Le 1er avril dernier, le château de Haroué dévoilait au public les fruits du partenariat conclu entre le Centre des monuments nationaux et la famille de Beauvau-Craon, propriétaire du château. Quelques changements notables sont à découvrir…
Lorsqu’en 1720, le prince Marc de Beauvau-Craon prend possession des 16 hectares du domaine de Haroué, il fait immédiatement appel à l’architecte Germain Boffrand, qu’il charge de reconstruire le château médiéval réaménagé pour les Bassompierre à la fin du 16e siècle. Ce dernier conservera les douves du château médiéval et sa structure en quatre tours cantonnant un corps de logis principal et deux ailes. L’architecte souhaite faire de l’édifice le symbole du temps qui passe et le dote donc de 365 fenêtres, 52 cheminées, 12 tours et tourelles et 4 points franchissant les douves. Les travaux s’achèveront en 1729. La décoration est, pour l’essentiel, confiée à d’éminents artistes lorrains parmi lesquels Jean Lamour, à qui l’on doit les grilles d’honneur, les ferronneries des balcons et l’escalier d’honneur.
C’est ce château et chef-d’œuvre architectural resté dans la même famille depuis sa construction que le Centre des monuments nationaux rouvrait au public début avril. Sollicité par la famille de Beauvau-Craon, ce partenariat avec le CMN vise à la fois à élargir l’attractivité du site et à le faire découvrir à un public nombreux.
Au-delà de la visite
Pour élargir encore son public, le Château de Haroué s’ouvre aux manifestations culturelles et activités pédagogiques et domaniales ! Dès cet été, une exposition temporaire sera présentée dans les espaces du château.
Collections étoffées
De cette grande demeure aristocratique du 18e siècle en plein cœur de Lorraine, le public peut désormais découvrir le rez-de-chaussée et le premier étage de l’aile centrale, grâce à des visites guidées. Ceux déjà venus constateront un enrichissement notable des collections présentes grâce à des objets d’usage, des œuvres d’art et du mobilier renforçant l’atmosphère singulière de ce château habité. Car s’il reflète le goût et l’art de vivre de la haute noblesse, le monument a en effet la particularité d’être, depuis sa construction, le lieu de résidence continu d’une famille illustre !
Ainsi une tour d’angle a-t-elle été agrémentée d’une table dressée. Le salon décoré par Ernest Hébert a été remeublé de manière à témoigner du faste du Second Empire. Autour d’une table en bois doré réalisée par Henri-Léonard Wassmus, le visiteur remarquera la présence notable de chaises, de fauteuils et de candélabres.
Enfin, une grande tapisserie tissée à la fin du 18e siècle, La Dorothée, appartenant à la tenture de l’Histoire de Don Quichotte d’après les cartons de Charles Coypel, témoigne du goût éclectique de l’époque.
À l’extérieur, les visiteurs ont accès à une partie du parc comprenant un jardin à la française, un jardin à l’anglaise et des bosquets.
3 questions à Jocelyn Bouraly
Nouvel administrateur du Château de Haroué pour le Centre des monuments nationaux
En quoi consistent vos missions ?
L’administrateur a vocation à assurer la gestion des monuments qui lui sont confiés. Dans ce cadre, il anime l’équipe, veille à l’entretien du lieu et à sa présentation, aux bonnes conditions d’accueil du public. Il contribue aussi à animer le monument, à le faire vivre à travers des propositions d’ordre culturel.
À Haroué, le partenariat conclu est atypique : il s’agit d’un bâtiment privé dont les propriétaires ont souhaité confier la gestion au CMN dans le cadre d’une convention de partenariat.
Connaissiez-vous le Château de Haroué ?
Seulement de réputation ! Je l’ai visité pour la première fois en janvier, au moment de ma prise de fonctions. J’ai ressenti une grande émotion à pénétrer dans cette grande demeure aristocratique restée dans les mains de la même famille depuis le 18e siècle. L’atmosphère de château habité est très sensible et a vocation à être préservée, enrichie. Cette dimension incarnée d’un monument par ailleurs sublime tient du miracle !
En quoi a consisté votre intervention ?
Avec la directrice de la conservation, Delphine Christophe, nous avons enrichi la collection de mobilier et d’objets des 18e et 19e siècles. Une opération de remeublement été menée pour renforcer la dimension de château habité, en y intégrant des objets d’usage. L’idée était de créer l’illusion que les propriétaires viennent tout juste de quitter les lieux ! La présentation est destinée à évoluer, et nous continuerons à guetter toutes les opportunités qui se présenteraient sur le marché ainsi que les opportunités de prêt ou de dépôt d’objet.
Propos recueillis par Cécile Mouton
Château de Haroué, Place du Château, 54740 Haroué • 07 85 64 37 11 • www.chateau-haroue.fr • Ouvert tous les jours sauf le lundi, de 10h à 18h
Publireportage - Photos © Colombe Clier, Centre des monuments nationaux, DR