La maison passive passée au crible

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Promettant de vous chauffer sans impacter votre portefeuille, la maison passive a déjà séduit un millier de Français. Zoom sur une construction d’avenir.

Depuis le premier janvier 2013, la réglementation thermique, dite RT 2012, impose à toute nouvelle construction de respecter des normes destinées à limiter la consommation d’énergie. L’objectif est de réduire la facture annuelle de chauffage des Français (qui est en moyenne de 900 € ) à 250 €. Et le gouvernement annonce déjà, à l’horizon 2020, un prochain plan, dont l’ambition sera d’abaisser la consommation à… zéro ! Un tel habitat, qui est chauffé sans consommer d’énergie, existe déjà : c’est la maison passive. On en compte un millier en France.

Passive mais intelligente

Pourquoi cette maison est-elle qualifiée de passive ? Parce qu’elle ne fait aucun effort pour produire de la chaleur ! Autrement dit, elle se contente intelligemment de récupérer et de recycler les degrés ambiants.
Son concept est simple : la chaleur dégagée par le « ventre » de la maison (les occupants du logement, les appareils électriques qui, comme les fours, font monter la température) et celle apportée par les « yeux » de la maison (les baies vitrées par où le soleil communique sa chaleureuse lumière) suffisent à chauffer l’habitation. En théorie et dans le meilleur des mondes, la consommation d’une maison passive est réduite à zéro. En pratique, il y a toujours besoin d’un petit chauffage d’appoint. Mais juste un poil : une maison passive est trois fois moins gourmande qu’une maison RT 2012. Du coup, la facture n’excède jamais 10 € par mois.

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Un surcoût de 20 %

Pour obtenir un tel résultat, la maison passive doit répondre à de nombreuses exigences : une isolation renforcée des façades, des fenêtres à triple vitrage, une double ventilation qui permet à l’air sortant de chauffer l’air entrant, une architecture et une orientation destinées à tirer un profit maximum de l’ensoleillement, une excellente étanchéité à l’air extérieur et l’emploi de matériaux adaptés. Par exemple, 80 % des maisons passives ont une ossature en bois. Il est même possible, pour faire plus d’économies, de récupérer la chaleur des eaux usées par les lave-vaisselle, lave-linge, lavabos et autres douches.
Bien évidemment, ces équipements ont un coût. En moyenne, il est estimé qu’à l’achat, une maison passive revient 20 % plus cher qu’une habitation classique. Alors, à l’heure où la législation impose déjà la maison « basse consommation », est-il intéressant, pour diminuer encore davantage sa facture de chauffage, d’opter pour une « maison passive » ? D’un point de vue purement comptable, on peut en douter dans la mesure où la durée d’amortissement de votre bien sera plus longue pour une maison passive. Néanmoins, après ce laps de temps, le gain financier issu des économies d’énergie réalisées sera plus important.

À noter : Le gouvernement accorde des aides financières en faveur des économies d’énergie dans les logements neufs.

La preuve par le calcul

  • Les économies d’énergie espérées : la maison « basse consommation » issue de la RT 2012 promet 650 € de gains annuels, contre 900 € avec la maison passive.
  • La durée d’amortissement : l’achat d’une maison basse consommation entraîne un surcoût de 10 % ; un bien d’une valeur de 200 000 € revient donc à 220 000 €. Dès lors, la durée d’amortissement est de trente ans (le surcoût de 20 000 € divisé par les 650 € d’économies annuelles).

Dans le cas de la maison passive, le surcoût initial est de 20 %, soit un coût de revient à 240 000 €. Il faudra donc quarante-quatre ans pour amortir cet investissement (le surcoût de 40 000 € divisé par les 900 € d’économies annuelles).

Olivier

Infos pratiques : www.developpement-durable.gouv.fr/-Aides-financieres,5776-.html