Les 13, 14 et 15 juin prochains à Épinal, le festival Rues et Cies remonte sur les planches. Acrobates, clowns ou comédiens vont enchanter la ville et ses habitants. Prenez place, les spectacles vont commencer…
« La route est à tout le monde, c’est une honte mais c’est ainsi », fulminait Pozzo dans En attendant Godot de Samuel Beckett. Dans les rues d’Épinal du 13 au 15 juin, l’art s’offre à tous, n’en déplaise aux grincheux. Né sur les bases du festival Colportage, Rues et Cies délimite les contours des arts de la rue, toutes influences et styles confondus : danse, cirque, théâtre déambulatoire, fanfare, jonglage… Pour cette 31e édition, les artistes réinvestissent la ville et la transforment en gigantesque scène. Pour eux, l’exercice est difficile. Toujours sur le fil, les trente-sept compagnies invitées en 2014 font face à un public dont l’exigence a été aiguisée par plus de trente ans de spectacles au cœur de leur cité. « La rue, c’est vraiment l’école de la vie. Pour les artistes, cela constitue une épreuve de force : les gens peuvent venir et partir à leur guise. Pour garder leur attention, il faut du métier, un propos intelligent, une représentation millimétrée », indique Isabelle Sartori, directrice du festival.
Exercice de style
Venues des quatre coins de la planète, du Chili à l’Australie en passant par la France, les troupes de Rues et Cies vont kidnapper l’œil des spectateurs et montrer de quel style ils se chauffent. The Lol Brothers inaugurent le festival le vendredi 13 juin. Les deux performers canadiens ont changé la composition de leur sirop d’érable, y ont ajouté une poignée de cirque et une pincée de rock. À la gueule du cheval, une fanfare de treize musiciens, ferme la danse avec son spectacle « Harmonie gentiment punk ». Entre les deux, pas de répit : les représentations se succèdent et emportent Épinal dans un tourbillon d’émotions. Le festival, à travers les manifestations proposées, permet aussi d’aborder des sujets graves de façon légère ou décalée, réfléchir tout en s’amusant. « T’as de la chance d’être mon frère » de No Tunes International parle avec tendresse et humanité du handicap : un homme cherche son frère, s’inquiète, se confie aux passants.
Les compagnies chamboulent tout
Les rues aussi sont mises à rude épreuve. Les Urbaindigènes feront trembler les murs, comme l’explique Isabelle Sartori : « Les acrobates de cette troupe utilisent l’architecture de la ville : poteaux, murets, panneaux… ». Le spectacle garde la même tonalité ; il change simplement de forme en fonction de la configuration des lieux. La compagnie française était déjà passée l’année dernière et avait laissé une vive impression. Avec « Revue militaire », les Urbaindigènes retracent l’histoire guerrière française et l’horreur des boucheries du XXe siècle. Le Samu dans « Les Balcons bavards » renoue avec la tradition perdue des séances de papotage entre voisins. Le spectacle vient rajouter aux façades des bâtiments ce qui leur manque : plus de fenêtres, ouvertes sur la ville et sur l’autre. Des comédiens les occupent, apostrophent les passants et discutent avec eux. Au bout des trois jours de festival, le paysage des arts de la rue se redessine et montre sa richesse. Burlesque, tragique, poétique, déjanté, profond ou léger, le spectacle n’a jamais été plus vivant qu’à Épinal, pour Rues et Cies.
Pour tous renseignements, rendez-vous sur le sitewww.epinal.fr ou contactez Isabelle Sartori : 03.29.68.50.23 [email protected]