La place Dombasle est belle, par ses dimensions, mais aussi par les bâtiments qui la bordent : le lycée Poincaré, la Caisse d’Epargne, la Bibliothèque municipale… Chacun sont des lieux chargés d’histoire qui conservent tantôt la transmission des connaissances, tantôt l’argent, tantôt le savoir.
Le gibet
L’origine de la place s’inscrit avec la création de la ville-Neuve sous Charles III, mais elle ne devient réellement une place que vers 1734. Elle s’appelle alors place de Grève et sert à l’exécution des criminels. En 1770, ce macabre spectacle est déplacé sur la place Carnot.
La bibliothèque municipale
Construit de 1770 à 1778 d’après les plans de Charles-Louis de Montluisant, le bâtiment était tout d’abord dévolu à l’Université, autrefois installée à Pont-à-Mousson. La cour est alors fermée par une imposante porte cochère et un mur couronné d’une balustrade. Une grille les a remplacés dans la seconde moitié du XIXe. L’Université, supprimée à la Révolution, laisse place en 1794 à la bibliothèque (fondée en 1750) qui accueille les « dépôts » des livres confisqués à trente-six établissements religieux et à cent douze nobles émigrés, ce qui permet ainsi à la bibliothèque de s’enrichir de 15 000 volumes, après élimination des doubles. La grande salle de lecture est habillée avec les boiseries de la bibliothèque mussipontaine des Jésuites, dues au ciseau habile du Frère Paulus.
La Caisse d’Epargne
Récente (elle date « seulement » de 1926-1928), elle adopte un style classique destiné à rassurer les épargnants. Son allure imposante mais sobre est là pour inspirer confiance. La ruche présente sur le fronton est un symbole classique de l’épargne et de l’argent déposé qui, comme les abeilles, travaille sans cesse. Les architectes sont Charbonnier et Bourgon.
Le lycée
Le Lycée impérial est ouvert en 1804 et occupe l’emplacement de deux anciens couvents autrefois séparés par la rue Notre-Dame : les Minimes (fondé en 1592) et la Visitation (1632). De ce patrimoine religieux, il reste le cloître des Minimes, devenu cour, et la belle chapelle ronde de la Visitation (1780-1783 par Antoine) classée monument historique dès 1916. Les agrandissements successifs du lycée se sont souvent faits au détriment des cours, comme la cour Blondlot qui accueille maintenant la restauration scolaire. En 1913, on donna au lycée le nom d’Henri Poincaré (1854-1912), ancien élève et mathématicien célèbre. Le lycée doit sa renommé à son ancienneté, à ses classes préparatoires mais aussi à sa superficie en plein centre-ville : deux hectares.
La statue de Mathieu de Dombasle
Mathieu de Dombasle (1777-1843) eut plusieurs vies. Après s’être lancé dans la betterave à sucre et la distillerie et avoir connu la ruine, il s’investit dans la fabrique d’instruments aratoires et invente une charrue qui va connaître un immense succès (elle est d’ailleurs représentée au pied de la statue). Il crée également une « ferme exemplaire » à Roville-devant-Bayon, ainsi qu’une école d’agriculture. Il laissa de nombreux écrits. La mairie baptisa la place de son nom dès 1844, et une statue, due à David d’Angers, fut érigée en 1850. Prosper Morey, architecte municipal, réalisa les plans du socle. La statue ne fit pas l’unanimité : beaucoup ne la trouvaient pas assez grandiose et jugeaient qu’on distinguer mal la charrue, œuvre de gloire de Dombasle. Mathieu de Dombasle est enterré au cimetière de Préville (son buste en fonte orne la façade de sa chapelle).
La place Dombasle est aujourd’hui un nœud central dans la circulation nancéienne. Elle est le symbole plutôt réussi d’un partage d’espace entre les voitures, les vélos (station VéloStan) et les piétons (c’est un QG des lycéens voisins).