All you need is « Punk Records »

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Quarante ans qu’il résiste encore et toujours à l’envahisseur. En revanche, Francis Kremer ne se bat pas contre de vils Romains, comme dans la mythique BD de Goscinny et Uderzo, mais contre de plus gros poissons. Punk records is not dead !1

« Punk records » est un bout de Camden Town en plein cœur de Nancy. Coincé entre deux restaurants, la boutique passe presque inaperçue, comme une faille spatio-temporelle au milieu de la rue. Pourtant, elle est là depuis 1975 et a remplacé le bric-à-brac d’un antiquaire par une collection hallucinante de galettes estampillées rock, blues, jazz, soul ou des disques compacts d’import. Et derrière ce lieu de résistance musicale se cache un sacré personnage : « l’irréductible Gaulois » Francis Kremer. « Je suis tombé dans la marmite dès l’âge de onze ans. En 1966, la radio française ne diffusait que du Johnny ou du Cloclo », pas vraiment la tasse de thé du bonhomme… « Heureusement, mon grand frère m’a fait découvrir ce qui se passait de l’autre côté de la Manche, les Beatles et les Stones », reconnaît-il avec espièglerie. La vague anglo-saxonne a tout balayé. Une seule chose est restée : la passion du disquaire.

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Punk à la racine

Sur la devanture en bois d’un bleu délavé, les lettres de l’enseigne se contorsionnent façon psychédélique. Mais où est le punk dans tout cela ? N’espérez pas être accueillis pas un propriétaire avec une iroquoise plantée sur la tête et des épingles à nourrice dans les oreilles. Francis Kremer, c’est plutôt cheveux longs attachés et petites lunettes rondes d’érudit du rock, celui qui passe son temps à dénicher des perles ou découvrir des groupes improbables. « En fait, au moment où je me suis installé le mot existait déjà. Au début des années 70, Yves Adrien, chroniqueur dans Rock & Folk, signait sous le nom de « Sweet Punk » puis d’ « Eve Punk ». Dans la chanson « flower punk », sur l’album We’re only in it for money,  Frank Zappa s’adresse à un hippie et le traite de punk (idiot en argot). Le terme ne désigne pas seulement The Clash et les Sex Pistols. Et puis Rock records n’allait pas ; l’autre alternative était plus branchée », se souvient-il.

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Le vinyle, envers et contre tous

Pendant la tempête internet et MP3, il s’accroche aux vinyles et tient bon. « S’il en reste un seul à vendre, ce sera chez moi. Ce support a survécu grâce aux indépendants. Les maisons de disque leur abandonnaient des licences pour tirer quelques exemplaires en toute confidentialité. Aujourd’hui, elles font marche arrière et relancent leur production, quitte à engloutir les petits », déplore-t-il. Et dans son incroyable collection, le disquaire a quelques bon vieux crus oubliés comme les « Rupert’s people ». Pour lui, la musique ne reste pas confinée à la platine, elle s’écoute au grand air, en live. Au détour de la conversation, il se remémore en riant un concert exceptionnel du jazzman Sun Ra aux NJP : « lui habillé en égyptien entouré de ses saxophonistes qui commencent à partir tous en impro free jazz. Des mulots ont littéralement fui le chapiteau tellement c’était fort ». Plus qu’un irréductible Gaulois, Francis Kremer est un indécrottable punk, un « vaurien » en rébellion contre l’ordre musical établi.  Seul la coiffure diffère. À bas les crêtes, bonjour les crêpes (de vinyle bien sûr) !

Punk Records, 27 rue des Maréchaux à Nancy. Tél. 03 83 36 79 56

1 Allusion au slogan « Punk’s not dead », le punk n’est pas mort