Les dimanches de mai, le village d’Azannes en Meuse bourdonne d’animation. Détruit pendant la Première Guerre mondiale, il a été reconstruit grâce à la ténacité et à la passion des bénévoles de l’Association « Les Vieux Métiers ». Aujourd’hui, dentellières, forgerons ou meuniers viennent lui redonner vie un mois dans l’année et permettent aux visiteurs de faire un saut temporel au XIXe siècle.
À l’origine, l’objectif était seulement de créer un monument à la mémoire des 3 000 soldats américains et 250 soldats interalliés tombés en 1944 à la bataille de Bastogne. Une fois la stèle montée, les bénévoles de l’association, tombés dans la marmite des reconstitutions historiques, sont restés sur leur fin. En 1990, la fête des Vieux Métiers se déplace pour de bon à la ferme des Roises à Azannes. Petit à petit, l’ancien village réduit à néant va de nouveau s’étirer sur ses 17 hectares en commençant par la reconstruction d’une chapelle. Aujourd’hui, dans ce coin verdoyant de la Meuse, le moulin à vent tourne ses pales, le feu de la forge rougit, le lavoir résonne de la causerie des lavandières… comme si la guerre n’était pas passée par là. Le rang des bénévoles s’est aussi largement enrichi puisque quatre cents personnes viennent jouer au boulanger ou au barbier, tous en costume d’époque bien sûr. Côté visiteurs, la manifestation a atteint le million d’entrées en 2013.
Gestes d’autrefois…
L’association « Les Vieux Métiers » a réussi à sauvegarder un patrimoine architectural, celui de bâtisses meusiennes traditionnelles et d’infrastructures rurales destinées à l’oubli. Elle s’est aussi attaquée à perpétuer des richesses immatérielles. Beaucoup de ces métiers ont disparus comme le laboureur ou le charron, fabricant et réparateur de chars et charriots. Jean-Marie Pothe, maréchal-ferrant d’Azannes et doyen de la fête, a lui retrouvé ses premières amours : « Il y a soixante ans, je suis rentré en apprentissage chez un artisan forgeron. Et puis la profession a évolué et moi avec. J’ai fini ma carrière en tant que responsable d’un atelier de machines. Aujourd’hui, on travaille toujours le fer mais il y a plus de ferronniers d’art. Le forgeron des campagnes n’est plus ». Sous les yeux des touristes, Jean-Marie reprend donc les gestes d’autrefois, bat le fer à cheval et s’occupe du cerclage des roues. « C’est assez folklorique à réaliser et à regarder. Il y a deux ans, on a effectué les douze roues de canons qui sont maintenant au cimetière militaire de Verdun », ajoute-t-il. La passion des bénévoles des Dimanches de Mai en Meuse est contagieuse et suscite parfois des vocations tel ce jeune mécanicien devenu ferronnier d’art après avoir vu Jean-Marie Pothe dans sa forge.
… et goûts d’antan
Au-delà des costumes et des reconstitutions, Les Vieux Métiers réveillent aussi les senteurs et les saveurs d’antan. Les touristes pourront ainsi goûter aux fameuses tartes au sucre, spécialités de la région. « À mes débuts dans l’association, j’en ai fabriqué quelques centaines chaque dimanche. Je me levais à 4 heures du matin et cuisais ces pâtisseries jusque 19 heures », raconte David Ledwon, coordinateur de la fête et bénévole depuis treize ans. Aujourd’hui, il a changé de poste et est passé du produit fini à la matière première : la farine. Dans le moulin à vent, construit entre 1999 et 2004, il joue les guides touristiques. « La chanson « Meunier tu dors » est très loin de la réalité. J’ai tout appris du métier et j’ai été surpris par sa technicité et sa pénibilité. Il faut que la meule tourne à vitesse constante, qu’il n’y ait pas trop de grains, faire attention au vent… Un meunier doit être sans cesse vigilant. Un moulin comme celui-ci exerce plus de 72 tonnes de pression et les pales peuvent aller à 200 km/h. Le public est très étonné quand je leur explique », continue-t-il. D’autres surprises attendent les familles. Pour les enfants, des anciens jeux sont proposés comme la course au sac, le mât de cocagne ou le tire à la corde. Le charme du village d’Azannes opère à coup sûr chaque année. Au moins la moitié des visiteurs est déjà venu une fois aux Dimanches de Mai et ils reviennent pour le plaisir d’une tarte au sucre ou d’une petite taille de barbe.
Les Dimanches de Mai en Meuse, les 10, 14, 17, 24 et 31 mai. Plus d’infos sur : vieuxmetiers.com