On la croise souvent, on la remarque moins. Derrière son pseudo, sous sa casquette et sur ses grosses chaussures de cuirs, elle continue son chemin de création. Ses œuvres, originales, sont en revanche bien connues des nancéiens.
Si l’on vous parle de panneaux routiers détournés, de caravanes en croquis sur fond de vieilles toiles ou de mobylettes, le souvenir même fugace d’avoir un jour croisé le travail de Franc Volo, vous gratouillera.
Fidèle de l’Ouverture d’Ateliers d’Artistes, Franc Volo met encore cette année un point d’honneur à ouvrir son atelier au pied de la tour de la Commanderie. Pardon, sa caverne. Dès qu’on pénètre dans la petite cour intérieure, l’accumulation commence, l’amoncèlement est là. Encore dans le jardin et déjà dans l’atelier. Vieux panneaux de signalisation, morceaux de bois, portière de 4L et de 2CV, autant de futurs supports du travail de la maîtresse des lieux. Passée la porte, on entre dans le vif du sujet avec des dizaines de tableaux posés, accrochés. Une étagère au fond, sa collection de pochoirs, des bombes de peinture et partout autour, des fauteuils récupérés ça et là.
Sur un grand chevalet, une Paisible. C’est comme ça que Franc Volo a baptisé ces femmes à la pose détendue. Anguleuse, sur un fauteuil rouge, elle prend forme. A côté, une vieille couverture entre dentelle et crochet servira de pochoir pour le fond d’une future toile. Par terre, des dizaines de pinceaux semblent avoir été jetés méthodiquement. Comme à chaque fois où elle s’apprête à recevoir du public le temps d’un week-end, l’artiste a fait un brin de rangement. Mais « quand on bosse exclusivement sur des matériaux de récupération, l’amoncellement devient vite la règle. » Franc Volo peint sur tout. Toile, bois, mais aussi panneaux de signalisation qu’elle achète au poids, et même portières ou capots de vieilles voitures comme un clin d’œil aux années d’enfance de l’artiste. Encore la récup, cette envie de transformer les objets du quotidien en œuvre d’art.
«Je trouve que l’ouverture de nos ateliers est non seulement un excellent moyen de dévoiler un peu nos secrets de production mais surtout un belle occasion de faire état de l’évolution de notre création. »
Comme les grands maîtres, Franc Volo se décline en périodes qu’elle réinteprète au gré des envies et des supports qui l’inspirent : mobylettes, puis caravanes, pièces vides, cactus, Paisibles, jusqu’à la dernière série à découvrir lors du week-end spécial, les Cabanes et … les vieilles Tepus. Même en remettant ce dernier mot à l’endroit, n’y voyez pas la moindre vulgarité : « C’est vraiment un hommage affectueux et pas du tout dégradant ». Inspirées d’un recueil de photos érotiques, les femmes dans des poses lascives sont représentées sur des supports étonnants, comme des vieilles cartes pédagogiques d’école des années cinquante bourrées de stéréotypes, ou sur des toiles plus « classiques » en grand format aux traits et aux couleurs saisissants.
«Je souhaite avant tout que l’art soit abordable. C’est pour ça que j’expose souvent dans les bars et que je propose des tableaux à partir de trente euros », explique-t-elle.
Le partage, dans son atelier, c’est toute l’année. Franc Volo partage ses murs avec Eric Martina, qui travaille en ce moment sur des trophées d’animaux en pliage et Amid Claudon qui créé des bijoux. Pour l’Ouverture d’Ateliers d’Artistes, ils pousseront encore plus les murs pour inviter trois jeunes artistes qui ajouteront de la sculpture, de la peinture, des installations loufoques et de l’art vidéo à ce joyeux mélange.
Franc Volo > 84, av. Foch, Nancy. Atelier en deuxième corps de bâtiment rdc. Plus d’infos sur francvolo.com et sur la page Facebook de l’artiste.