Installée au sein de la galerie et du château de Mme de Graffigny du 26 mai au 20 août, l’exposition « Rien d’impossible » démontre toute la virtuosité de Ben, artiste visionnaire.
Êtres fondamentalement libres et engagés, ils ont tous deux contribué à éclairer leur temps ; rien d’illogique donc dans la rencontre, sur le tard, de Françoise d’Issembourg du Buisson d’Happoncourt, épouse de Graffigny, avec Ben Vautier, dit Ben, qui présage une joyeuse colocation.
Pour « Rien d’impossible », Ben, artiste majeur de l’avant-garde artistique, mondialement connu pour ses (jeux de) mots sur panneaux monochromes, ses slogans décalés, et son œuvre protéiforme, a fait de l’une des femmes les plus importantes de la littérature au 18e siècle – et l’une des premières divorcées de France –, sa muse. Toutefois, confessons-le tout de suite : l’histoire de Ben et de Françoise est celle d’une rencontre organisée. À la manœuvre, Nathalie Engel, dynamique conseillère municipale de Villers et fan de Ben devant l’éternel. Par l’entremise d’un ami commun, elle parvient à exposer à Ben son idée : lui confier, le temps d’une exposition, les clés du château de Graffigny, galerie et pièces de son choix comprises. Quelques jours plus tard, l’affaire se conclut, en compagnie de François Werner, dans la maison niçoise de l’artiste, antre dont la conseillère garde un souvenir ému. « C’est un espace sans vides, un capharnaüm d’objets, avec des tables accrochées à l’envers au plafond. C’est littéralement extraordinaire ». La chose est actée : le membre de l’École de Nice et cofondateur du mouvement Fluxus montera bientôt à Villers redécorer les appartements de sa belle de sa fantaisie si singulière.
Exposition pensante
Grâce à l’intervention de mécènes, qui a permis d’assurer et de sécuriser les œuvres, les visiteurs découvriront, dès le 26 mai, le talent intact de Ben. Lui se dit « particulièrement fier de cette exposition qui réfléchit » et qui le positionne à rebours de l’artiste égotique. « Avec cette exposition, je ne défends pas une position esthétique, mais j’invite à la réflexion. Je voudrais amener les visiteurs à se questionner sur les limites de l’art, sur ce à quoi sert l’art, questions que je me pose moi-même ».
Profitant de ce que carte blanche (et tableau noir) lui étaient laissés, Ben a choisi d’investir non seulement la galerie, mais aussi la salle des mariages – via deux super néons d’amour –, et la chambre de Mme de Graffigny. « Au premier étage, dans les salles habillées, Ben joue avec les miroirs, en y apposant des stickers aux phrases choisies pour rebondir dans l’espace », précise Éva Vautier, fille de Ben et scénographe. Autres œuvres présentées : les « Penseurs », des urnes appelant à la réflexion, ou encore des portraits d’Einstein, Karl Marx, Eric Satie, John Cage, auxquels Ben juge néanmoins « prétentieux de se mélanger ». Tout est, sans doute, question de point de vue.
Château Mme de Graffigny © Mairie de Villers-lès-Nancy Jeter Dieu à la mer (1962) © Ben Vautier Elle, néon sur toile 80 x 80 x 4 cm © Ben Vautier
Du 26 mai au 20 août dans la galerie et le château de Madame de Graffigny à Villers-lès-Nancy • Exposition accessible du mercredi au dimanche, de 14h à 19h • Contact : 03 83 90 15 56 ou [email protected]
Photos © Ben Vautier, Mairie de Villers-lès-nancy, DR