Flow et son trait direct, sans bavure

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Flow © Mathieu Rouseau
Flow © Mathieu Rouseau

Une petite cour au détour de la Grande Rue. L’atelier d’Arnaud Florentin, Flow de son nom d’artiste, a de la moquette au sol. Presqu’un pied de nez aux tâches quand on sait que l’artiste pratique le Dripping, technique qui consiste à laisser la peinture s’égoutter, se projeter. On connaît plus propre. Mais pour ça, il peint à même le sol. D’où la moquette comme chevalet. Voilà pour le décor.

Dans son œuvre qui peut donner une impression de fouillis, tout est maîtrisé chez Flow. Son maître mot : l’énergie. Une énergie teintée de précision, celle qui touche presqu’au secret de fabrication. Ainsi, on ne le verra pas pratiquer sa technique du Dripping, celle qui l’a rendu célèbre. En échange, il propose des happenings ou il compose des œuvres en direct, avec un pinceau cette fois-ci. Mais c’est une autre histoire.

«  Je suis hanté par l’énergie. A force de jeter la peinture sur la toile au pinceau, j’ai décidé de travailler uniquement en la projetant, en la versant, sans toucher le support », explique Flow. Son style, il avoue le tirer de ses premières expériences graphiques, celle du graff. Résolument urbain, il tape juste. Et la renommée ne se fait pas attendre, peu d’année après son diplôme de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Nancy, il produit ses premiers portraits et très vite, Nancy Jazz Pulsations lui confie la réalisation de l’affiche de l’édition 2008. La musique, justement. Elle constitue un des éléments moteurs de l’art de Flow. Toujours en création sous un déferlement de notes, Flow grappille dans tous les styles lorsqu’il peint. Jazz, Rock, tant que l’énergie est là, il prend.

Respiration - 100 x 100 cm -2015

Ce Nancéien pure souche, amoureux de sa ville, boucle souvent sa valise pour l’étranger. Habitué des salons d’art contemporain, il se fait connaître à l’autre bout du monde, jusqu’en Corée. Il expose dans des galeries et continue d’approfondir sa technique en peignant des visages, connus ou anonymes, des jazzmen, des boxeurs ou des scènes urbaines. Les uns trouveront ça un peu angoissant, ça n’est pas grave : c’est simplement pour Flow le reflet d’une époque complexe, « une inquiétude face à un avenir incertain où la violence affleure. »

Le trait de Flow est reconnaissable entre tous. Fascinant par la maîtrise de l’explosion des couleurs, il est à la fois calme et énervé. Dans son petit atelier, beaucoup de toiles sont posées à même le sol, certaines accrochées. On pourra voir notamment ce grand squelette sur fond noir aux couleurs de bonbons flashy. Ou ce grand Christ en croix, sans croix, créé pour une expo baptisée Super-Héros il y a quelques années à Nancy. Un brin dans la provocation, Flow a aussi réalisé une série sur les armes : Kalachnikov, grenade ou pistolets prennent sous son trait des couleurs attrayantes et de petits surnoms sucrés. Flow expose rarement à Nancy. Comme beaucoup d’artistes il aime ces rendez-vous populaires et en ouvrant son atelier, il profite de ses trop rares moments dans sa ville pour partager simplement son boulot. A défaut d’une coulure, vous en reprendrez bien un trait ?

Flow > 91, Grande Rue, Nancy (cour du fossé aux chevaux, face au Palais Ducal). Plus d’infos sur flowpainting.com et sur Facebook FLOW Painting