Plus qu’un clin d’œil, c’est un hommage en parallèle que propose le musée de l’Ecole de Nancy. Et cet hommage prend un nom : Emile Gallé. Comble de l’histoire, l’artiste phare de l’Ecole de Nancy n’a jamais été maître-verrier. Mais son histoire s’inscrit très tôt dans celle du verre. Son père, Charles Gallé, travaillait déjà avec l’usine de Meisenthal pour s’approvisionner en objets du quotidien. A partir des années 1870, Emile Gallé confirme son tournant artistique et regarde avec attention du côté des techniques verrières. «On raconte même qu’il avait les moustaches brûlées à force de rester près des souffleurs et des fours à Meisenthal », explique Valérie Thomas, conservateur au musée de l’Ecole de Nancy.
Très vite, celui qui se considère alors comme un industriel d’art – aujourd’hui on dirait designer – fait exécuter par des artisans ses projets. A lui les idées, à eux la maîtrise la matière.
Les pièces exposées à l’occasion de cette exposition peuvent surprendre ceux qui s’attendent à voir du Gallé classique en pâte de verre colorée. Les premiers travaux sont encore assez transparents, beaucoup de verre émaillé, gravé à froid ou à l’acide.
« C’est à Meisenthal que Gallé a puisé dans techniques traditionnelles de la création verrière pour les appliquer différemment et créer son propre répertoire, décrypte Valérie Thomas. Il a voulu rompre avec le verre traditionnel, repousser les limites de la matière. En ce sens il rejoint la démarche des artistes verriers d’aujourd’hui, que nous exposons ici. »
Tout l’intérêt de l’exposition au musée de l’Ecole de Nancy réside peut-être dans ce mélange, cette comparaison entre les pièces anciennes et les créations contemporaines. D’où son nom : Feux croisés…