Petite histoire d’une grande place : la Carrière

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La place de la Carrière, que certains appellent – mais c’est incorrect – « place Carrière », est l’une des plus anciennes de Nancy. C’est aussi la plus grande. La Carrière a toujours été au centre de la vie nancéienne. Sa beauté lui valut d’être classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1983.

Un peu d’histoire

L’agrandissement des remparts au milieu du XVIe s. va permettre la création d’une « place neuve ». Dès 1560, elle sert aux tournois et autres exercices à cheval… d’où son nom de Carrière. Bourgeois et nobles édifient tout autour des immeubles et hôtels particuliers. L’ensemble est alors assez disparate, et il n’existe aucune harmonie des façades. L’espace en terre battue réservé aux joutes est entouré de barrières ; il n’y a pas d’arbres.
Stanislas, passionné d’urbanisme, va profondément changer l’aspect de la place. Il confie à l’architecte Emmanuel Héré son embellissement et l’harmonisation des façades.

Le côté bourgeois et le côté aristocratique

Pour nombre de vieux Nancéiens, la place se divise en deux : « côté bourgeois » près de la Grande Rue, et « côté aristocratique » près de la Pépinière avec ses terrasses aux accès directs au parc, ses garages rue des écuries… Cette petite rue, méconnue, mérite le détour pour l’atmosphère qu’elle dégage, et ses nombreuses passerelles en fer.

Faisons le tour de la place

Au nord s’élève le très beau palais du Gouvernement, construit de 1751 à 1753 en remplacement du nouveau Louvre inachevé du duc Léopold. Ce palais servit jusqu’en 1766 de résidence au Gouverneur de Lorraine, d’où son nom. Il servit de préfecture de 1824 à 1859. Attribué ensuite au commandant « gouverneur » militaire de Nancy (c’est pourquoi certains Nancéiens l’appellent « palais du Gouverneur »), il vient d’être rétrocédé à la ville, pour agrandir le Musée Lorrain
De chaque côté de l’hémicycle se dressent les très beaux hôtels Héré et Spada. Ce dernier est aussi appelé Guerrier de Dumast, du nom de la famille qui le possède depuis le milieu du XIXe s.
Au sud, la place est fermée par un bel arc de triomphe (le seul, les autres étant des portes) construit en 1751-52. Il est encadré par les hôtels de Beauvau et de la Bourse. Le premier, dû à Boffrand, abrite le siège de la justice (actuellement Cour d’appel) depuis 1751. La Bourse des marchands (lieu de justice pour le commerce) qui lui fait face, a été construite en 1752-53. Elle renforce la symétrie de la Carrière et son caractère majestueux. Sur le balcon, on peut d’ailleurs lire LA-BO-UR-SE. Dès 1751, des tilleuls en caisse agrémentent la place. Ils sont définitivement plantés en 1781.

Les fontaines

Au départ, huit fontaines avaient été construites : aux angles extérieurs et aux angles intérieurs de l’espace central. Elles étaient alimentées par les eaux de sources de Boudonville. En 1831, devant le mauvais fonctionnement des fontaines intérieures, on les détruisit, et on retourna les groupes sculptés vers l’extérieur, tels qu’ils sont aujourd’hui.

Si la place ne résonne plus depuis longtemps au son des tournois ou de la foire (elle émigra en 1859 sur le cours Léopold), d’autres « batailles » s’y livrent toujours : judiciaires avec la Cour d’Appel, estudiantines avec les 24 heures de la place Stan, ou encore littéraires avec la présence depuis 2004 du Livre sur la Place. La place de la Carrière reste toujours un trait d’union entre les différentes facettes de la ville, entre l’urbanisme minéral et la verdure apaisante de la Pépinière. Peut-être moins connue des touristes que sa célèbre sœur, la place Stanislas, elle n’en demeure pas moins aimée des Nancéiens.

Brocante ce 10 octobre, à partir de 8h