Restauratrice de sculptures, Florence Godinot redonne vie aux œuvres des musées, communes et particuliers abîmées par l’usure des siècles.
Dire qu’elle est allée au bout de son rêve, Florence Godinot n’ira peut-être pas jusqu’à là. Elle qui exerce le métier de restauratrice de sculptures, peu connu du grand public mais au combien précieux dans la sauvegarde de notre patrimoine, reconnaît volontiers un épanouissement personnel et professionnel. Parcours peu commun que celui de cette bordelaise venue dans la cité de Stanislas distiller son talent. Rien au départ ne la prédestinait à être entourée de statues et d’œuvres sacrées. L’intéressée raconte la genèse d’un attrait qui va bientôt devenir un sacerdoce : « Quand il a fallu trouver une orientation au lycée, j’avais cette idée d’un métier alliant mon intérêt pour les musées, situé entre le littéraire et le scientifique. Apparemment, cela n’existait pas. J’ai donc opté pour un cursus de sage-femme ». Florence Godinot a néanmoins toujours cette fixation de découvrir « ce qui n’existe pas ». Elle cherche, se documente et déniche la perle rare. Sa marotte a un nom : restaurateur de sculptures. Il ne faut pas plus longtemps pour qu’elle se plonge dans une nouvelle vie. Elle intègre l’Ecole supérieure des beaux-arts de Tours (ESBAT), l’un des rares établissements en France à reconnaître la fonction, avec formation agréée et diplôme d’Etat à la clé. Tout cela en poche, Florence Godinot peut débuter une seconde carrière. Un confrère lyonnais lui met le pied à l’étrier en lui confiant plusieurs travaux. De la capitale des Gaules à Nancy, elle n’a depuis jamais cessé de restaurer et d’embellir.
Transmettre aux générations futures
Quand on lui demande de définir ce qu’est une restauratrice de sculptures, les mots viennent sans peine, très professionnels : « Il faut d’abord faire le diagnostic de l’œuvre, établir pédagogiquement le dialogue avec le demandeur, délimiter les objectifs, se projeter sur le travail de restauration et commencer la tâche ». Florence Godinot intervient sur tout le Grand Est pour des musées, des communes en corrélation étroite avec les DRAC, parfois pour des particuliers. On lui confie des statues, des crucifix, des bustes… La palette d’objets est impressionnante de diversité comme les matières, hors métal : bois, polychromie, calcaire, pierre, terre cuite, ivoire. Dans son atelier à l’atmosphère quasi monacale, des œuvres de toutes tailles, n’ayant pas perdu leur âme, reprennent un meilleur aspect. La restauratrice travaille également sur site. Son geste tient de la précision du chirurgien. En souriant, elle confirme : « Voyez avec quel matériel je travaille. Un burin, quelques fioles chimiques, un scalpel… ». La mallette du parfait restaurateur en quelque sorte dans un métier éminemment scientifique. La mission peut aller d’un dépoussiérage en vue d’une exposition à un embellissement jusqu’à des interventions plus délicates sur des objets beaucoup bien abîmés, souvent anciens de plusieurs siècles. Dans les règles de l’art et dans le respect de sa déontologie, Florence Godinot répare, recolle, peint avec patience et haute précision. Dans son univers où elle ouvre les portes de l’Histoire et le temps suspend son vol, la restauratrice se laisse aller à évoquer quelques coups de cœur parmi les centaines d’œuvres passées sous ses mains expertes, évoquant la relation qui se noue avec certaines d’entre elles. Dans son propos, guidé par le goût du beau, on décèle une pincée d’émotion : « Je ne pourrai pas oublier le spectacle magnifique de cette Vierge au croissant du 16e siècle près de Baccarat ou ce cheval en pierre que je mis plusieurs jours à reconstituer ». Quelle motivation la guide dans son cheminement ? Florence Godinot conclut : « Je suis heureuse de ce que je réalise. Mon passage consiste à conserver et à rendre aux générations futures un beau patrimoine ».
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