En 1980, Gérald et Liliane Singer se lancent un pari fou : transformer leurs terres en un parc de vision. 40 ans après, le parc animalier de Sainte-Croix à Rhodes est le premier parc de faune européenne en France, tant par sa fréquentation que pour son rôle de pionnier dans ce domaine.
120 hectares de nature protégée. 1 500 animaux en semi-liberté. 130 espèces sauvages et domestiques. « À Sainte-Croix, le domaine renferme trois écosystèmes » explique Clément Leroux, directeur de la communication du parc. « Il y a un tiers de forêt, un tiers de prairie et un tiers de zone humide. Ce qui permet à nos 1 500 animaux de vivre en parfait cohabitation et de ne pas être délocalisés : ils vivent chez nous comme ils vivraient à l’état sauvage. »
Au cœur du Parc Naturel Régional de Lorraine, Sainte-Croix s’inscrit aussi dans un projet de labellisation du Pays de Sarrebourg au titre de « Réserve mondiale de Biosphère » de l’UNESCO. Dirigé aujourd’hui par les fils Singer, Pierre et Laurent, le parc est devenu une référence en Europe et a accueilli plus de 350 000 visiteurs l’an dernier (un record de fréquentation !). Pour arriver à de tels résultats, Sainte-Croix a su se développer à travers des choix innovants mais aussi des paris fous.
2010 : arrivée de la biodiversité mondiale ET premiers lodges
En 1980, deux heures suffisaient pour visiter le domaine. L’année 1986 signe un premier tournant avec l’arrivée d’une meute de loups gris d’Europe. Au fil du temps, le parc s’agrandit. D’une demi-journée de promenade, les visiteurs peuvent passer une journée entière à découvrir cette faune incroyable. « L’année 2010 a également été importante pour Sainte-Croix avec la création d’une nouvelle zone baptisée « Mission diversité, le voyage de Néo » : un sentier dédié à la biodiversité mondiale avec les pandas roux, les lémuriens ou encore les gibbons. »
2010 est aussi l’année des premières constructions des « lodges nature » : le parc animalier en compte aujourd’hui 46, dans différentes thématiques. Cette expérience unique permet de contempler les animaux au plus près et de s’endormir dans cet écrin de nature. Parmi les séjours proposés, les visiteurs peuvent choisir le « Nouveau Monde » à la rencontre de bisons, ours noirs, coyotes, ratons-laveurs ou autres chiens de prairie mais aussi de passer une nuit sur la grande pleine des cerfs ou même de s’endormir bercés par les hurlements des loups dès la nuit tombée ou hypnotisés par un face-à-face puissant avec la meute !
Ouverture hivernale
Depuis 2016, le parc animalier de Sainte-Croix ouvre exceptionnellement ses portes pour les vacances de février. Le domaine, qui ferme normalement ses portes vers la mi-novembre, accueille les visiteurs, recouvert de son manteau blanc. À cette période de l’année, certaines espèces sont méconnaissables comme les renards polaires, les rennes, les loups, les ours qui arborent leurs tenues et fourrures hivernales. Du 15 février au 1er mars prochain, les guides nature feront partager leur passion des animaux à travers une pléiade d’animations. Des repas d’animaux en public seront également au programme de ces journées exceptionnelles : repas des loups, des renards, des pandas roux… Et si jamais le temps se rafraîchit, des lieux de découverte et de spectacle seront accessibles pour se réchauffer tout en vivant une découverte animalière : la grange aux spectacles (animation Bubo le hibou et film « La nuit du grand loup »), le refuge de l’ours, Logigrouille, le kota grill finlandais, la maison Viking des gloutons…
De leur côté, les soigneurs animaliers de Sainte-Croix protègent les animaux domestiques et les oiseaux les plus fragiles. Les animaux qui craignent le froid, comme les animaux importés qui ne vivent pas dans nos régions (les porcs-épics, ragondins, certains oiseaux ou encore les lémuriens) sont à l’abri dans leur bâtiment ou dans des enclos annexes. Certains herbivores sont mis en pâture d’hiver pour préserver les sols des prairies d’été (comme les cerfs, bisons, boeufs d’Écosse…). Les animaux qui hibernent (comme les marmottes, tortues) passent l’hiver en léthargie dans leurs galeries souterraines à l’abri du froid ou dans la vase. À noter que le parc ferme certes ses portes en hiver mais propose tout de même des séjours hivernaux, de novembre à mars, pour découvrir les sentiers en quasi-exclusivité ! La formule proposée met à l’honneur les loups et les grands prédateurs avec qui les visiteurs pourront faire connaissance le temps d’un séjour all-inclusive.
Un parc au service de la biodiversité
« Aujourd’hui, les visiteurs du parc de Sainte-Croix viennent pour les mêmes raisons pour lesquelles ils ne venaient pas en 1980 » souligne Clément Leroux. La question environnementale, les problématiques climatiques, le bien-être animal… Toutes ces thématiques sont ancrées dans notre société actuelle. « La jeune génération a compris l’importance de cette urgence écologique et a pris conscience qu’il fallait prendre soin de nos terres et de nos animaux. Sur 350 000 visiteurs, Sainte-Croix a accueilli 25 000 scolaires en 2019. C’est important pour nous car notre mission est aussi la transmission et la sensibilisation au jeune public à la protection de la biodiversité. »
C’est pourquoi le parc de Sainte-Croix est engagé dans des programmes de reproduction pour la sauvegarde des espèces animales mais aussi dans des programmes de conservation ex-situ (hors du milieu naturel) et dans des programmes
in-situ (interventions dans le milieu naturel). Le but : œuvrer pour la sauvegarde des espèces de notre région en soutenant ces programmes de conservation lorrains mais aussi nationaux et internationaux. Chaque année, des fonds sont récoltés au Parc et redistribués à plusieurs associations de protection de la nature via le Fonds de dotation Sainte-Croix Biodiversité. Pauline Overney
Ouverture hivernale du 15 février au 1er mars 2020 de 10h à 17h
Renseignements, tarifs et réservations : 03 87 03 92 05 ou parcsaintecroix.com
3 questions à Clément Leroux, directeur de la communication du parc animalier de Sainte-Croix
Le Parc de Sainte-Croix fête ses 40 ans en 2020. Un sentiment ?
Sainte-Croix c’est d’abord une histoire collective. Il y a des gens qui travaillent ici depuis les débuts, d’autres qui nous ont rejoints au fil des années. En 1980, Liliane et Gérald Singer ont été les fondateurs mais aussi les premiers salariés du parc ! Aujourd’hui, Sainte-Croix embauche plus de 50 salariés et jusqu’à 150 personnes en haute saison. Pour ne rien cacher, les dix premières années du parc ont été difficiles. Les préoccupations des années 80 n’étaient pas du tout l’écologie. Aujourd’hui, le domaine de Sainte-Croix met toute son énergie à la préservation de la biodiversité, à la mise en place d’actions pédagogiques, au bien-être animal… Des thématiques devenues très actuelles. 40 ans après, nous ressentons un grand sentiment de fierté : nous sommes fiers de ce que nous avons accompli depuis 1980 et nous sommes excités à l’idée de ce que nous accomplirons les 40 prochaines années.
Quelles sont les nouveautés prévues pour 2020 ?
Après avoir ouvert le « Nouveau Monde » en 2019 – qui a représenté un investissement de 14 millions d’euros – ces 40 ans seront placés sous le signe de la biodiversité, entre enjeux et engagements. Nous avons d’ores et déjà accueilli une nouvelle meute de loups noirs qui sera visibles dès notre ouverture hivernale. Nous allons également organiser, pour la première fois dans le Grand Est, les « entretiens de la biodiversité » du 21 au 24 mai où spécialistes, associations, conférenciers travailleront ensemble pour mettre en place des actions pour la protection de la biodiversité. Nous mettrons aussi en place un centre d’élevage de cistudes d’Europe (des tortues dont le territoire est menacé) pour, à terme, les relâcher dans leur espace naturel.
Quelles sont les ambitions de Sainte-Croix pour demain ?
Nous mettons l’accent sur la qualité, et non sur la quantité. Notre souhait est d’accueillir le public dans les meilleures conditions, de leurs proposer des expériences nouvelles et de leurs donner des clés de compréhension et d’agissement pour notre biodiversité. Sainte-Croix est un lieu de partage, de reconnexion avec la nature. C’est un domaine qui appartient à tout le monde. Nous souhaitons que les visiteurs repartent en ayant appris quelque chose afin de devenir de meilleurs « éco-citoyens ». Et bien sûr, nous continuerons nos actions de conservation et de protection de la biodiversité en prenant soin de nos animaux.