Le livre sur la place, la quarantaine épanouie

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Premier salon littéraire national de la rentrée, le Livre sur la Place s’apprête à accueillir 170 000 visiteurs du 13 au 15 septembre. Un casting de choix pour cette 41e édition présidée par Laurent Gaudé.

Dans la plus grande librairie de France, symbole d’un partenariat actif entre la Ville de Nancy et l’association Lire à Nancy, avec l’amicale caution des Goncourt, 600 auteurs et illustrateurs seront au rendez-vous d’un public fidèle qui cherchera le dialogue constant tout en piétinant patiemment pour une griffe à l’encre fraîche couchée par son auteur favori. Mais si les dédicaces restent importantes, c’est avant tout la richesse et la densité de la programmation qui aimanteront les tête à tête avec les stars du livre et avec les plumes encore émergentes. Auteurs français ou francophones, amis étrangers de la culture et du combat des idées, à l’image du prix « Livres et Droits de l’Homme » qui sera remis le vendredi 13 par Tobie Nathan, grand spécialiste d’ethnopsychiatrie, à Dominique Sigaud pour « La Malédiction d’être fille », une enquête exceptionnelle sur les violences faites aux filles. Une journée où le public rencontrera David Foenkinos, Isabelle Autissier, Patrick Boucheron ou encore Nicolas Mathieu.

150 débats et rencontres

Toujours vendredi, à 18 h, l’Opéra national de Lorraine servira d’écrin à la « Grande Rencontre » avec Laurent Gaudé, Goncourt 2002 des lycéens et prix des libraires pour « La Mort du roi Tsongor », avant d’occuper le devant de la scène littéraire deux ans plus tard en publiant « Le soleil des Scorta », un Goncourt à près de 100 000 exemplaires écoulés, traduit dans 34 pays. Dans une proximité inégalée avec les auteurs, on entrera dans le vif du sujet le samedi 14. Star de la journée, William Boyd. L’auteur écossais parlera à l’Hôtel de Ville (15 h 30) de son tout dernier livre « L’amour est aveugle ». À ne pas manquer, trois heures plus tôt, l’entretien entre Laurent Joffrin et Abd Al Malik, un débat prometteur nourri par deux auteurs unis par la passion d’un pays plein de contradictions. Ni la remise du Goncourt de la Biographie Edmonde Charles-Roux attribué à Frédéric Pajak pour son recueil intitulé « Manifeste Incertain 7 ».

Fanny Ardant joue Marguerite Duras

Les inconditionnels du polar seront également servis dimanche 15, à 10 h, quand Franck Thilliez, star du genre, sera en dialogue avec Peter Farris à l’Hôtel de ville, avant de feuilleter encore de belles lettres en compagnie de Michel Onfray face à Franz-Olivier Giesbert, Sylviane Agacinski pour un débat sur la question du genre avec Ivan Jablonka, Philippe Lançon ou Jean-Christophe Grangé, si rare en public. Cadeau exceptionnel en clôture à 18 h, sur la scène de l’Opéra national de Lorraine, où Fanny Ardant, en avant-première nationale de « La Passion suspendue », lira des extraits du livre du même titre, né des entretiens de Marguerite Duras avec Leopoldina Pallotta della Torre. Yanick. O

Du 13 au 15 septembre • Chapiteau Place Carrière à Nancy, chaque jour de 10 h à 19h, vendredi dès 9 h pour les scolaires • Entrée libre
Renseignements : 03 83 85 30 37 ou lelivresurlaplace.fr

3 questions à Marie-madeleine rigopoulos
Comissaire générale du Livre sur la Place

Dans quel esprit avez-vous orchestré la 41e édition du Livre sur la Place ?

Plus que jamais notre manifestation invite à abolir les frontières. Avec Laurent Gaudé comme président, un écrivain engagé, européen, défenseur de l’humain, cela correspond symboliquement aux valeurs que l’on a envie de porter. Et notre volonté est d’enrichir les propositions en allant encore plus à la rencontre des publics dits empêchés, en abattant les murs qui entravent l’accès à la lecture. À l’image d’Andrea Marcolongo et Delphine de Vigan qui se rendront au centre pénitentiaire pour échanger avec les détenus, deux d’entre eux ayant été jurés du Prix Livre et Droits de l’homme. Autre exemple, le travail conduit avec le CCAS auprès des maisons de retraite où je suis allée présenter la programmation. Deux écrivains iront à la rencontre de nos aînés dans des résidences autonomie lire des extraits. Dans le même esprit, quatre entretiens seront traduits en Langue des Signes Française.

L’ouverture, est-ce aussi pour vous la nécessité de croiser les genres littéraires et d’instaurer un dialogue vers l’extérieur ?

Oui, il me semble essentiel d’amplifier la découverte d’auteurs étrangers, et Nancy doit montrer combien elle est une ville d’ouverture. On reçoit ainsi William Boyd, Jim Fergus, Audur Ava Ólafsdóttir la plus grand autrice islandaise, Luca Di Fulvio… Je prône aussi le décloisonnement avec les rencontres inattendues comme celle entre Étienne Klein et Enki Bilal. Transition idéale pour évoquer la place réservée à la BD avec toute une programmation au musée des Beaux-Arts où Emil Ferris, grand prix d’Angoulême 2019, dessinera une planche en public en s’inspirant d’une œuvre ou du lieu.

Avant de prendre les rênes du Livre sur la Place, comment s’est déroulée votre collaboration avec Françoise Rossinot ?

Françoise a eu la volonté farouche de développer ce salon en lui donnant des lettres de noblesse. Moi je suis venue avec mon bagage, complémentaire au sien, nous étions sur la même longueur d’onde, et comme on dit en Grèce « l’une coupe et l’autre coud », ça nous correspondait bien. Ce qui me tient maintenant à cœur, c’est que ce salon soit l’ambassadeur du rayonnement de cette ville. Et mon rêve c’est que Nancy soit un jour une Capitale du livre. Propos recueillis par Yanick. O

PUBLI-REPORTAGE - Photos © VILLE DE NANCY,  ALEXANDRE MARCHI, dr