L’église Saint-Martin de Pont-à-Mousson

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Cette église, qui relevait autrefois de l’autorité du diocèse de Metz, cache bien des trésors.  Installée sur les bords de la Moselle, cette église n’a pas à rougir de son patrimoine.

L’église fut construite à la fin du XIIes. par les Antonistes (selon l’appellation lorraine ; ailleurs, on préfère celle d’Antonins). Placé sous la protection de Saint-Antoine, cet ordre religieux d’hospitaliers soignait le mal des ardents (c’est-à-dire l’ergotisme). Très puissant au XVe siècle, l’ordre déclina petit à petit avant d’être réuni à l’Ordre de Malte en 1777. L’église mussipontaine, d’un beau style gothique (flamboyant pour les tours et le portail), fut d’abord placée sous le vocable de Saint-Antoine. En 1572, elle devint l’église de la toute jeune Université, fondée par le pape Grégoire XIII.

Des aménagements successifs

Les différents occupants : Antonistes, Jésuites (de l’Université), Diocèse aménagèrent chacun les lieux en fonction de leurs époques. Les Jésuites modifièrent ainsi le chœur (marbres et talbeaux) et construisirent les deux chapelles latérales de Saint-Antoine (1629) et Saint-François-Xavier (XVIIIe s.). Cette dernière abrite un superbe tableau de Baccicio, héritier du Bernin et de Pierre de Cortone. Les gros reliquaires posés sur la corniche témoignent, quant à eux, des dotations faites aux Antonistes.
Au XIXes., le mouvement de restauration historique fit supprimer le porche latérale du XVIes. au profit d’une entrée néo-gothique en pierre (jaune) de Jaumont. Le nouveau tympan fut alors orné d’une statue de Saint-Martin découpant son manteau. Ce groupe est l’œuvre d’Aimé de Lemud, sculpteur mussipontain.

Le jubé

Les jubés sont une clôture, souvent en pierre, qui sépare la nef du chœur liturgique. Le concile de Trente, en réaction à la nouvelle religion protestante, ordonna leur suppression afin que les fidèles puissent voir le chœur. Celui de Pont-à-Mousson fut simplement démonté et replacé au fond de la nef pour servir de tribune à l’orgue (qui date de 1704). Une idée astucieuse qui évita la perte d’un chef d’œuvre des Antonistes. En remplacement des jubés apparurent les chaires à prêcher. Celle de Saint-Martin, ornée des classiques figures des évangélistes, date de 1739. Elle est due au talent de Mangin et Chardard-Dupuis, d’après les dessins du frère prémontré Rossi. Au sommet trône la figure du Christ ressuscité.

Le sépulcre

C’est l’une des œuvres majeures et monumentales de la statuaire du début du XVe s. (1425-1430). Elle eut une grande influence sur les autres « Mise au tombeau », notamment celle de Ligier-Richier à Saint-Mihiel. Composée de treize personnages et huit angelots, elle fut élevée pour le tombeau de Baldemar-Johannis de Biebelnheim, commandeur antonin.

Les chapelles latérales

De part et d’autre du chœur sont les chapelles de la Sainte-Vierge et de Saint-Vincent. Ce dernier est le patron des vignerons et rappelle la présence autrefois nombreuse de cette profession dans la paroisse. Du temps de l’Université (et des Jésuites), l’autel était orné d’une statue de Saint-Ignace. Ces chapelles ont été admirablement restaurées au cours des années 1990. Leurs clefs de voûte portent pour partie les armes des comtes de Bar.

Cette liste des merveilles est loin d’être exhaustive, et il aurait également fallu parler des gisants de Bonne de Bar, épouse de Valérian III, morte en 1436, et de Louis de Mousson, comte de Bar… mais la place manque. Le mieux reste encore de s’arrêter un jour pour visiter l’église !