Édito
Aux grands mots, les petits remèdes
Selon Francis Bacon, « celui qui n’appliquera pas de nouveaux remèdes doit s’attendre à de nouveaux maux ; car le temps est le plus grand des innovateurs. » Pourtant pour un artisan d’art l’idée de transmission est essentielle : un geste reproduit depuis des siècles, un savoir distillé d’ancien à futur maître. Pour autant, il faut s’éloigner des idées préconçues. Si l’humanité était restée à la simple perpétuation d’un patrimoine, il aurait fallu jeter dans l’oubli la perspective en art, théorisée par Leon Battista Alberti, tirer un trait sur le génie de Leonardo Da Vinci puis, en effectuant un saut dans le temps, déchirer les toiles des Impressionnistes, des Cubistes… Aux oubliettes Munch, Klimt, Picasso et tant d’autres. Aux oubliettes aussi le pantalon, remplaçant les culottes aristocrates, ou les cathédrales gothiques à la recherche de hauteur et de lumière.
Les innovations d’aujourd’hui ont d’autres noms : imprimante 3D, outils de modélisation, découpe laser… Tous ces instruments modifient peu à peu la pratique des métiers d’art. Sont-ce des maux ou des remèdes ? Assurément ils ne sont ni l’un, ni l’autre. Ils accompagnent juste le geste des artisans d’art de façon différente. Les Journées Européennes des Métiers d’Art, les 27, 28 et 29 mars prochains, permettent de prendre la température de ces avancées, comme elles s’intègrent dans un paysage professionnel particulier où l’objet est fruit de patience et de mesure. Découvrez dans ces pages, le visage des métiers d’art, d’aujourd’hui et de demain. Partez à la rencontre de ces hommes et de ces femmes qui les portent au bout de leurs mains d’or. Parmi ceux-ci, une jeune génération pleine de promesses redessine les contours de leur activité, tel Lise Saillard et Thibault Périsse de l’atelier 124 ou Emanuelle Cuny. Et puis, il y a aussi les sages, bardés d’expérience, mais qui ne s’arrêtent pas à si bon compte. Parfois ancienne et nouvelle génération marchent main dans la main. C’est le cas de Pierre et Alexandre Bianchi, horloger et joaillier, unis par les liens familiaux et la passion de leur métier. En Moselle, ils donnent un coup de jeune à l’horlogerie.
Et puis, l’Hiver s’épuise. Un peu chafouin, un peu refroidi. Cela n’a pas empêché à OFF Kultur de nous amuser les écoutilles avec des concerts en appartement. Grâce à HOME SWEET HOME, la fin de l’Hiver se fera justement moins triste… La saison pourra mourir avec panache mais en patachon, bien au chaud entre quatre murs. Bientôt le Printemps dardera ses rayons mais sachons prendre le temps. Innover, c’est savoir attendre son temps et le saisir quand il arrive.