Dans les Vosges, la forêt règne en maître. Mais un seul arbre pose ses racines sur le trône royal : le hêtre. Le 24 novembre dernier, certains acteurs de la filière bois, invités par le Pays d’Epinal Cœur des Vosges, se sont réunis à l’École nationale supérieure des technologies et industries du bois (Enstib) pour discuter de son avenir d’ici 2050.
Dans les Vosges, le terroir rime avec forêt et plus spécialement avec hêtre. Pour valoriser cet or vert, de nombreuses actions ont été mises en place, à commencer par la création en 2012 de la marque « Terres de hêtre ». À travers elle, le syndicat mixte Pays d’Épinal Cœur des Vosges cherche à étendre les emplois de ce bois et à accompagner la recherche et l’innovation sur cette essence. Le 24 novembre dernier, l’Enstib a accueilli un colloque sur le thème « la filière bois feuillu en 2050 ». Pour les acteurs de celle-ci, ces rencontres permettent d’imaginer de quoi la forêt de demain sera faite. Et cette dernière a cela de délicat qu’elle ne se fabrique pas à la chaîne. « Elle ne change pas en un claquement de doigt. Mais en même temps, il faut pouvoir faire face aux besoins du marché », souligne Emmanuel Groutel, économiste de la filière. L’idée est de tirer le maximum de valeur de la production locale. Et les possibilités offertes par les feuillus en général et l’essence de hêtre en particulier sont encore à exploiter. Selon Pascal Triboulot, directeur de l’Enstib, « les forêts sont nos carrières vertes de demain et l’industrie du bois avance, à son rythme, vers la création de valeur ajoutée aux produits bois ».
L’architecture de demain
Il retient aussi les capacités de l’arbre à s’élever et rivaliser, sous l’action humaine, avec les plus hautes tours du monde. Mais en architecture, le résineux reste privilégié et le hêtre est souvent sous utilisé, voire sous-estimé. La marque « Terres de Hêtre » veut montrer le potentiel de cette essence. Ainsi, le Pays d’Épinal Cœur des Vosges a lancé en 2012 un premier concours d’idées basé sur l’utilisation appuyée de ce bois dans l’élaboration de futurs bâtiments locaux. Sa première édition a permis d’imaginer l’édification d’un ensemble de huit maisons d’habitation de loisir en bois de hêtre autour du plan d’eau de Xertigny. Pour la deuxième édition, architectes et ingénieurs ont dû plancher sur la construction d’une Maison du vélo implantée dans la même commune. Une trentaine de propositions est arrivée entre les mains du jury. Le 24 novembre, en clôture du colloque, trois d’entre elles ont été récompensées après six mois de travail intense : le cabinet Liermann de Strasbourg, le collectif Opsin de Nancy et Céline Scher basée à Épinal. Tous présentent des bâtiments innovants, respectueux de la démarche de développement durable et intégrés de façon naturelle à leur environnement. Le premier prix de ce concours, représenté par François Liermann, semble résulter d’une expérience ludique, à la manière des jeux de construction : les poteaux soutenant la structure composent de multiples tours d’assemblage. « J’aime l’idée du bois qui se lève. Cela rejoint l’image de l’homme qui se lève d’il y a très longtemps », explique l’architecte. En clôture du colloque, les participants et le grand public ont pu assister à une conférence de l’architecte et artiste visionnaire Luc Schuiten sur sa Cité Végétale, une vision idéale et néanmoins réaliste d’une construction respectueuse de l’homme et de l’environnement. Avec le hêtre, le Pays d’Épinal Cœur des Vosges a décidé de prendre de la hauteur.
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