Les toits végétaux prennent racine

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Le toit vert, appelé aussi toit végétal, est un concept de toiture utilisant de la terre et des végétaux en remplacement des couvertures traditionnelles. Place à une construction « préhistorique » et révolutionnaire !

Friedensreich Hundertwasser, artiste autrichien inclassable et marqué par un immense amour de la nature, fut l’un des pionniers d’une architecture humaniste et écologique. Dans les années 1960, il a développé l’idée de toitures végétales pour certaines de ses constructions. Ce type de toit connaît aujourd’hui un essor mondial. En Allemagne, durant les dix dernières années, 10 % des toits ont été végétalisés grâce à des réductions fiscales importantes. Au Japon, la ville de Tokyo exige que toute construction occupant plus de 929 m2 soit couverte de végétaux sur 20 % de sa surface. En France, le concept est en pleine expansion : à Paris, les nouveaux grands bâtiments comprennent toutes un pourcentage de verdure.

De la terre…

Le toit végétal est une variation nordique du toit de terre, un matériau lourd qui protège surtout par sa masse. Le toit vert, par sa légèreté et l’air qui s’y trouve, est beaucoup plus performant en termes d’isolation. Un compost constitué d’écorce ou de paille est mélangé à du terreau. À l’origine, la construction était basique : la terre ou des mottes de gazon étaient étendues sur de l’écorce de bouleau posée sur le toit. L’écorce tenait le rôle de barrière imperméable tandis que la terre n’avait pour seul but que de retenir cette dernière. Les techniques contemporaines ont décliné ce principe avec deux couches complémentaires : une membrane d’étanchéité (en bitume ou en caoutchouc) et une couche de drainage et de filtration faite de granulats d’argile expansée, de graviers ou de plaques de polystyrène alvéolées et nervurées.

…et des plantes

Pour les grandes superficies, les très résistants sedums, mousses, graminées ou plantes grasses, qui se multiplient facilement sans dépasser 25 cm de hauteur, sont plantés de manière extensive. Ce mixage de plusieurs variétés donne un aspect multicolore qui varie au gré des saisons. La culture intensive concerne de plus petites surfaces et peut être comparée à celle de jardins ordinaires. L’épaisseur du substrat, plus importante, permet d’accueillir une végétation à fort développement racinaire. Il est alors possible de semer toutes sortes de végétaux (graminées, gazons, plantes vivaces ou arbustes). Avec une charge plus importante, la construction doit être adaptée. Il est préférable de vérifier la capacité des structures du bâtiment avant toute intervention.

Pour quels avantages ?

Les toitures végétales améliorent le confort et plus largement l’environnement. Les performances thermiques dues à la masse et à son inertie régulent les températures. L’épaisseur de la toiture constitue une bonne isolation acoustique. Côté environnement, les végétaux, en absorbant particules et matières toxiques, assainissent l’air. Leur capacité à retenir l’eau, soit environ 60 % de la pluie qui s’écoulent sur le toit, évite de grossir les eaux collectées et, lors de fortes averses, de déstructurer les sols. Un enjeu concerne la biodiversité : la toiture restitue, au cœur de la ville, des oasis de verdure, microespaces réinvestis par la faune et la flore. Enfin, cette technologie offre des possibilités d’agriculture dans un milieu urbain qui ne demande qu’à être exploité. Un enjeu de société pousse sur nos têtes…