Dans ses tableaux, on décèle l’amour du cinéma, qu’il revendique. Un romantisme échevelé et nourricier. Une passion de la vie dans ce qu’elle a de généreux, de roboratif, de poétique. Jusqu’au 22 mai, Galerie Victoria, Fabio Purino expose et s’expose.
21, pour les numérologues, ce nombre est celui « de la protection quasi divine », « une indication de chance, de protection, de réussite et d’inspiration créatrice », un nombre qui « favorise le succès, le triomphe, l’épanouissement ». Quand on sait que 21 peintures composent « Masculin/Féminin », toute première exposition de Fabio Purino, doit-on parler de chanceux hasard ou d’acte (tout sauf) manqué ? Comme les avis divergeront sans doute, contentons-nous d’évoquer un heureux présage…
Beaucoup, à Nancy, connaissent Fabio à travers ses fonctions de directeur la communication de la Ville de Nancy. Ceux qui le connaissent mieux savent qu’il a, pour la chose artistique, une passion au long cours. Diplômé des Beaux-Arts, il commence sa carrière en tant qu’infographiste pour la télévision, la vidéo. Nommé Directeur artistique d’Arte en 1994, il se consacre à la réalisation de films, de vidéos jusqu’en 2008, année qui lui fait endosser les fonctions de directeur de la communication de la Ville de Metz. Tout ce temps, et, quelle que soit sa charge de travail, le dessin l’accompagne. Il réalise des animations, des dessins animés pour des documentaires, travaille sur commande, plus ou moins intensément selon les fonctions occupées. Sa dernière animation en date sera consacrée au centenaire de la guerre 14/18 ; il la bouclera en quatre mois, en travaillant les week-ends et la nuit. La vie de bureau le jour ; celle d’artiste la nuit. Fabio Purino est une sorte de Clark Kent, mais dont les superpouvoirs colorés n’auraient rien de secret.
Godard au générique
Régulièrement, sans tout dévoiler de ce qui anime ses nuits, Fabio poste, sur ses réseaux sociaux, quelques preuves imagées de sa double identité. Il recueille les « like » et les hourras, auxquels il répond par des « merci », et ça lui va comme ça. Jusqu’à ce qu’Etienne Nux, copain entrepreneur et Président de Nancyphile, manifeste son envie de l’exposer. Le défi a son objet, il trouvera rapidement son sujet. Car Fabio accepte la proposition qui lui est faite, voyant dans cette invitation l’occasion de se mettre à la peinture, au grand format, double envie de longue date restée inexplorée.
L’inspiration lui viendra en visionnant Masculin/Féminin, de Godard. Il en adore le titre ; il tombera pour la qualité des dialogues, la « retenue de Jean-Pierre Léaud », la compacité des sujets abordés. De (prometteuses) perspectives qu’il traduira en esquisses, puis en « avatars miniatures » des tableaux à venir. Seule la partie émergée et colorée de ce travail sera visible du 13 au 22 mai au sein de la nouvelle Galerie Victoria : 21 peintures figuratives brillant par leur intensité, leur volupté.
Plus d’infos : Du 13 au 22 mai • Galerie Victoria, 15 bis rue de la Primatiale à Nancy
Entretien avec Fabio Purino
Je travaille le soir et une partie de la nuit, et je découvre au séchage le rendu à la couleur du jour.
Le cinéma est-il votre source principale d’inspiration ?
Tout ce que je fais depuis des années part du cinéma, du cinéma italien, en noir et blanc surtout, et des affiches de film. Et puis je suis tombé sur ce film, Masculin/Féminin, dans lequel Godard traite de différents sujets et notamment des liaisons sentimentales. Je suis parti de ça, d’une ambiance, pour construire l’exposition à venir, en m’inspirant plus largement des films de l’époque, de la nouvelle vague, de l’esthétique et du sens du cadrage d’Antonioni.
C’est la première fois que vous produisez des grands formats…
Effectivement. J’avais envie de le faire depuis longtemps ! Mais je commence toujours par travailler sur une miniature du tableau à venir. Cela me permet d’aller vite, de voir si la composition tient la route, si les couleurs fonctionnent entre elles, si tout est à sa place. Ensuite je passe à plus grand, ce qui implique de changer de taille de pinceau, de libérer le geste, de prendre du recul… C’est un plaisir énorme.
Comment travaillez-vous la couleur ?
Je travaille le soir et une partie de la nuit, et je découvre au séchage le rendu à la couleur du jour. Cela produit sans doute un rapport à la couleur assez particulier. Et puis travailler sur grand format implique de peindre en aplat et de commencer une toile pour la poursuivre le lendemain. C’est une course contre la montre pour ne pas perdre le mélange.
Quel a été le déclic pour accepter d’exposer ?
La rencontre avec Etienne Lux ! Puis Marc Felten et Hervé Malcolm Thomas, mes amis peintres, m’y ont encouragé… Et finalement Olivier Pierson a mis à ma disposition ce tout nouveau lieu qu’est la Galerie Victoria. J’ai de la chance d’être entouré par des personnes bienveillantes.
Photos © Fabio PURINO, DR