Le compostage est l’un des piliers du jardinage biologique et durable. Il permet de recycler et de valoriser les déchets organiques générés par le jardin et la cuisine. Plus le jardinier organise son aire de compostage, plus il lui sera facile de mener à bien cette opération plus subtile qu’on ne le pense.
Comme le forgeron qui, pour battre le fer tant qu’il est encore chaud, ne doit pas perdre de temps à chercher ses outils, jardinier, si tu veux bien composter, il faut t’organiser ! La forge n’est pas un cloaque, son aménagement est mûrement réfléchi. Regarde, le marteau est ici et l’enclume est là. D’un geste, notre homme attise le feu, d’un autre il saisit sa tenaille, en étendant le bras, il attrape le fer et le plonge dans la braise sans faire un pas de trop. C’est ainsi qu’il faut envisager ton aire de compostage. Alors en compostant, tu deviendras composteur.
Une vraie petite cuisine
Le processus de compostage est une transformation lente de matières organiques brutes (déchets du jardin ou de la cuisine) en amendement fertilisant. Pour réussir cette opération dans les meilleures conditions, il faut disposer d’outils et de matériel à portée de main. L’idéal est d’organiser l’aire de compostage en construisant un petit abri, protégé par un toit sous lequel sont disposés trois grands bacs collecteurs ; deux pour le compostage et un pour les matières carbonées.
Séparer les tas
Les deux bacs de compostage permettent d’alterner les apports. Pendant que l’un est en cours d’approvisionnement, l’autre, rempli, est en phase de maturation. Contentez-vous de brasser ce dernier tous les mois afin de l’oxygéner. Lorsque le premier est plein, il passe en phase de maturation tandis que le second, vidé puis tamisé, devient le tas à approvisionner. Les matières dont la décomposition est incomplète sont remises à composter.
Protéger des intempéries
Un compostage réussi est le fruit d’un subtil équilibre obtenu entre l’air et l’eau, le carbone et l’azote à l’intérieur du tas. Trop d’eau et d’azote provoquent le tassement des matières, entraînant putréfaction et mauvaises odeurs à cause du manque d’oxygène. À l’inverse, trop d’air et de carbone, en asséchant le tas, ralentissent ou bloquent la transformation des matières. Protégez les deux bacs de compost des rayons du soleil et de la pluie directe avec un toit de canisses ou de brandes de bruyère.
Séparer les matières
Afin d’équilibrer le rapport carbone/azote dans le tas et d’en optimiser la maturation, il faut différencier les apports. Or, les matières carbonées (feuilles mortes, aiguilles de pin, broyat de bois…) ne sont pas disponibles toute l’année. Stockez-les dans le troisième bac, de manière à pouvoir les mélanger à parts égales, avec chaque apport de matières azotées (déchets de cuisine, tonte, résidus de tailles…). Idéalement, ce bac est à l’abri des intempéries, sous un toit hermétique. Par le biais de gouttières reliées à une cuve de stockage, profitez-en pour récupérer les eaux de pluie.
Tout à portée de la main
Enfin, le compostage nécessite différents outils, produits ou ustensiles qu’il est bon d’avoir à portée de main. Un point d’eau permet de corriger un défaut d’humidité ou de préparer d’éventuelles potions activatrices. Une fourche et une pelle sont nécessaires pour remuer le tas et le cribler après maturation. Une aire de stationnement pour la brouette située sous une grille de criblage simplifie énormément le travail de tamisage. Un petit système d’éclairage solaire sécurise l’accès au tas après la nuit tombée. Quelques étagères permettent de ranger les ustensiles à l’abri.
Tout ça, ça donne quoi ?
Les dimensions de l’abri dépendent de la taille des bacs qui dépend elle-même de la taille du jardin. Cependant, un abri de 3 x 1,5 m est un minimum.
Benoit Charbonneau
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