Rroû, un chat de cinéma !

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© Olivier Toussaint

Inspiré du roman de Maurice Genevoix, « Mon Chat & moi, la grande aventure de Rroû », de Guillaume Maidatchevsky, met en scène une petite fille, un chat, les Vosges et Corinne Masiero. A voir sur grand écran dès le 5 avril !

Panthéonisé en 2020, soit tout juste 40 ans après sa mort, Maurice Genevoix a produit une œuvre littéraire abondante, dont la plupart des récits ont pour décor la nature du Val de Loire, et mettent en scène les relations harmonieuses entre hommes et bêtes.

En 1931, l’Académicien fait paraître « Rroû » aux éditions Flammarion, ouvrage qui sera réédité en 2010, puis en septembre 2022 aux Editions La Table Ronde. Ces dernières ressortent en édition de poche, le livre, à l’occasion de la sortie du film « Mon Chat & moi, la grande aventure de Rroû », signé Guillaume Maidatchevsky. Après « AÏLO : une odyssée en Laponie », qui racontait le combat pour la survie d’un petit renne sauvage au cœur des paysages grandioses de Laponie, le réalisateur spécialiste de la faune fait du chat le personnage central de son nouveau film.

« Le chat consent »

Dans le conte de Genevoix, paru en 1931, le chat était noir et Clémence, une vieille fille au cœur tendre. Dans l’œuvre de Maidatchevsky, Rroû est un chat tigré, et Clémence est une petite fille espiègle, incarnée par la merveilleuse Capucine Sainson-Fabresse. Corinne Masiero joue Madeleine, ermite à la fois ombrageuse et attachante.

L’histoire débute au cœur d’un grenier parisien. À peine né, Rroû tente de s’échapper, guidé par ses envies de libertés. Mais Clémence, 10 ans, décide de l’adopter. La complicité entre le chat et l’enfant grandit (et donne lieu, dans le film, à des scènes époustouflantes de virtuosité) ; et quand Clémence et ses parents rejoignent leur maison de campagne, située au cœur des montagnes (vosgiennes !), Rroû est évidemment du voyage. Au cœur de cette nature sauvage, Rroû se reconnecte à sa liberté constitutive tombe amoureux… Et quand vient le moment de quitter cette terre de tous les possibles, le bouleversement est fondamental.

Si l’histoire a dû être modernisée – la Clémence de 2023 doit notamment faire face au divorce de ses parents –, Guillaume Maidatchevsky est resté fidèle à l’œuvre originale, en ce que le récit se déroule à hauteur de chat, véritable prouesse technique. Car à l’inverse du chien docile, le chat multiplie les aller-retour entre intérieur et extérieur, confort du foyer et dangers du dehors. Et derrière la tendresse, les ronronnements de Rroû, résiste un côté indomptable propre au chasseur, au prédateur. « Le chat consent » aimait à dire Maurice Genevoix. Guillaume Maidatchevsky, lui, a travaillé à « faire en sorte que les enfants réalisent que le chat a sa liberté ; à lui de décider s’il la prend ou non ». Résultat : son film raconte, avec tendresse et réalisme, la manière dont deux êtres arrivent à se construire sans supériorité de l’un(e) sur l’autre, mais dans le partage, l’observation, la communication, la compréhension et le respect… à armes égales, donc.

Entretien avec Guillaume Maidatchevsky, réalisateur et co-scénariste du film

« Tous les chats ne sont pas comme Rroû » 
Guillaume Maidatchevsky

© Olivier Toussaint

Avec ce film, on est quelque part entre le film animalier, le conte, le récit initiatique… Vous teniez à ce côté hors format ?

Je viens du documentaire animalier, mais l’univers du conte me plaît beaucoup. J’ai donc voulu faire quelque chose d’universel ancré dans des valeurs fortes, ce qui nécessitait de transposer l’ouvrage de Genevoix, qui date des années 30, à notre époque.

Vous réussissez l’exploit de faire de Rroû un personnage aussi incarné que les humains que vous filmez.

Un chat, c’est comme un enfant : on ne le contraint pas, il faut s’adapter à lui. Ce qui m’intéressait étant non pas de filmer l’animal chat en général, mais celui-là en particulier. Réussir à créer une émotion à travers un animal n’est pas évident. De même, travailler avec un animal est quelque chose de très particulier ; on ne lui fait pas peur pour lui faire peur. Rroû a été incarné par quatre chats différents, mais l’un d’eux a joué dans 80% du film, du fait de sa grande palette d’émotions.

De quelles qualités avez-vous dû faire preuve ?

De patience et d’adaptabilité ! Vous avez beau avoir un texte, un storyboard, une trame narrative, des dialogues, le chat, lui, fait ce qu’il veut. Il faut donc savoir faire place à l’improvisation, à l’imprévu, et capter ce qu’il se passe. On a des plans A, B, C, D, et si ce qui survient est différent de ce que l’on avait projeté, on tente, on teste. C’est un exercice particulièrement difficile pour la scripte et l’assistant-réalisateur.

Vous avez tourné une partie de ce film en plein cœur du massif vosgien. En quoi ce lieu vous est-il apparu inspirant, ou en tout cas cinégénique ?

Je ne connaissais ni les forêts vosgiennes ni la région. En découvrant ces forêts, leurs mousses, les rais de lumière, j’y ai découvert quelque chose du conte. Cette magie m’a happé.

« Mon Chat et moi, la grande aventure de Rroû » sera au cinéma le 5 avril ! • Film de Guillaume Maidatchevsky •Scénario de Guillaume Maidatchevsky et Michaël Souhaité, d’après l’ouvrage de Maurice Genevoix, « Rroû » • Avec Capucine Sainson-Fabresse et Corinne Masiero.
Photos © Olivier Toussaint, Raoul Gilibert, ORANGE STUDIO JMH & FILO FILMS, DR