Les carreaux de ciment font leur retour

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Concurrencés par les céramiques émaillées industrielles, les carreaux de ciment offrent pourtant une impressionnante variété de motifs et de couleurs. Les industriels français recommencent à en produire…

Vous les avez sans doute vus dans les maisons anciennes, dans les couloirs et les jardins d’hiver où il était coutume de les utiliser. Vous avez remarqué leur douce patine, la chaleur de leur couleur, leurs étonnants motifs fleuris ou géométriques. Leur résistance aux aléas du temps vous a surpris. Bonne nouvelle ! Les carrelages en ciment se déclinent à nouveau au présent et les décorateurs leur vouent un véritable culte. Aujourd’hui, ils investissent tous les espaces de la maison, de la cuisine, au hall d’entrée, en passant par le salon et la salle de bains… Avec ou sans motifs, en damier ou en patchwork, leurs couleurs chaudes et leur toucher unique réjouissent nos intérieurs.

Histoire d’aujourd’hui

De leur Ardèche natale, où ils virent le jour à Vivier, en 1850, ils conquirent rapidement les palais de Saint-Pétersbourg, les fiers immeubles du Barcelone de Gaudi, les villas coloniales d’Indochine, sans oublier les bâtiments publics et les habitations populaires. Malheureusement, depuis une quarantaine d’années, l’Hexagone a cessé de les fabriquer. C’est donc au Maroc et au Vietnam, devenus les gardiens de ce savoir-faire, qu’il faut désormais rechercher les principaux producteurs. Chaque carreau de ciment est réalisé manuellement. Il est constitué d’une succession de couches de mortiers fins dont la dernière intègre un mélange de poudre de marbre, de ciment fin et de pigments. Les motifs sont réalisés à partir de compartiments, sortes d’alvéoles aux formes travaillées qui sont placées dans un moule puis remplies des couleurs correspondant au modèle original. La teinte réalisée dans la masse et l’absence de cuisson (les carreaux sont séchés au soleil) expliquent leur forme parfaitement plane, leur résistance aux chocs, à l’usure et l’intensité de leur couleur. Ces carreaux se posent aussi bien au mur qu’au sol, circonscrits entre des joints très fins (1 mm) pour une finition élégante. D’un entretien facile (eau et savon de Marseille), ils doivent toutefois être enduits annuellement d’une cire pour marbre, liquide et incolore, qui va les protéger, les imperméabiliser et raviver leurs couleurs.

Rétro ou branché…

Losanges, damiers, rosaces, entrelacs floraux, arabesques, motifs géométriques ou baroques, d’inspiration art déco ou contemporaine… Les carreaux de ciment affichent des ornements exubérants comme des lignes épurées. La plupart des entreprises proposent des reproductions de modèles anciens, la réalisation de certains motifs s’obtenant par l’association de plusieurs carreaux. Mais la modernité est de mise, tant dans les coloris au goût du jour que dans de nouveaux ornements. Certains fabricants, à l’instar de la Cimenterie de la Tour (à Montpellier), font appel à l’imagination de designers ou d’artistes plasticiens  (Hervé Di Rosa par exemple). D’autres (comme Mosaïc del Sur) proposent même de réaliser vos propres carreaux à partir d’un dessin ou d’une photo. Rouge brique, jaune foncé, bleu intense, vert mousse… De couleurs pastel ou vives, unis ou à motifs, les carreaux de ciment peuvent couvrir tout un sol ou un mur. Ils s’emploient aussi par touches décoratives, en bandes dégradées, en frises ou en damier pour un look rétro. Leur côté vintage convient aussi bien aux intérieurs rustiques que contemporains. Ils sont commercialisés dans une large variété de tailles et de prix : comptez de 60 € (pour les unis) à 150 € le m2.

Marie Vanhamme