Sans Sommeil, toujours en mouvement

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Du 19 au 21 mars, la compagnie Sans Sommeil propose au Centre Culturel André Malraux « Transe », un spectacle de danse à la frontière des genres.

La compagnie Sans Sommeil, créée en 2001 à Nancy, tisse des liens entre danse et théâtre. Dans l’une comme dans l’autre, le corps est un instrument. Il sert de socle pour exprimer des émotions ou des idées. Dans les spectacles produits par l’association, ce voyage aller-retour entre les gestes et les mots est omniprésent. Dernièrement l’éventail des modes d’expression de la troupe s’est élargi avec le cinéma. Dans « Transe », le corps se dédouble. Il y a le corps physique, présent sur l’espace scénique, et le corps projeté dans un espace filmique : celui de « Mammy Water », un documentaire de Jean Rouch sur la vie des pêcheurs fanti au Ghana. De la chorégraphie aux images, un dialogue s’instaure. Les thèmes du sacré, de l’héritage, du passé et du présent sont abordés. Ils servent de socle à une interrogation plus large sur la condition humaine. Les pêcheurs du film sont à la merci des éléments, de la nature et de ce qu’elle leur fournit. Quand les poissons viennent à disparaître, qui blâmer et qui prier ? Certainement Mammy Water, la déesse de la mer. Mais avec la famine tant crainte peut venir un autre type de chaos, une explosion de violence capable de disloquer cette communauté. En 1958, Jean Rouch filme l’homme, fragile et universel. Dans le spectacle, pour représenter cette humanité, une femme, une danseuse, seule sur scène : Danielle Gabou.
Directrice artistique de la compagnie Sans Sommeil, cette dernière la représente corps et âme. Le projet de « Transe » est le sien : « ce qui m’a poussé à réaliser ce spectacle est la question de l’héritage. Je suis née en France et mon père est ivoirien. Je voulais trouver l’image, le mouvement de ce double regard dans le patrimoine culturel français et africain », explique-t-elle. Le travail de l’ethnologue et cinéaste Jean Rouch l’a toujours passionnée. « Transe », pour l’artiste, est donc l’aboutissement d’un long processus de réflexion personnelle et de création collective. Le spectacle met en lumière la vision commune des deux chorégraphes, Julien Ficely et Danielle Gabou, sur leur art : un pont tendu entre le geste et l’idée. Danielle Gabou, la danseuse sans sommeil, incarne un mouvement perpétuel. Elle aussi a voyagé entre plusieurs disciplines, depuis l’école de danse de Rose-Marie Guiro à Abidjan jusqu’à sa venue à Nancy en 1997 et les cours de théâtre. Avec derrière, en surimpression, la force d’une femme qui trouve sur scène l’espace d’expression la plus riche et pure à la fois. Elle le reconnait elle-même : « la scène me permet de vivre, de lutter. Il me serait difficile de continuer mon existence loin d’elle. Car vivre pour moi, c’est inventer des formes où l’on peut parler à l’autre ».

« Transe » les 19, 20 et 21 mars au CCAM de Vandoeuvre.
Plus de renseignements sur le site : www.centremalraux.com