Qui pourrait se sentir à l’aise assis sur un fauteuil rugueux ou allongé entre des draps rêches ? Le confort passe aussi par un bon choix de tissus.
Une chenille n’a pas toujours le choix au moment de créer son cocon. Certaines savent pourtant déjà où se niche le confort et c’est en les observant que l’on a pu obtenir la soie et sa douceur incomparable. Nous avons pourtant encore plus de chances que ces insectes douillets : nous pouvons sélectionner nos matières préférées au moment de créer notre propre abri.
Plus douce sera la chute
Pour s’envelopper confortablement, il ne faut pas hésiter à miser sur l’épaisseur. Les plaids souples en fausse fourrure, les couvertures matelassées et les tapis aux longues fibres nous feraient presque attendre avec impatience les soirées d’hiver tant il est doux de se lover dedans. Les tissus molletonnés s’immiscent maintenant partout, à tel point qu’on les retrouve même sur les murs ou les meubles. Ils permettent de créer un espace où les chocs sont amortis, où la gravité du monde n’a que l’importance qu’on s’estime prêt à lui accorder, comme vue depuis un boudoir ancien. Le velours, quant à lui, habille des fauteuils faits pour les retraites à la campagne, lorsque prendre le temps de vivre est une évidence. Les papiers peints se parent parfois de dessins en relief en panne de velours : même le simple geste de laisser traîner sa main le long d’un mur devient alors une expérience des sens. Tranquillement, une ambiance se crée, juste en optant pour ces matières solides qui nous attachent à la terre…
De l’ancien naît la nouveauté
Le feutre à la texture si douce s’invite de plus en plus dans nos intérieurs. On le retrouve aussi bien pour envelopper un coussin qu’en dessous-de-plat. Inspirant des créateurs comme Normann Copenhagen et sa collection « Kula », il est le vecteur d’une recherche constante sur la manière d’utiliser des matières oubliées. Les fenêtres portent maintenant du lin, été comme hiver, pour laisser passer une lumière assourdie. Les fibres naturelles sont mixées entre elles afin de créer de nouveaux effets : sisal ou raphia restent rustiques mais sont adoucis ; ailleurs le cachemire et la laine mérinos sont teintés avec des pigments naturels, comme chez la marque espagnole Teixidors… Les rideaux ou dessus de lit sont surtout aériens, la plupart du temps, quelles que puisse être leur efficacité pour conserver la chaleur humaine. C’est toute une manière de voir le monde qui transparaît dans cette légèreté.
Innovations
Les nouveaux tissus savent aussi utiliser les travaux des scientifiques les plus créatifs. Après les oreillers à mémoire de formes, on trouve maintenant les coussins thermorégulés. Composés de textiles intelligents utilisés par la Nasa, ils s’adaptent aux variations de température les plus extrêmes. Des microcapsules absorbent la chaleur émise par le corps et la restituent quand ce dernier refroidit, que ce soit par le procédé naturel du sommeil ou parce que la pièce se rafraîchit. Les sueurs nocturnes ne sont plus qu’un ancien cauchemar, le sommeil est apaisé… et nettement plus agréable. De son côté, un chercheur pakistanais a conçu un textile autonettoyant et antibactérien. Il a remporté le Prix de l’innovation textile en 2011 avec ce concept. On l’attend de pied ferme pour protéger nos canapés des taches de liquide !
Bien dans sa tête
Les tissus bio permettent aussi de profiter de sa décoration intérieure sans arrière-pensées déplaisantes. Le coton ou le chanvre sont bien sûr les chefs de file de cette tendance, tout comme les pigments naturels. Une créatrice britannique, Suzanne Lee, vient pour sa part d’imaginer un tissu à base de thé vert, de sucre, de bactéries et de levure. Il est aussi biodégradable et pourrait rejoindre le tas de compost à la fin de sa vie. Voilà qui permet de s’offrir simultanément une conscience écologique… et une bonne raison de renouveler sa déco.
Références : www.normanncopenhagen.com • www.teixidors.com • www.biocouture.co.uk