Dossier spécial : Arlette Gruss : bêtes de scène dans « Bêtes de cirque » !

2315

35 ans déjà que le cirque Arlette Gruss émerveille chaque année des milliers de spectateurs à travers la France. La troupe revient à Nancy, du 17 octobre au 3 novembre pour fêter, comme il se doit, ce bel anniversaire ! 

Début des années 1980. Arlette Gruss et Georgika Kobann sont en tournée dans un cirque pour présenter leur groupe de panthères. À cette époque, Gilbert Gruss, leur fils, travaille dans un autre établissement. Lassés de voir leur famille éparpillée, les époux décident de créer leur propre cirque en 1985. Ce n’était que le début de l’aventure Arlette Gruss ! 35 ans plus tard, c’est Gilbert qui est aux commandes de l’entreprise familiale. Si sa maman le guide toujours dans ses choix, comme il aime le dire, il puise sa créativité dans les yeux de sa femme Linda. Elle aussi une enfant de la balle avec le cirque chevillé au corps. « Aujourd’hui, il y a trois générations de la famille Gruss sur scène » s’enthousiasme Gilbert Gruss. Laura-Maria, petite-fille d’Arlette Gruss (la ressemblance est frappante !) est une prodige en matière de dressage de chevaux et éblouit à chaque passage en scène. Kevin Gruss, lui, est l’heureux papa de Valentina et Victoria qui incarnent magnifiquement la 7e génération Gruss. « Ce sont mes enfants, Eros 13 ans et Alexis 9 ans qui donnent le coup d’envoi de ce nouveau spectacle avec un numéro qu’ils ont travaillé pendant 2 ans et demi » souligne Gilbert Gruss, avec une certaine fierté ! 

30 artistes et 2 heures de show 

La première de « Bêtes de cirque » a été donnée le 26 septembre dernier à Aix-les-Bains. Un succès ! « Notre belle réussite est due à notre famille » confie Gilbert Gruss. « Rien n’aurait été possible sans notre cohésion et notre amour pour le cirque ! » Force est de constater que ce nouveau spectacle est prometteur : un subtile mélange de tradition et de modernité, à l’image de la troupe Arlette Gruss qui a toujours su se renouvelée sans oublier son héritage. 

Cette année, 30 artistes sont réunis dans un show de 2 heures qui en met plein la vue ! Après l’impulsion d’Eros et Alexis Gruss, place à la magnifique Giselle Souza Santos qui entre « Dans le cercle fermé de l’excellence ». Linda et Laura-Maria Gruss font ensuite entrer la cavalerie du cirque Arlette Gruss pour emmener les spectateurs dans leur « Manège de l’amour ». La troupe Extreme Light fait, elle, un « bon en avant » sur des trampolines et soudain… Abracadabra ! Gunter Sacckman et ses rats entrent en scène comme par magie et plongent le public dans l’univers de Ratatouille !
« Après l’entracte, le grand orchestre live redonne de l’énergie à la salle. Et je peux vous dire que cette année le compositeur amène une touche de modernité qui correspond parfaitement à la mise en piste du spectacle ! » S’enchaînent après Sarah Houcke et ses lionnes, Julia Friedrich & Kevin Gruss « suspendus aux étoiles », Edison Acero & le Duo LYD au mât  chinois et enfin les huit motards colombiens dans leur globe de 5,60 mètres de diamètre. Époustouflant ! Pour lier le tout, le clown Matute, tout nouvel arrivant, propose des intermèdes plus hilarants les uns que les autres !  

« Les animaux font partie de notre ADN »

Cette année, le cirque Arlette Gruss a décidé de remettre les animaux sur le devant de la scène. Et ce n’est pas un hasard ! Après avoir proposé le spectacle « Une étoile en héritage » sans fauves ni éléphants, les réactions du public ne se sont pas fait attendre : « Les spectateurs nous ont clairement fait comprendre qu’ils étaient déçus de ne pas voir d’animaux ! » explique Gilbert Gruss. Dans un sondage, 50% d’entre eux demandent plus d’animaux et 46% préfèrent les attractions avec des animaux. « Nos bêtes font partie de notre tradition, de notre ADN, ils plaisent aux enfants et je comprends le manque qu’ils ont pu ressentir. » Même si les éléphants sont absents cette année, les lionnes flamboyantes de Sarah Houcke et les surprenants rats et ragondins de Gunter Sacckman devraient conquérir le cœur des amoureux des animaux. Pour accueillir ce nouveau spectacle, le cirque Arlette Gruss ne lésine pas sur les moyens. L’an dernier, il dévoilait un chapiteau dépourvu de mâts pour une meilleure visibilité. Une technologie appliquée aujourd’hui à la grande Cathédrale rouge et blanche, symbole du cirque, qui offre un immense espace sous ses 8 tonnes de toiles accrochées à plus de trente mètres de haut. Arlette Gruss est aujourd’hui le seul cirque à proposer cette installation en tournée. Preuve que la troupe est à la hauteur de sa réputation… !

Des chiffres qui donnent le vertige !

« Ephémère dans vos villes, la maison Arlette Gruss caresse le rêve de devenir éternelle dans vos cœurs. » Passionnée, Gilbert Gruss, ancien trapéziste, met tout son cœur à l’élaboration des spectacles, d’années en année. « L’idée est de trouver des numéros toujours plus surprenants et qui révolutionnent le monde du cirque sans perdre de vue nos traditions. Par exemple, Roberto Rosello s’occupe depuis 20 ans des costumes des spectacles. Chaque année il réalise plus de 70 tenues différentes pour les artistes ! » Autour de la famille Gruss, pas moins de 120 salariés de 14 nationalités différentes se déplacent avec eux lors de la grande tournée ! 30 villes visitées par an, 8 500 kilomètres parcourus, 230 jours de spectacles, 17 000m2 de surface totale dont 2 700 uniquement pour le chapiteau, 1 650 spectateurs par représentation… Les chiffrent donnent le vertige tellement ils sont impressionnants. Et ça n’est pas fini ! Car en 35 ans d’existence, le cirque Arlette Gruss a donné pas moins de 10 000 représentations et accueilli quelque 20 000 000 de spectateurs ! 

« Lors de la première, je voyais mon associé avec les larmes aux yeux et je lui ai dit en rigolant : “T’endors pas car dans cinq ans ça sera les 40 ans !” » raconte Gilbert Gruss en rigolant. En attendant, le prochain spectacle pour la 36e année est déjà bouclé. Un travail de longue haleine et en amont qui éblouit, tous les ans, par son sens de la perfection et de la magie.  Pauline Overney

Informations et réservations : cirque-gruss.com • À la billetterie du cirque tous les jours de 10h à 19h, par téléphone au 0812 106 406 et points de vente habituels.

Entretien avec Gilbert Gruss

Directeur du cirque Arlette Gruss et créateur des spectacles

Quel est votre sentiment à l’occasion de ce 35e anniversaire ? 

Attention, ce n’est pas le mien mais celui du cirque ! (Rires) Ce n’est que de la joie, du bonheur, du plaisir ! Depuis 35 ans le cirque Arlette Gruss fait le bonheur de son public, il y a une standing ovation à chaque représentation, c’est fou ! 

Vous avez d’ailleurs donné la première de « Bêtes de cirque » il n’y a pas si longtemps !

Non, c’était le 26 septembre dernier et c’était incroyable ! J’étais forcément un peu stressé car ça me plaisait à moi mais il fallait conquérir le public ! Et ça a été une véritable réussite. De voir que ça plait aux gens… c’est ce qu’il y a de plus beau ! 

Dans votre tournée, Nancy reste une date importante.

Le passage à Nancy est une institution pour nous ! Les Nancéens attendent vraiment notre venue pour aller au cirque, ce qui énerve les autres cirques d’ailleurs ! (Rires) Mais je dis toujours que notre public nancéen, c’est comme notre famille. Nous ne remercierons jamais assez André Rossinot de nous avoir donné l’opportunité de prendre nos marques sur la place Carnot qui est, pour nous, un superbe endroit en plein centre-ville !

Parlez-nous un peu de ce nouveau spectacle « Bêtes de cirque ». 

Comme son nom l’indique, il y aura des animaux mais pas que ! En ouverture, le public retrouvera mes petits-enfants, Alexis et Eros qui ont travaillé 2 ans et demi sur leur numéro. Ensuite, il y a un magnifique tableau de cerceau aérien, notre nouveau clown Matute qui propose des choses complètement inédites…

Il y a aussi des choses très impressionnantes ! 

Oui, à l’image de nos huit motards colombiens qui déambulaient dans un énorme globe de 7,60 mètres et qui reviennent cette année dans un globe de… 5,60 mètres ! C’est tellement impressionnant que l’on voudrait concourir pour le Guinness Book des records !

Pourquoi avoir décidé de remettre les animaux sur le devant de la scène ? 

Nous avions proposé un spectacle intermédiaire en début d’année avant de proposer « Bêtes de cirque » où il n’y avait pas d’animaux… De Bordeaux en Alsace, les spectateurs étaient vraiment déçus de ne pas voir de fauves et ils nous l’ont dit ! Les animaux font partie du cirque, les gens y sont attachés et c’est normal. 


Que dites-vous alors aux personnes qui sont contre les animaux dans les cirques ?

Je les invite sincèrement à venir nous rendre visite pour qu’ils se rendent compte de la situation. Nos animaux font partie de la famille. Deux soigneurs animaliers sont là pour eux tout le long de la tournée. Souvent, les trois quarts de ses gens ne savent pas de quoi ils parlent car ils ne sont jamais venus nous voir. Nous sommes ouverts au dialogue et nous sommes preneurs de toutes idées qui pourraient encore plus améliorer le bien-être de nos animaux.

Comment expliquez-vous l’incroyable succès d’Arlette Gruss depuis 35 ans ? 

Nous n’avons jamais trompé notre public ! Nous avons toujours fait en sorte de proposer un spectacle avec des numéros inédits, des choses qui sortent de l’ordinaire. Notre atout est de savoir mêler la tradition et la modernité et force est de constater que ça plait ! 

Quel est votre plus beau souvenir de cirque ? 

J’en ai tellement… ! Mais je pense que ce sont les yeux de ma maman, émerveillée dans la loge d’honneur. C’était sa façon à elle de me remercier. 

Vous pensez qu’Arlette Gruss serait fière de son cirque aujourd’hui ? 

En tout cas, je l’espère ! J’ai toujours conduit son cirque en pensant à elle, comme si elle était toujours là. Je ne sais pas si vous vous souvenez mais elle avait une canne. J’espère juste que quand je la retrouverai au paradis, elle ne me donnera pas un coup de canne justement ! (Rires) Propos recueillis par Pauline Overney


Sarah Houcke assure la relève !

Pour ses 35 ans, le cirque Arlette Gruss s’est entouré des meilleurs. Parmi eux, Sarah Houcke et ses lionnes offrent un moment hors du temps au public. 

Les spectateurs n’ont d’yeux que pour elle. Élégante, sensuelle mais aussi sûre d’elle, Sarah Houcke entre en piste sans trembler. Pourtant, elle s’apprête à partager la scène avec six lionnes. « Lors des spectacles, je n’ai jamais peur » confie-t-elle. « Je me rappelle de ma première rencontre avec les fauves. C’était aux Etats-Unis. Je suis rentrée dans la cage avec des tigres et je me suis rendue compte de ce que je venais de faire au moment où j’en suis sortie ! »
D’origine franco-anglais, Sarah Houcke fait partie de la sixième génération de circassiens de sa famille. « J’ai grandi autour des animaux puisqu’il y a eu cinq générations de dresseurs avant moi. Au début, c’était un jeu pour moi. Puis, en voyant mes parents sur scènes, maquillés, costumés, magnifiques en somme et être ovationnés chaque soir, ça m’a fait rêver ! » Pour la jeune femme, la voie est donc toute trouvée. À l’âge de deux ans, elle foulait déjà la piste du cirque. À 11 ans, elle commence à travailler avec des chevaux, des otaries, des dauphins. Puis vient les fauves. 

« Une façon de représenter Arlette Gruss »

À 19 ans, Sarah Houcke a le déclic. « Il n’y avait pas beaucoup de femmes dresseuses de fauves à cette époque. Ni même aujourd’hui d’ailleurs. Alors ça m’a intéressée ! J’ai eu une opportunité dans le plus grand cirque du monde aux Etats-Unis où je faisais un numéro avec des tigres. » Pour elle, le plus important est « le respect des animaux. Sans ça, le numéro ne peut pas fonctionner. Il y a aussi une relation de confiance qui s’installe avec l’expérience. Les tigres sont plus lents, plus réfléchis, je pouvais les toucher, leur faire des bisous alors qu’avec les lionnes, c’est différent. Elles sont déjà plus imposantes et plus transparentes, ce n’est pas la même relation ! »

Aujourd’hui, la jeune femme est une artiste connue et reconnus du monde circassien. Elle a rejoint la troupe Arlette Gruss une première fois en 2008, puis en 2018 et enfin cette année pour les 35 ans. « C’est une grande fierté pour moi de faire partie de cette tournée anniversaire. Le cirque Arlette Gruss est l’un des plus beaux dans le monde. Il faut aussi rappeler qu’avant, c’était Arlette qui était en piste avec les fauves. C’est l’occasion pour moi de la représenter et de travailler avec un cirque qui soutient leurs animaux. » Car les critiques, Sarah Houcke y fait fassent à chaque tournée. Mais elle aimerait éveiller les consciences. « Il faut que les gens comprennent que nos animaux sont domestiqués. Ils vivent avec nous, ils sont habitués et ont besoin de notre contact. Nos bêtes ont un enclos ouvert dans chaque ville, des jouets, des enrichissements dans leurs cages… Tout est mis en place pour leur bien-être. » L’artiste s’occupe d’ailleurs des tous les animaux du cirque avec un autre soigneur animalier pendant toute la tournée. À Gilbert Gruss de conclure : « Sarah Houcke est une femme magnifique et c’était très important pour moi d’avoir une femme dresseuse dans cette tournée. Elle est très douce avec ses animaux et nous offre un instant magique à chaque représentation. » Derrière le rideau, le fils de Sarah Houcke la regarde et n’a qu’une envie : fouler la piste à son tour.

 « Nos animaux, c’est notre patrimoine ! »

Georgika Kobann est le co-fondateur du cirque avec son épouse Arlette Gruss. Dresseur de panthères, sa préoccupation a toujours été de prendre soin de ses animaux. 

J’avais choisi les panthères car c’était quelque chose de rare à l’époque et c’est aussi l’animal qui ressemble le plus à la femme. La panthère est sensuelle, avec un regard intense mais qui donnent un coup de griffe quand elles ne se laissent pas faire ! » Amusé, Georgika se rappelle de ce temps où il partageait la piste avec Arlette Gruss : « Nous avons parcouru la moitié du monde avec nos panthères ! Nous avions un style hors du commun avec des costumes magnifiques et nous faisons des choses impressionnantes ! » Ce n’était effectivement pas rare de voir une panthère sauter dans les bras de Kobann lors d’un numéro… preuve d’amour et d’attachement de l’animal à son dresseur. « J’étais très proche de mes bêtes, nous avions une relation fusionnelle. Je me rappelle d’une fois où une femelle m’a appelé pour que je reste avec elle pendant qu’elle mettait bas. Je l’ai accompagnée toute la nuit. » Même après un grave accident qui l’a paralysé un moment, celui qu’on appelle « Kobann » a retrouvé ses panthères. Une évidence pour l’artiste qui n’a « jamais eu peur en piste ». 

Un espace de 25 hectares dans la Sarthe 

Avec Arlette, leur seule préoccupation était de trouver une solution pour la retraite de leurs panthères : « Nos premiers sous nous ont permis d’acheter des terrains pour nos animaux. Aujourd’hui, nous disposons d’un espace de 25 hectares dans notre port d’attache de La Fontaine-Saint-Martin dans la Sarthe pour nos animaux en retraite ou ceux qui ne nous suivent pas en tournée » explique-t-il. Là-bas, tout est conçu pour leur bien-être : foins, abris, mare d’un hectare pour les éléphants, jets d’eau… « Chez nous, personne ne va à l’abattoir ! C’est inconcevable ! Là-bas, j’ai une panthère de 24 ans, un cheval de 30 ans, des vieux dromadaires… Pour tout vous dire, lorsqu’une panthère meurt, je l’enterre chez nous car je refuse que ses organes, surtout sa peau, soit prélevés pour des fins commerciales ! » 

Tout comme son fils Gilbert Gruss, Kobann n’imaginerait pas son cirque sans animaux. « Ils font partie de notre patrimoine et le public en redemande ! C’est leur seule occasion de voir des animaux si impressionnants de si près ! » Le co-fondateur du cirque regrette que ce débat soit toujours d’actualité et constate que les gens ne connaissent pas les conditions dans lesquelles vivent les animaux du cirque : « Nous les invitons à visiter notre ménagerie dans chaque ville. Mais souvent, le dialogue est vite rompu. C’est dommage car ces gens doivent comprendre que ces animaux vivent avec nous. Nous avons acheté notre première panthère en 1953 et, depuis, il y a une reproduction sur nos terres. Il ne s’agit plus d’animaux sauvages, il n’y a plus de bête en capture, c’est fini ce temps-là ! » Aujourd’hui, le cirque Arlette Gruss ne possède plus que des chevaux pour leurs numéros. Les autres animaux sont loués avec les tableaux commandés par Gilbert Gruss, programmateur du spectacle.

Les visites de la ménagerie sont organisées tous les jours de spectacle, de 10h à 12h et de 14h à 18h et également 1h avant chaque spectacle. Tarif : 1 €.

Publireportage • Photos © fabrice vallon, cirque arlette gruss, dr