Ravagé par les flammes il y a (déjà) huit ans, le château de Lunéville retrouve vie. De belles surprises ont déjà eu lieu.
La plus belle surprise fut évidement la (re)découverte de la chapelle palatine. Magnifiquement restaurée (mais il manque un autel !), elle offre à nouveau aux visiteurs le spectacle des fastes du « Versailles lorrain ».
Un château ancien
Les ducs de Lorraine possédaient un château à Lunéville depuis le XIIIe s. Plusieurs constructions se succèdent. L’antique château-fort médiéval entouré de fossés est restauré sous René II qui l’adapte au goût Renaissance alors en cours. Les ducs suivants y séjournent régulièrement. Charles III modifie de manière importante l’enceinte fortifiée mais se désintéresse du château, à tel point qu’une tour menace ruine à la fin de son règne. Son fils, Henri II, fait reconstruire vers 1610-1620 un pavillon en U et aménage un jardin à l’arrière. Ce plan va servir de base au château actuel.
La métamorphose du château s’opère sous Léopold, qui découvre un duché ruiné par les guerres et les occupations étrangères. Il commence par restaurer les châteaux de Nancy et de Lunéville mais, à cause d’une nouvelle occupation française de Nancy à partir de 1702, doit se réfugier à Lunéville. Le château se révélant trop exigu, Léopold décide alors de tout reconstruire. Par delà une question de commodité, c’est surtout le moyen d’affirmer sa souveraineté !
L’œuvre de Boffrand
La reconstruction avance de 1703 à 1723 à des rythmes variés, en fonction des ressources financières disponibles. Les plans, dus à Bourdict, Dorbay et Boffrand, prévoient une élégante construction en H, mais pour des raisons financières, l’aile longeant la Vezouze au nord ne fut jamais construite. Un vaste parc est aménagé. Des jets d’eau, des cascades et des sculptures l’agrémentent.
François III, fils de Léopold, quitte la Lorraine pour la Toscane. Sa mère, la régente Elisabeth Charlotte, continue d’habiter le château et de l’embellir. Son départ de Lunéville pour Commercy en 1737 est vécu comme un véritable déchirement par la population qui se jette devant le carrosse pour en ralentir la marche ! L’ancienne dynastie de Lorraine s’en est allée.
Stanislas
Duc en titre, mais non dans les faits (la France gère tout), Stanislas s’attache à embellir le château qui devient sa résidence principale. Il établit une cour importante, brillant dans le domaine des arts et de l’esprit. Voltaire et Montesquieu y séjournent.
Le château est entièrement remeublé, François III ayant tout emporté avec lui. Stanislas s’attache aussi à réaménager les jardins. Il crée de nouveaux bosquets et installe de nombreux pavillons et fabriques, notamment le fameux Trèfle (1738-40) ou le Rocher aux automates (1742). Tous ces travaux sont confiés à Emmanuel Héré.
La vie brillante et légère du château s’arrête brutalement en 1766 avec la mort accidentelle du roi-duc. Louis XV fait vendre le très riche mobilier. Les constructions du jardin sont pour partie vendues ; le reste tombe en ruine faute d’entretien… Le château devient caserne.
La cavalerie
En 1824 est créé un centre de cavalerie militaire. La cavalerie va dès lors rythmer la vie de la cité et entretenir une société d’officiers brillante.
En 1893 est réalisée la statue du général de Lasalle, mort au combat en 1809 (c’est pourquoi le cheval ne repose que sur ses jambes arrière). Le départ de la Cavalerie il y a quelques années fut un nouveau déchirement pour les Lunévillois.
L’incendie de 2003, le huitième depuis 1719, fut finalement peut-être un mal pour un bien ! L’élan de générosité qui en naquit fit se souvenir à de nombreux Lorrains qu’ils possédaient un riche patrimoine.