Jusqu’en mars 2021, la romancière, journaliste et productrice Sophie Loubière sera en résidence d’écriture à la Bibliothèque Stanislas. En parallèle à de nombreuses actions culturelles, l’écrivaine se plongera dans un projet d’ouvrage autobiographique, au cœur de sa ville natale.
Lorsque l’on entend parler Sophie Loubière, on ne doute pas une seconde qu’elle ait pu capter l’attention des auditeurs pendant des années à la radio. Elle a la voix douce, le phrasé mélodieux et le vocabulaire riche. Car avant d’être journaliste et romancière, Sophie Loubière est avant tout une productrice radio. On l’entend déjà sur les ondes à l’âge de 16 ans où elle passe sur toutes les radios privées locales à Nancy pour parler cinéma, l’une de ses passions. En 1993, à la faveur d’un concours de producteurs radio, elle intègre les programmes de France Inter : « J’ai pu expérimenter différents concepts d’émissions. J’écrivais des billets d’humeur, des interviews intimistes, je lisais des extraits de romans… » Deux ans plus tard, elle reçoit le prix du Meilleur jeune auteur radio SACD pour ses fictions sonores, Les petits polars de Claude Chabrol. Elle est aussi reconnue par les auditeurs de France Inter grâce à son feuilleton Le secret du coffre rouge dont elle co-écrira avec Didier Savard plus de 100 épisodes. Dans la carrière de Sophie Loubière, parole et écriture, voix et main sont intimement liées.
Enregistrements de livres audio
L’écrivaine grandit à Nancy, dans le quartier du Haut-du-Lièvre : « Ma mère travaillait au planning familial et mon père était directeur de la MJC du quartier. Petite, j’ai vu ce modèle d’engagement, ce désir de partager et d’aider les autres. » Elle suit des cours de danse, de piano et de poterie, plongée dans un univers artistique qui ne la quittera jamais. Elle choisit des études en Lettres Modernes, option audiovisuel. Sophie Loubière se voit alors comédienne : « Mon père me freinait beaucoup sur ce projet, de peur de l’échec sûrement. Ça a été une grande déception pour moi. De là, est née mon goût pour l’écriture. » La jeune femme se projette alors dans la vie de ses personnages et endosse leurs rôles dans son imaginaire.
Pourtant, rien ne prédestinait Sophie Loubière à devenir une romancière reconnue : « Je suis dyslexique, j’étais incapable d’écrire une phrase sans fautes » se souvient-elle. « Mais j’ai croisé un orthophoniste et une professeur de français formidables qui m’ont aidé à reprendre confiance en moi. » En 1999, le romancier Jean-Bernard Pouy publie son premier roman dans la collection Le Poulpe. Plus tard, Sophie Loubière écrira un roman policier, reprenant le titre d’une de ses émissions à France Inter, Dernier parking avant la plage, publié aux Belles Lettres. S’en suivent plusieurs ouvrages dont L’enfant aux cailloux ( Fleuve Noir ) qui lui apporte une renommée internationale. Entre deux parutions, elle retrouve l’univers sonore pour l’enregistrement de livres audio : « C’est un exercice intéressant, presque théâtral, que de mettre en voix le récit d’un autre écrivain. » Un exercice qu’elle affectionne tout particulièrement puisqu’elle a elle-même enregistré le livre audio de son dernier polar, Cinq cartes brûlées, avec le comédien Bernard Gabay. Ce thriller, inspiré d’un fait divers lorrain du début des années 2000, lui a valu le prix Landerneau polar 2020.
Être associée à la Bibliothèque Stanislas est un merveilleux cadeau. C’est une grande dame qui n’aura de cesse de m’impressionner. Un espace très inspirant pour une romancière.
Un programme vertigineux
Créée par la direction régionale des affaires culturelles et la région Grand Est, la « résidence d’auteur » a vu le jour à Nancy, en 2019, avec Olivier Romac. « Être associée à la Bibliothèque Stanislas est un merveilleux cadeau. C’est une grande dame qui n’aura de cesse de m’impressionner. Un espace très inspirant pour une romancière. Un écrin idéal pour moi, qui associe écriture et rêverie, sociologie et anthropologie, Histoire et histoires, éducation et vécu » souligne Sophie Loubière. Jusqu’en mars 2021, l’écrivaine se plongera dans un projet de roman quasi autobiographique : « Ce qui m’intéresse dans les faits divers, ce sont les rapports familiaux, les non-dits, les secrets. Ce projet d’écriture sera l’occasion de me plonger dans mon passé, dans ma famille et ce que l’on découvre, au fil du temps… »
En parallèle, plusieurs actions culturelles seront menées par Sophie Loubière : elle proposera plusieurs rencontres autour des thèmes qui lui sont chers comme son parcours d’enfant dyslexique ou les violences faites aux femmes. « J’invite aussi des personnalités comme le journaliste Yves Quémener et ses photographies, qui me rappellent des souvenirs de mon enfance. » La romancière animera également des ateliers, à raison d’un par mois, sur l’écriture d’une nouvelle policière : les participants s’inspireront de faits divers survenus dans la région et l’ensemble des nouvelles fera l’objet d’une publication. Un programme vertigineux pour ces « vertiges d’écritures » qui amène Sophie Loubière à se replonger dans son passé tout en partageant son amour des belles lettres.
Pauline Overney
Programme complet : vertiges-lorraine.fr. Pour en savoir plus sur Sophie Loubière : 5cartesbrulees.blogspot.com
Photos © Melania Avanzato