Eugène Onéguine : l’opéra des rendez-vous manqués

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Eugène Onéguine © Nilz Boehme

Du 28 février au 6 mars, l’Opéra national de Lorraine présente Eugène Onéguine de Tchaïkovski, fresque intime et poignante dont Julien Chavaz signe la mise en scène.

Adaptation par Tchaïkovski du chef-d’œuvre en vers d’Alexandre Pouchkine, Eugène Onéguine investira prochainement la scène de l’Opéra national de Lorraine dans une production élégante et raffinée. À la croisée du drame intime et du roman d’apprentissage, le destin des personnages se joue entre rêves brisés et choix irrévocables, élans romantiques et désillusions cinglantes.

Dans une campagne russe baignée de spleen, la jeune Tatiana – sœur d’Olga, elle-même fiancée à Lenski – s’éprend du dandy Onéguine. Elle lui adresse une lettre enflammée, mais voit son amour rejeté. Invité du bal donné en l’honneur de Tatiana, Onéguine provoque un duel fatal contre son ami Lenski, mais choisira l’exil plutôt que le combat. À son retour, il découvre une Tatiana métamorphosée, désormais princesse et épouse fidèle du Prince Gremine. Rongé par le regret, il tente de la reconquérir ; la jeune femme, bien que troublée, choisit l’honneur plutôt que la passion.

La mise en scène, signée Julien Chavaz, met en lumière l’ambiguïté des personnages et l’ironie tragique de leurs destins croisés. Il ne s’agit pas d’une fresque flamboyante, mais d’un drame tout en nuances, où le non-dit et les silences en disent parfois plus que la musique elle-même. Loin des fastes traditionnels, le spectacle explore la frontière entre le songe et la réalité, et souligne la solitude d’âmes en quête d’absolu.

Dans ce ballet des cœurs brisés, Enkeleda Kamani incarne une Tatiana vibrante d’émotion face au charismatique Jacques Imbrailo (en Onéguine). Robert Lewis prête sa voix ardente au poète Lenski, tandis qu’Adrien Mathonat campe un Prince Gremine noble et grave.

Sous la baguette de Marta Gardolińska, l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra national de Lorraine déploient une partition riche et expressive, la musique de Tchaïkovski, tour à tour lyrique et déchirante, faisant écho aux tourments des personnages.

Cette œuvre intemporelle questionne nos propres hésitations et regrets. Qui n’a jamais laissé filer l’amour par orgueil ou peur de souffrir ? 

Eugène Onéguine nous confronte à ces choix irréparables du passé, dans lesquels s’enracine le drame d’aujourd’hui.

→ Eugène Onéguine, Tchaïkovski • Vendredi 28 février à 20h, dimanche 2 mars à 15h, mardi 4 mars à 20h, jeudi 6 mars à 20h • Tarifs, informations et billetterie sur www.opera-national-lorraine.fr

La Pathétique : Tchaïkovski x Oustvolskaïa

Après l’introspection romantique d’Eugène Onéguine, l’Opéra national de Lorraine propose un voyage orchestral où Tchaïkovski et Oustvolskaïa se répondent à un siècle d’écart. La Pathétique, dernière symphonie du compositeur, sonne comme un adieu, oscillant entre envolées passionnées et abîme du désespoir, jusqu’à son bouleversant adagio final, où la musique semble s’éteindre sur elle-même.

Face à ce romantisme tourmenté, la musique d’Oustvolskaïa impose une vision radicale et intransigeante. Émergent de ce programme deux conceptions du drame musical : l’expressivité d’une âme tourmentée et la rigueur implacable d’une modernité sans concession.

Gaetano Lo Coco © Andrej Grilc
→ Par l’Orchestre de l’Opéra national de Lorraine, direction musicale
Gaetano Lo Coco • Jeudi 27 et vendredi 28 mars à 20h, Salle Poirel
PUBLIREPORTAGE - Photos © Nilz Boehme, Andrej Grilc, DR