Il fut accueilli comme un enfant du pays. Sa date de naissance affichée dès l’entrée de la Galerie Poirel, il a rejoint une salle qui bruissait d’impatience. La présentation de la nouvelle exposition baptisée CharlElie, NCY-NYC devait être un de ces moments rares à Nancy, où une star vient régaler ses fans.
CharlElie Couture est une star, ne nous en cachons pas. Mais en revenant dans sa ville de naissance, l’artiste joue la carte de l’humilité sans aller jusqu’au retour aux sources. Il nous apporte son New-York sans renier l’héritage nancéien.
C’est à la mort de son père en 2003 que CharlElie décide de partir pour New-York : « Mon père a toujours été celui qui m’a poussé à persévérer dans les arts graphiques. Je ne pouvais plus lui parler, je suis parti dialoguer avec moi-même, je suis allé chercher là-bas un moyen de me reconstruire. La ville elle-même était en reconstruction après la chute des tours jumelles » explique CharlElie.
Re-naissance
De sa deuxième vie new-yorkaise, il retient cette impression de bouillonnement, de compétition, d’envie de se surpasser. Et quand on connaît le nombre de domaines dans lequel CharlElie excelle : arts plastiques, musique, sculpture, vidéo, poésie, on se dit que la compétition prend pour lui des aspects herculéens.
La diversité du personnage se ressent aussi dans l’exposition de la Galerie Poirel, une centaine d’œuvres –dont certaines conçues spécialement pour l’exposition nancéienne- avec de nombreux supports très différents : toiles, photos, Polaroïds, vidéos et même rideaux de douche ou voiles de bateaux, peignent le quotidien de la grosse pomme. Aucune indication sous les œuvres, mais un parcours finalement assez logique –mais pas chronologique- à travers ses créations.
« On m’a souvent dit que pour être bon dans un domaine, il fallait s’y consacrer exclusivement. Je pense l’inverse. Je peins, j’écris, je monte sur scène avec le même engagement. Je mets la même énergie devant un auditoire que face à un mur à badigeonner. Je refuse de choisir, je pense même que chaque pratique enrichit l’autre, lui donne du relief » poursuit CharlElie. Multi-casquettes, maîtrisant différentes techniques, l’artiste est mis à l’honneur dans sa diversité : chaque salle expose un extrait de l’un de ses modes d’expression.
De son passage à Nancy –l’exposition dure trois mois– CharlElie en parle avec une (infime) pointe d’émotion dans la voix. C’est surtout la fierté qu’il évoque : «J’ai toujours eu envie de faire une exposition dans cette ville. Je trouve le projet exaltant. »
Diplômé de l’école des Beaux-Arts de Nancy, il en est sorti avec les félicitations du jury, il parle de sa ville en la laissant à sa juste mesure : sans la comparer à New-York, mais en lui trouvant des qualités qui peuvent surprendre. Un brin provocateur il n’hésite pas à dire que Nancy lui a donné envie d’aller explorer le monde « d’aller voir ailleurs si j’y suis. »
A la question –elle lui a été posée- du point commun entre les deux villes, il répond : « à part les trois lettres N C Y, je ne vois pas. » Mais qu’importe. L’œuvre gigantesque de celui qui est aujourd’hui un des plus célèbres nancéiens a su traverser l’Atlantique, et c’est le principal.
Exposition CharlElie, NCY-NYC
Galerie Poirel
3, rue Victor Poirel à Nancy
Jusqu’au 1er mars 2015. Mardi, mercredi, jeudi de 13h à 18h, Vendredi de 13h à 22h30, samedi et dimanche de 14h à 18h. Pendant les vacances scolaires ouverture du mardi au dimanche de 14h à 18h. Les 24 et 31 décembre de 14h à 17h. Fermé les 25 décembre 2014 et 1er janvier 2015.