Maisons passives, comment ça marche ?

299

Pour en finir avec les factures de chauffage, une solution existe : les maisons passives. En contrôlant précisément l’air entrant et sortant, on peut mettre les radiateurs au rancart.

On les surnomme les maisons sans chauffage… Si l’appellation est abusive, les chiffres sont sans équivoque : les habitations passives consomment jusqu’à 90 % d’énergie en moins pour le chauffage que leurs équivalents classiques, soit 15 kWh par m² et par an au plus, contre au moins 40 kWh par m² et par an pour un logement respectant les dernières normes de la basse consommation. Le secret de ce bilan enviable ? Une capacité à retenir la chaleur produite par les appareils, les habitants et l’ensoleillement pour obtenir une température minimale de 18 °C. Concrètement, les méthodes de construction ne sont pas fondamentalement différentes de celles pratiquées habituellement, mais une attention redoublée est apportée à certains points afin de garantir une véritable étanchéité du bâtiment.

imageArticle1

Passivité mode d’emploi

Pour présenter le moins possible de prise au vent, la maison doit être compacte, ce qui, dans les faits, revient à privilégier une architecture simple, sans fioritures, afin de minimiser les surfaces extérieures.
La qualité de l’isolation est bien sûr au cœur de la construction. Celle-ci doit être à la fois performante et renforcée, quel que soit le matériau choisi. Par ailleurs, les ponts thermiques doivent être éliminés autant que faire se peut. Principaux responsables des déperditions de chaleurs, ces ponts se situent là où l’isolation s’interrompt : entre deux plaques d’isolant ou aux endroits où l’on change de matériaux. Pour les éviter, on privilégie l’isolation par l’extérieur, qui consiste à créer une enveloppe isolante autour de l’ensemble du bâti plutôt qu’autour de chaque pièce pour en garantir la continuité. Ainsi, la protection n’est pas rompue par la jonction des murs avec les planchers ou les plafonds.
Les fenêtres jouent également un rôle prépondérant : elles doivent laisser entrer un maximum de soleil sans laisser sortir l’air. Leur orientation est savamment calculée : une large majorité d’entre elles doivent donner sur le sud, celles tournées vers l’ouest ou l’est ne devant pas représenter plus de 15 % de la surface habitable. Si cela s’avère impossible, la température intérieure risque d’être trop élevée en été. Il faudra alors les équiper d’une protection (volet, rideau) ayant un facteur de protection de 75 %.
Les fenêtres en elles-mêmes doivent être « chaudes » : on optera pour le triple vitrage, et l’isolation des raccordements entre les huisseries et le mur sera particulièrement soignée, de même que le châssis. Pour maintenir une température stable, les fenêtres ne sont jamais ouvertes : le renouvellement de l’air se produit grâce à un système de ventilation mécanique contrôlée double flux, qui utilise la chaleur de l’air sortant pour réchauffer l’air entrant.
Une fois tous ces dispositifs en place, l’étanchéité de la maison devrait être parfaite. Ne reste plus qu’à rechercher les fuites et à les colmater !

 

Dépenser plus pour épargner plus

Reste la question du prix. Si l’on utilise des matériaux écologiques, une maison passive s’avère en moyenne 20 % plus chère qu’une maison classique, principalement en raison de l’attention portée aux détails. Outre une forte limitation du chauffage, ces constructions s’inscrivent aussi dans une démarche d’économie d’énergie sur l’électroménager. En combinant les deux, l’investissement de départ est rentabilisé en dix à vingt ans, suivant le climat.

Sidonie Joly