L’hymne de nos campagnes

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Veaux, vaches, cochons : l’image que les Français ont de la vie rurale se limite encore bien trop souvent au monde agricole. Pourtant la campagne des années 2010 n’a plus rien à voir avec celle de l’après-guerre et se développe de bien des façons. Le festival Caméras des Champs s’est donné pour mission de changer les idées fausses sur la ruralité et de la montrer dans toute sa complexité. Rendez-vous à Ville-sur-Yron en Meurthe-et-Moselle du 28 au 31 mai.

La campagne est souvent la grande oubliée du cinéma français. Caméras des Champs répare cette amnésie du 7e Art en réalisant l’ébauche du monde rural au travers de projections de documentaires et de débats. Pour sa 17e édition, il réitère ce tour de force sous le signe de « l’agriculture familiale », fil conducteur de cette année. « À l’échelle de la planète, elle équivaut à 80 % des exploitations. Dans les pays développés comme les États-Unis ou la France, ce taux diminue fortement. Pourtant, dans certaines régions françaises, la famille tient un rôle important. Quelques agriculteurs tentent de se déconnecter du modèle dominant et de miser sur la transmission familiale des savoirs. En parallèle, les systèmes d’hyperproduction perdurent avec une gestion affairiste ou entrepreneuriale de fermes », analyse Luc Delmas, directeur du festival de Ville-sur-Yron.

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Un regard en évolution

En dix-sept ans d’existence, la ruralité s’est métamorphosée en même temps que les regards portés sur elle. « Au début, nous recevions de tout, films amateurs et professionnels, qui peignaient une image un peu convenue de la campagne. Dans les années 2000 à 2005, nous avons eu beaucoup de documentaires d’alerte, pointant les disfonctionnements. Depuis six ou sept ans, les reportages montrent à la fois les causes des problèmes et s’orientent aussi vers des pistes de solutions. Les films citoyens ont toujours existé. Cependant, aujourd’hui ils vont au-delà d’une simple réflexion », ajoute Luc Delmas. Chaque film projeté ouvre une fenêtre sur la ruralité. Parfois étonnante, parfois militante, parfois fragile, elle n’est jamais idéalisée. Loin de la madeleine de Proust, Caméras des Champs s’évertue à construire un portrait du monde rural au plus près de sa réalité. Si la thématique de l’agriculture familiale sera évoquée dans le cadre d’une projection-débat autour du film de Pierre Fromentin « Ceux qui sèment », les dix-huit films sélectionnés cette année vont permettre de se pencher plus généralement sur les enjeux de la ruralité.

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Entre mémoire et construction

Avec le centenaire de la Première Guerre mondiale, le festival dévoile entre autre les liens avec les lieux de mémoire. Dans « Cultiver son champ de bataille » de Thomas Ermel, le champ de bataille autrefois sur son exploitation se rappelle à un agriculteur de bien des manières : découvertes de corps, d’obus et de traces des Poilus qui se sont battus à cet endroit. Caméras des champs abordera aussi le gaspillage alimentaire, la maîtrise du territoire rural, la présence de prédateurs tels que le renard dans « L’odeur de l’herbe coupée » de Franck Vigna et les initiatives de solidarités. Par ailleurs, certains documentaires permettront au public de connaître des femmes et des hommes qui vivent de leur passion en milieu rural. Pour finir sur une note positive, le festival présentera la construction des ruralités futures dans le monde, avec des films autour du thème « Une autre agriculture est possible ». Année après année, Caméras des Champs continue d’opérer une radiographie de nos campagnes. Un hymne en leur hommage chanté sans nostalgie ni complaisance. Prenez, vous aussi, un bol d’air frais du 28 au 31 mai, à Ville-sur-Yron.

Le festival est inauguré le 15 mai à Jarny avec le débat-projection sur l’agriculture familiale et le film « Ceux qui sèment ». Tout le programme sur : cameradeschamps.free.fr