La gare de Metz

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C’est, sans conteste, la gare la plus monumentale de Lorraine : une longueur démesurée, d’innombrables quais, une architecture impressionnante, etc. Tout s’explique lorsqu’on se penche sur l’histoire de ce bâtiment.

L’arrivée à Metz par le train est surprenante à plus d’un titre. D’abord parce que l’on arrive « au premier étage ». En effet, un plan incliné a permis d’exhausser les voies. Ainsi, pour rejoindre l’entrée, les voyageurs descendent simplement d’un niveau pour sortir au lieu d’emprunter, comme c’est majoritairement le cas, des souterrains. Surprenante, la gare de Metz l’est aussi par ses dimensions et son architecture.

L’ancienne gare

La toute première gare de Metz est construite en juillet 1849, place du Roi-George, devant la porte Serpenoise, à l’extérieur des remparts. De construction sommaire, elle permet de rejoindre Nancy ainsi que la ligne Paris-Strasbourg. Un incendie la ravage totalement en juillet 1872. L’Empire allemand, nouvel occupant des lieux, décide de reconstruire une gare plus spacieuse. Le bâtiment, élégant, est construit en pierre jaune de Jaumont. Il s’inscrit dans la tradition architecturale messine. L’inauguration a lieu en 1878.
Cette gare est désaffectée en 1908. Elle abrite aujourd’hui la Délégation Régionale de la SNCF.

Plus grand !

Au début du XXe siècle, l’administration allemande décide de construire une nouvelle gare plus grande, les quatre voies de la précédente apparaissant comme trop limitées.
La raison principale est en réalité militaire : en tant que terminus de la Kanonenbahn (littéralement, la voie ferrée des canons), la nouvelle gare doit permettre l’arrivée de 750 000 soldats en 24 heures, d’où un bâtiment voyageurs long de plus de 300 mètres, une dizaine de voies sans compter celles de services, des quais à deux hauteurs, etc. Bref, les dimensions sont adaptées à une logistique de guerre.
Rappelons que Metz présente, dans le cas d’un nouveau conflit avec la France, un avantage indéniable pour le Reich : n’être qu’à 350 km de Paris !
Les architectes Kröger, Jürgensen et Bachmann respectent un cahier des charges précis, sans tenir compte des besoins économiques ni de la réalité du « trafic civil » en temps de paix.

Un fleuron de l’architecture wilhelmienne

La nouvelle gare devient un symbole du Reichsland Elsaß-Lothringen et, plus largement, de l’empire de Guillaume II (Wilhelm en allemand). Le premier projet, assez Modern Style (l’équivalent de l’Art nouveau) est retoqué pour un style néoroman rhénan, préféré par l’empereur. En termes de pierres de construction, le choix se porte sur un grès de Niderviller, dont la couleur gris pâle tranche avec la pierre de Jaumont.
L’allure extérieure de la gare est un mélange entre palais impérial et édifice religieux. Une alliance du trône et de l’autel chère à Guillaume II.
La statuaire, considérable et due à Schirmer, vante tantôt les valeurs impériales, tantôt une certaine modernité triomphante (transports, moyens de communications, etc.)

Un retour en grâce

La gare de Metz, tout comme les quartiers impériaux, ont souffert pendant très longtemps d’un certain désamour de la population : trop massif, trop fouillé, trop ostentatoire. En outre, il n’était pas de bon ton de défendre cette architecture de l’« occupant ». Avec le temps, heureusement, ces bâtiments ont regagné leurs lettres de noblesse et depuis 1975, la gare fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques. Le réaménagement de la place et la prochaine réhabilitation du château d’eau (qui servait à approvisionner les locomotives à vapeur) montrent le nouvel intérêt que suscite cet édifice.

Un billet A/R Métrolor pour Metz coûte environ 12 €. Aucune excuse donc pour ne pas aller admirer sur place la gare !