Peintre de la liberté joyeuse et de la lumière retrouvée, Gary expose à la Fondation Solange Bertrand, place de la Carrière à Nancy, jusqu’au 16 juin.
Artiste protéiforme, Didier Gary a investi le monde de l’art via le théâtre, comme metteur en scène et fondateur de la compagnie OZ theaterland. Défenseur d’un genre « mutant », il mêle alors le cinéma aux arts plastiques, la vidéo à l’écriture et aux performances de rue. La peinture était un loisir ; elle l’a, depuis, happé tout entier. Trente ans plus tard, l’artiste originaire de Blâmont est devenu un « peintre heureux », inventeur de toiles colorées, extraverties, lumineuses.
Installé dans un atelier partagé au 32 place des Vosges à Nancy, Gary aborde chaque journée avec l’envie et l’enthousiasme d’un jeune premier. La toile blanche est un territoire à investir, le médium d’une intense liberté, d’une créativité jusqu’auboutiste, d’une énergie sans limites.
Chercher (et trouver) la lumière
Tout commence, systématiquement, par une esquisse tracée à même la toile. Puis vient le temps des pinceaux et de la mise en couleur, couleur travaillée par blocs qui s’assemblent, se heurtent ou se confondent, jusqu’à obtenir un patchwork furieusement cohérent.
Il y a trente ans, Gary représentait le Christ et ses apôtres, œuvre grand format visible, aujourd’hui encore, au sein de la salle à manger de l’Abbaye des Prémontrés. Le trait s’est depuis affiné, la lecture s’est éclaircie et l’envie d’attraper la lumière, prégnante ces derniers mois, se réalise. « Depuis un an, je découpe des zones de lumière dans la peinture, quête qui relève d’une démarche ludique de l’ordre du plaisir, de la joie dans la liberté, de l’absence de règles. Cela a à voir avec l’enfance ». De lui gamin, Gary raconte qu’il « peignait tout le temps, n’emmerdait personne ». Qui a dit qu’on ne changeait jamais vraiment ?
Attention, peinture fraîche !
Pour sa nouvelle exposition, visible jusqu’au 16 juin, Gary a rassemblé une vingtaine de toiles correspondant à son travail des six derniers mois. Dans cet écrin aux murs en vieille pierre et au sombre plafond qu’est la Fondation Solange Bertrand, le public découvrira, jusqu’au 16 juin, des œuvres lumineuses ; la lumière étant le seul fil rouge de cette exposition tout sauf thématique. « J’ai du mal avec le fait de tenir un sujet sur le long terme. Je peins au jour le jour ». Et si Gary évite à tout prix de se laisser enfermer, il lui arrive, en revanche, de peindre sur commande, moyen pour lui de « s’embarquer dans des directions » qu’il n’aurait « pas forcément empruntées ». « À chaque fois c’est un challenge. Et pour conserver ma liberté créative, j’assure celle de mon commanditaire en le libérant, au préalable, de toute obligation d’acquisition ». Pour cette exposition, il a mis la technique au service du sens, comme il le fait toujours. À chacune et chacun, ensuite, d’y trouver la symbolique.
Cécile Mouton
→ Fondation Solange Bertrand, 13 place de la Carrière à Nancy – Ouverte du lundi au vendredi de 10h à 12h et de 14h à 17h Fondationsolangebertrand.org
Photos © Fondation Solange Bertrand, Gary, DR
