau U4 d’Uckange se dresse et rappelle aux visiteurs un passé sidérurgique fleurissant. Fermé en 1991, il est le dernier des six hauts fourneaux que comptait le site et a été inscrit en 2001 à l’inventaire des Monuments Historiques. Depuis 2007 les 12 hectares de la friche d’Uckange accueillent des touristes de Lorraine et d’ailleurs. Les bénévoles de l’association Mécilor, parmi lesquels des anciens ouvriers sidérurgistes, les guident à travers les infrastructures de l’ancienne usine et partagent avec eux leurs expériences, leurs souvenirs.
L’excellence du « Made in Lorraine »
Mais la Lorraine industrielle ne vit pas seulement de son passé. Aujourd’hui encore des entreprises perpétuent des techniques parfois ancestrales et continuent à fabriquer des produits emblématiques de la région. À Vannes-le-Châtel en Meurthe-et-Moselle, la Compagnie des verriers fait tourner la verrerie cristallerie, créée en 1765. Ce lieu, où industrie et métiers d’art se mêlent, est un fleuron de la création verrière française : les pièces de Daum sont réalisées ici. Par des visites commentées, des démonstrations et des initiations, les visiteurs ont la chance d’apercevoir le processus de formation du verre et du cristal. Le site a misé sur l’interactivité puisque les étapes de production sont expliquées au travers de vidéos, de photographies et de panneaux explicatifs.
Certaines sociétés jouent le jeu du tourisme et mettent en valeur la qualité « Made in Lorraine » de leurs productions. Implantée à Bar-le-Duc depuis 1946, Bergère de France appartient à ces quelques marques qui ont misé sur l’excellence. La découverte des filatures n’est pas ouverte à tous : pour des raisons de sécurité, les moins de 18 ans ne sont pas acceptés. Le voyage en vaut cependant le coût car les visiteurs pénètrent dans ce monde coloré et apprennent à connaître les différentes chaînes de travail, de la réception de la matière première à l’envoi des marchandises.
Quand le « Made in France » est évoqué, le nom de Bleu Forêt pointe le bout de son nez. La manufacture de chaussettes est un exemple réussi de résistance contre la délocalisation. Créée en 1995, l’entreprise se voit retirer en 2009 sa licence DIM, le groupe refusant de continuer à produire en France. Depuis Bleu Forêt s’est fait une place parmi les rayons haut de gamme des commerces. Avec ses 230 employés, l’usine baigne dans une ambiance familiale. Pour visiter, il faut appeler le standard, prendre rendez-vous. Par groupes de six personnes minimum, les visiteurs explorent les stocks de fils, touchent de l’œil les métiers à tisser et assistent aux phases de conception et de finition.
Entre mémoire et poursuite des activités industrielles, le cœur de la Lorraine balance. Les touristes, eux, ont choisi et affluent en masse dans les musées, les friches reconverties et les usines en fonction. Parmi eux les gourmands sont les rois : 198 900 visiteurs sont venus déguster les bonbons de la Confiserie des Hautes-Vosges. Le cœur a parfois des raisons, que les amateurs de douceurs lorraines ignorent.
Pour le haut fourneau U4 d’Uckange : www.haut-fourneau-u4.fr.
Pour le parc Explor Wendel à la Petite Rosselle : www.musee-les-mineurs.fr.
Pour Vannes-le-Châtel : www.lacompagniedesverriers.com.
Pour Bergère de France, contacter l’office de tourisme de Bar-le-Duc au 03 29 79 11 13.
Pour l’usine Bleu Forêt à Vagney, appeler le 03 29 23 45 45. Visites tous les lundi, mercredi et vendredi sur réservation.