La place Maginot est un des cœurs de Nancy. Très ancienne, elle attire pourtant peu l’attention aujourd’hui et reste avant tout un lieu de passage, une jonction trop vite traversée ! Arrêt sur ses richesses.
La place Maginot, autrefois appelée place Saint-Jean, est l’un des endroits les plus passants de Nancy. Pour qui veut bien prendre le temps de s’y arrêter (autrement que pour répondre à un sondage !), c’est tout un pan de l’histoire de Nancy qui se dévoile. Tour à 360° de la place qui fut l’une des premières aires entièrement piétonnes à Nancy.
La BNP-Paribas
C’est l’un des bâtiments les plus spectaculaires de la place. Sa belle tour-porche impose un sentiment de solidité et d’aisance propre à rassurer les clients de la banque. C’est d’ailleurs ce qu’avait demandé la Banque Renauld aux architectes André et Charbonnier en 1908. Le hall, avec sa superbe rampe des ateliers Majorelle, est placé sous le signe de la monnaie-du-pape.
Cet édifice est l’une des œuvres majeures de l’Art nouveau nancéien.
Le Temple
C’était autrefois l’abbatiale Saint-Joseph (cf. sculpture du fronton) des Prémontrés. Sa construction fut longue et, débutée en 1635 sur les plans de Giovanni Betto, elle ne fut achevée qu’en 1759 sous la direction de Mique. Désaffectée à la Révolution, l’église fut réaffectée au culte catholique en 1803, puis protestant en 1807. L’intérieur, très sobre, se distingue par une belle tribune en bois et un orgue de Joseph Cuvillier, datant de 1856.
La SNVB
…ou plutôt devrait-on écrire la CIC, du nom de leurs actuels occupants. Cette banque, à la façade classique (c’est un ancien hôtel particulier transformé) cache un trésor : sa salle des coffres. Celle-ci est le dernier vestige du splendide aménagement intérieur Art nouveau détruit dans les années 1970 ! Cette salle, qui se visite lors des journées du Patrimoine, se divise en deux parties : la première, opulente, de style Art nouveau et aux ferronneries d’Edgar Brandt, et la seconde, plus sobre et géométrique, de style Art Déco.
Le Printemps
Nous en avions déjà parlé avec la place de la Gare. Rappelons seulement que les « Réunis » sont l’œuvre de Pierre Le Bourgeois (1926-1928). La belle disposition intérieure a disparu. Seule subsiste la rampe d’escalier de Jean Prouvé. La Fnac et le Printemps, ainsi que de nombreux bureaux, y ont élu domicile.
La porte Saint-Jean
Cette porte, qui donna son nom (lui-même tiré de la Commanderie de Malte Saint-Jean[-Baptiste] voisine) autrefois à la place, était située à l’extrémité de l’avenue Foch. Dotée d’une façade monumentale de style renaissance, elle datait du début du XVII°s et fermait, avec les Portes Saint-Georges et Saint-Nicolas, la Ville-Neuve. Elle fut démolie en 1869-74 pour faciliter le passage du tramway hippomobile. Quelques éléments de sa façade sont conservés au Musée Lorrain. La porte Saint-Georges faillit connaître le même sort, mais un comité de soutien la sauva.
La statue de Paul Dubois
Paul Dubois (1829-1905) exposa en 1899 un groupe en cire commémorant les Provinces perdues. L’Alsace et la Lorraine personnifiées, le regard perdu dans le lointain, attendent dans l’épreuve l’heure de la délivrance. Ce groupe, coulé en bronze et appelé « le Souvenir » puis « La Lorraine pleurant sur l’épaule de l’Alsace », fut la seule partie achevée d’un plus vaste monument dédié au Génie de la France, à la suite de la défaite de 1870. Il fut installé à Nancy en 1905. D’autres versions existent.
La place Maginot est bien plus qu’un simple trait d’union entre la gare et les rues commerçantes, ou qu’un lieu d’accueil du marché du Noël. C’est l’une des places où vit Nancy !