Quand le design fait « cocorico »

290

Si, dans les produits de consommation courante, la french touch est aujourd’hui à la mode, le marché du mobilier et du design agite lui aussi les clochettes du made in France pour rallier les suffrages. La bonne nouvelle c’est que, niveau prix, le consommateur s’y retrouve largement

Depuis la très médiatique marinière d’Arnaud Montebourg, le made in France a plus que jamais le vent en poupe. Réflexe patriotique ou remède anti-crise, cet engouement pour la fabrication française ne s’observe pas seulement dans la consommation de produits courants mais aussi dans le secteur du mobilier et de la décoration. Car de nouveaux designers et fabricants ont pris le risque du savoir-faire hexagonal et ce n’est pas forcément plus cher pour le consommateur…

Le pari d’une production locale

Selon un sondage BVF-Influencia publié l’année dernière sur le thème des Français et de la consommation responsable, 95 % des sondés pensent qu’acheter un produit fabriqué dans l’Hexagone est un geste citoyen, et 72 % estiment même que les entreprises qui réussiront demain sont celles qui préserveront l’emploi sur le territoire. Beaucoup de designers ont donc flairé l’opportunité qui s’offrait à eux. Car, depuis quelques années, les maisons d’édition de mobilier et d’objets poussent comme des champignons : Polit, Haymann, Petite friture, Y’a pas le feu au lac, Slow édition… Des petites entreprises qui parviennent sans trop de mal à fabriquer leurs produits en France et qui produisent essentiellement à la commande. Parmi elles, il faut aussi désormais compter sur B.U.D. – beau, utile et durable – spécialisé dans le mobilier en chêne massif et créé par Jean-François Marcheguet. B.U.D. mise avant tout sur le 100 % français et même sur le 100 % local car l’entreprise favorise les filières courtes pour la fabrication de ses meubles en faisant appel à la scierie Mommert, située en Normandie. Pour le fondateur de la marque, cette initiative est « une réponse à la crise, une façon de s’engager et de proposer autre chose ». Autre chose, c’est-à-dire une résistance farouche à la mondialisation du marché du meuble. Car, aujourd’hui, la Chine est le premier exportateur de mobilier et la plupart de nos canapés proviennent de ce leader mondial ou d’autres pays comme l’Indonésie. Si Jean-François Marcheguet assure « ne plus aller chez Ikea » depuis la création de B.U.D., pour d’autres, il paraît impossible de passer à côté des géants du meuble qui ne produisent pas sur notre sol. Et pourtant…

Acheter français sans se ruiner

On entend souvent dire que le made in France, c’est cher, et qu’il n’est pas possible de tout acheter français. Certes, mais si les prix sont plus élevés, c’est aussi parce que les produits sont de meilleure qualité et que les normes de production ne sont pas forcément les mêmes qu’à l’étranger. Malgré ces tarifs, les Français seraient prêts à payer 10 % de plus pour de la fabrication locale selon une récente étude de l’Ifop. Mais nul besoin de se ruiner pour acheter tricolore : de nombreuses enseignes proposent leurs produits à des prix très compétitifs. Chez B.U.D. toujours, on trouve une table à manger en chêne massif à 450 € et un banc de table à 200 €. Des montants à peine plus élevés que ceux pratiqués dans la grande distribution. « Nous parvenons à proposer un prix juste en favorisant les commandes groupées et en privilégiant les filières courtes », confie Jean-François Marcheguet, même si les prix devraient bientôt augmenter un peu. Mais il n’est pas le seul à proposer des produits abordables pour le commun des mortels. D’autres marques affirment haut et fort leur ancrage en France. L’enseigne montagnarde Lafuma vend par exemple des fauteuils de jardin design à moins de 65 €, La Belle mèche commercialise des bougies végétales à 30 €, confectionnées par un artisan cirier dans le sud de la France, Mister Bandit propose des coussins déco et originaux pour 15 ou 25 €, et Landmade vend des luminaires à moins de 190 € ou de la vaisselle fabriquée dans la Drôme pour quelques dizaines d’euros. La preuve que, pour se meubler ou décorer son home sweet home, il n’est pas besoin d’appeler son banquier…

Les labels en question

Attention toutefois aux entreprises qui affirment fabriquer en France et qui ne produisent qu’une infime partie de leurs produits dans l’Hexagone. Car il suffit que la dernière transformation d’un article ait lieu sur notre sol pour que la mention « fabriqué en France » puisse être apposée. Il existe cependant un label « Origine France garantie » qui permet d’éclairer le consommateur mais certains entrepreneurs militent carrément pour un label MEF (mes emplois en France), qui pourrait valoriser les entreprises dont les sites de production sont hexagonaux.

Infos pratiques : www.lafabriquehexagonale.com